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Malak, ...et les autres  - Roman de Omar Kazi Tani. Editions El Qobia, Alger 2024, 243 pages, ?????dinars



Il paraît que ce roman est tiré d'une histoire vraie. Pourquoi pas ? Elle est présentée si simplement, si clairement, si humainement qu'on s'y plonge tout entier sans même nous en apercevoir. L'auteur a voulu et su s'y prendre de la manière la plus pédagogique.

C'est donc l'histoire d'une brillante jeune fille, Malak, (elle deviendra psychologue clinicienne) adoptée par une couple sans enfants, Aïssa et Djouhar. La chose est amplement facilitée par le fait que les parents adoptifs sont de la même famille, des cousins... donc pas de problème de nom, le traumatisme étant moins violent sinon inexistant. A tout cela s'ajoute l'absence de toute contestation de la part des parents biologiques, Salima et Habib (déjà parents de plusieurs autres enfants)... et l'absence de tout contentieux lié à un quelconque héritage comme on en voit, hélas si souvent, dans notre société... et cause principale de bien des drames.

C'est aussi l'histoire de réussites par le travail, l'effort, la connaissance et l'ouverture sur le monde et sur les autres.

C'est, enfin, le bonheur trouvé dans des relations interpersonnelles évoluant de la camaraderie, l'amour réciproque... finissant dans un mariage (avec Rafik) où tout le monde est heureux : les mariés, les parents alliés, les parents adoptifs, les parents biologiques...

Toute une histoire qui ne rencontre, dans son déroulement, aucun problème. Il est vrai qu'elle se passe au sein de famille « nantie », pas trop mais assez pour faciliter la vie aux enfants... qui après les études trouveront facilement du « boulot », grâce... aux parents bien introduits... surtout respectés car respectables et respectueux des valeurs intellectuelles, historiques et même spirituelles de leurs origines

En plus de l'histoire de base du roman, l'auteur, en bon enseignant, en a largement profité (ce qui a quelque peu alourdi ou allongé l'œuvre), pour nous fournir une flopée de détails -très utiles- sur les métiers de psychiatre et de psychologue... d'ingénieur des travaux publics (le père de l'héroïne l'étant)... et même ce médecin militaire.

L'Auteur : Psychopédagogue de formation, écrivain et romancier né à Tlemcen. Ancien cadre de l'Education nationale (plus de quarante années), aujourd'hui retraité, ayant connu l'ensemble des profils de l'enseignant (Chef d'établissement, professeur, conseiller pédagogique, inspecteur de l'enseignement du français, formateur), c'est un amoureux de l'histoire et du patrimoine archéologique du pays. Déjà auteur de plusieurs romans (chez L'Harmattan, Dar el Gharb et les Editions du Net...)

Extraits : « La société a changé, la solidarité et l'entraide se font de plus en plus rares. Le voisin ne mange pas à sa faim quand celui d'en face se complait dans le consumérisme. On ne mange pas, on se bourre, on bouffe et on vit moins bien qu'avant » (p 24), « La classe de terminale était le dernier passage ouvrant sur l'autoroute universitaire. Le dilemme, pour les cours de soutien, l'inquiétude pour les faibles revenus et souvent la cupidité de quelques fonctionnaires spécialisés dans l'overdose des leçons particulières, dans des espaces qui ressemblaient à d'insalubres coins d'apprentissages. Conjugués par quelques « faisant fonction d'enseignants » rodés au paganisme psychopédagogique, la mode des cours particuliers avaient des travers que n'osaient dénoncer tous les parents, tenus en laisse par les divulgateurs de publicité approximative et lucrative » (p79).

Avis - Un roman comme beaucoup de lecteurs aimeraient voir éditer. Ni roman rose, ni roman à suspense, mais un livre qui raconte tout simplement des vies ordinaires de gens ordinaires... et heureux. Un livre et une histoire (d'amour, de respect de soi, du couple, de la famille, du travail...) qui réconcilie avec la vie laquelle, malgré tout, est belle à vivre... en Algérie.

