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La géopolitique du football

par El-Houari Dilmi

Les accointances du monde du football avec l'argent sale est désormais une triste réalité qui éclabousse du beau monde du sport roi. Alors que le verdict final du scandale de l'affaire du club algérien de l'USMA-RS Berkane (Maroc) n'est pas encore connu, la Fédération espagnole de football, au centre d'une enquête pour corruption, a été placée sous tutelle par le gouvernement, lui-même empêtré dans des scandales retentissants de corruption. Ce «coup de grisou» qui a jeté l'opprobre sur la péninsule Ibérique qui coorganise la Coupe du monde en 2030, intervient simultanément avec un autre scandale, politique celui-là, et qui a pour nom Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol. Poussé à la sortie, entraîné dans sa chute après l'ouverture d'une enquête judiciaire contre son épouse pour «trafic d'influence et corruption».

Toute l'Espagne se retrouve sous le choc alors que le gouvernement de Sanchez est rattrapé par un autre scandale de corruption autour d'un réseau de commissions illégales liées à l'achat de masques durant la pandémie de Covid-19. Pour certains observateurs, le recul du président du gouvernement espagnol est tactique et n'a rien de sincère. Les sulfureuses relations de l'épouse de Sanchez avec le Makhzen marocain risquent de faire remonter à la surface de grosses affaires impliquant d'autres figures aux manettes du gouvernement espagnol. Empêtré dans de sordides scandales autour de l'argent sale, Pedro Sanchez tente de jouer à la «victime» en qualifiant sa poussée à la sortie comme une «opération de harcèlement et de démolition par voie terrestre, maritime et aérienne pour tenter de m'affaiblir politiquement et personnellement en s'attaquant à ma femme».

Le leader socialiste au pouvoir depuis 2018 est loin de bénéficier de la confiance des Espagnols, tant il est connu qu'il est «habile dans les habits d'un prestidigitateur qui sait transmuer avec brio un apparent revers de fortune à son avantage», commente un analyste politique de la presse européenne. Comme quoi, les liens incestueux entre le monde de la politique et le sport roi révèlent à quel point les plus hautes instances du sport international sont loin d'avoir les mains propres.