![]() ![]() ![]() Transport et dignité: Redonner à chaque voyageur le droit de se déplacer dans des conditions humaines
par Salah Lakoues ![]() Aller
au travail ou rentrer chez soi ne devrait jamais être une épreuve d'endurance.
Le transport public, pilier de la vie quotidienne, doit garantir
à chaque citoyen la dignité : des
autocars modernes, climatisés, avec des rotations régulières et logiques. En
repensant son système de mobilité, l'Algérie ne se contente pas d'améliorer les
conditions de transport, elle affirme un choix de société où le respect du
citoyen passe aussi par le confort et la fiabilité de ses déplacements.
Relancer la fabrication d'autocars en Algérie: entre héritage industriel et vision d'avenir L'Algérie a longtemps caressé l'ambition de bâtir une industrie nationale dans le domaine des transports collectifs. Dès les années soixante-dix, à travers la SNVI (Société Nationale des Véhicules Industriels), le pays s'était doté d'une capacité réelle de fabrication d'autocars et de camions, symbole d'un projet industriel souverain. Mais faute de vision stratégique durable et d'adaptation aux normes internationales, cette filière a connu un déclin progressif. Aujourd'hui, dans un contexte marqué par une crise aiguë du transport des voyageurs, l'Algérie dispose d'une occasion unique de renouer avec cette ambition et de la transformer en levier économique structurant. Le président Abdelmadjid Tebboune, conscient de cette urgence, a décidé l'importation de 10 000 autocars neufs pour répondre immédiatement à la demande croissante en matière de mobilité. Cette mesure d'urgence, dictée par l'état du parc national, n'est toutefois qu'une première étape. Le véritable défi consiste à aller au-delà de l'importation pour reconstruire une industrie nationale solide et tournée vers l'avenir. Le constat est clair : l'Algérie dispose aujourd'hui d'un parc de près de 80 000 autocars en circulation, souvent vieillissants, énergivores et inadaptés aux besoins modernes. Le remplacement progressif de ces véhicules représente non seulement une opportunité économique de grande ampleur, mais aussi une garantie de marché à long terme pour une future industrie nationale de fabrication d'autocars. Mieux encore, une fois cette étape de renouvellement atteinte, le pays pourra se tourner vers l'exportation régionale, notamment vers l'Afrique, où la demande en solutions de transport collectif est en forte croissance. Selon les standards internationaux, une usine capable de produire 3 000 autocars par an est rentable et compétitive. L'Algérie, avec sa population, son étendue géographique et sa position stratégique, dispose de tous les atouts pour accueillir une telle capacité industrielle. Un partenariat public-privé avec des investisseurs étrangers spécialisés apparaît comme la solution idoine pour garantir la qualité, le transfert de technologie et l'intégration progressive de la production locale. De plus, l'Algérie dispose déjà d'un patrimoine industriel et d'infrastructures inexploitées qui pourraient accélérer ce processus. Des sites appartenant à des entreprises publiques, tels que les installations de SN Métal à Hassi Ameur, Oran, aujourd'hui en état d'abandon, pourraient être réhabilités et mis à la disposition des investisseurs. Cette réutilisation permettrait de gagner un temps précieux en évitant les longues phases de construction, tout en redonnant vie à des friches industrielles héritées du passé. La relance de la fabrication d'autocars ne doit pas être perçue uniquement comme une réponse technique à une crise de transport. Elle s'inscrit dans une vision plus large de souveraineté économique, de création d'emplois qualifiés et de valorisation du savoir-faire national. Elle constitue également un axe stratégique dans le développement durable, en permettant l'introduction progressive d'autocars électriques ou hybrides, adaptés aux défis du réchauffement climatique et aux impératifs de la transition énergétique. Ainsi, l'Algérie se trouve face à une opportunité historique : transformer une contrainte conjoncturelle en projet structurant. Relancer une industrie nationale de fabrication d'autocars, c'est renouer avec l'esprit pionnier des années soixante-dix, mais avec une approche moderne, intégrée et tournée vers l'exportation. C'est aussi donner corps à l'ambition présidentielle de bâtir une économie diversifiée, moins dépendante des hydrocarbures, et capable de rayonner sur le continent africain. |
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