Citations : « A la campagne, on se marie d'abord avec la terre et puis avec les proches » (p16), « Aimer, est-ce ne pas se quitter ? Et les guerriers alors, ils s'absentent longtemps et Ulysse et sa pénélope alors. Oui, aimer, c'est probablement se sentir rassurés ensemble. Oui, cela doit être comme ça « (p 127), « L'adoption n'est ni sacrilège, ni tabou. C'est une décision de courage et de solidarité, un engagement au service du bonheur des enfants et des adultes » (p132), « L'adoption n'est ni un délit, ni de l'indifférence. C'est une main tendue à qui sait la saisir » (p170), « Quand l'élégance épouse le savoir, tous les rêves sont permis » (p178), « Ce qui fait un environnement familial n'est pas sa composition, mais le fait qu'il constitue le noyau à partir duquel nous intégrons le monde » (p180), « La faute est intentionnelle alors que l'erreur n'est qu'une inattention » (p215).



Les femmes vaillantes  - Récits et témoignages de Marie-Claude Radziewsky (Préface par Garbiñe Larrazabal Iturregui, universitaire espagnole) Casbah Editions, Alger 2018, 800 dinars, 284 pages (Fiche de lecture déjà publiée le 28 février 2019. Extraits pour rappel. Fiche complète in www.almanach-dz.com/population/bibliotheque d'almanach)



Messaouda, Anissa, Shasha, Djamila, Dalila, Salima (Souakri),... les Algériennes... et quatre d'origine étrangère.

Dix femmes, dix portraits à travers dix entretiens (souvent commentées) menés par une autre femme (« une femme extraordinaire » et il faut lire son premier ouvrage consacré à sa carrière, un livre édité en Algérie : « Le théâtre de la vie : Mémoires d'une avocate engagée », Ed. Casbah 2015, préfacé alors par Ali Haroun et postfacé par Jacques Vergès déjà présenté dans Médiatic) au parcours lui-même fait d'engagement de combats pour la liberté des autres.

Les dix femmes se racontent et racontent leur bout(s) de vie où se mêlent de la tragédie, mais aussi de l'humour et beaucoup d'humanité. Elles ont réussi à échapper (alors que beaucoup d'autres ont « péri » dans le champ de bataille) à l'ignorance, à l'ignominie, à l'intolérance, au fanatisme religieux, à l'autoritarisme intransigeant et injuste, à la crainte des hommes (le père, le frère, le parent, le voisin... l'autre dont, parfois, la mère...)...

Dix récits, dix expériences toutes douloureuses mais, heureusement, toutes ayant « bien » fini. Avec, certes, en cours de route, des dégâts et laissant des traces, ne serait-ce que psychiquement... Comme l'algèbre qui permet de délimiter le problème mais non de le résoudre, si les résultats ont été positifs concernant l'aide aux victimes, ceux de l'égalité des sexes et, surtout la prévention du machisme et des actes de violence restent encore bien mitigés.

L'Auteure : Née en juillet 1934 à Paris, ayant vécu de 1940 à 1952 à New York. Avocate en 1956 à Paris, elle se consacre à la défense des militants du Fln et à la cause de l'indépendance de l'Algérie. Elle s'établit en Algérie en 1963. D'abord fonctionnaire au ministère de l'Orientation, elle réintègre, à Alger, le corps des avocats. (...)

Extraits : « L'égalité, en matière économique, n'est atteinte dans aucune partie du monde. Le rapport de la Banque mondiale, en 2012, précise que les femmes effectuent les deux tiers du nombre d'heures de travail et produisent plus de la moitié des aliments, alors qu'elles ne gagnent que 10% du revenu total, possèdent moins de 2% des terres, et reçoivent moins de 5% des prêts bancaires. La parité salariale n'existe pas, même en Occident. Selon la Commission européenne, les femmes gagnent en moyenne 17,8% de moins que les hommes, pour un travail équivalent. Le ministère du Travail américain nous apprend que ce pourcentage atteint 20% aux Etats-Unis » (p 42), ... « Les hommes de pouvoir et ceux qui vivent dans l'opulence, sont souvent des personnes difficiles, qui maltraitent psychiquement leur épouse » (p 238), ...

Avis - Des portraits de femmes par une autre femme. Des femmes toutes aussi admirables les unes que les autres. Se lit d'un seul trait (encore qu'il arrive qu'on se laisse « scotcher » par un récit ou un autre selon les expériences personnelles ou les rêves inaboutis), tant on se laisse emporter par des récits simples, émouvants et généreux...

Citations : ... «La réalité est parfois moins difficile à affronter que les songes. Les frayeurs provoquées par les ténèbres... reviennent occasionnellement, inopinément» (p 136),...; « L'espoir de dompter l'impossible et la persévérance sont les moteurs du progrès» (p 284).