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Comment la COP30 peut redynamiser l'action en faveur du climat

par Jennifer Morgan*

BERLIN - Difficile d'imaginer un cadre plus adéquat pour la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP30) de cette année. Des délégations du monde entier se réuniront dans la ville équatoriale brésilienne de Belém, au bord de l'Amazonie - en première ligne face à la vulnérabilité climatique. Environ 40 % de la population de la ville vit en dessous du niveau de la mer, et environ 82 % des habitants marchent dans des rues sans ombre.

La chaleur et l'humidité rythme leur quotidien, et la nature assure directement leur existence.

Alors que la COP30 bat son plein, il ne sert toutefois à rien de prétendre que les gouvernements sont à la hauteur de la situation. Le dernier rapport sur les écarts entre les émissions publié par le Programme des Nations unies pour l'environnement montre clairement que sans une action gouvernementale plus forte, nous assisterons inévitablement à une hausse des températures qui entraînera des récoltes désastreuses, une surchauffe des villes, un affaiblissement des économies et une augmentation du nombre de victimes humaines. C'est la réalité à laquelle les décideurs politiques seront confrontés à Belém, et ils devraient ressentir une responsabilité collective pour combler l'écart alarmant entre ce que les pays ont mis sur la table et ce qui est nécessaire de toute urgence. Il ne sera pas facile d'atteindre la sécurité climatique. Reconnaître le chemin parcouru devrait toutefois nourrir l'espoir de pouvoir aller jusqu'au bout. Entre 2005 et 2015, la production d'électricité à partir du pétrole, du gaz et du charbon a couvert 68 % de la croissance de la demande mondiale d'électricité. Entre 2015 et 2025, les énergies renouvelables ont couvert 67 % de l'augmentation de la demande.

En Chine, le président Xi Jinping déclare qu'il souhaite utiliser le 15e plan quinquennal à venir pour «accélérer» la construction d'un nouveau système énergétique et promouvoir le remplacement sûr, fiable et ordonné de l'énergie fossile. En Inde, les énergies renouvelables ont couvert 51,5 % de la demande totale d'électricité en juillet cette année. Dans l'Union européenne, le PIB a augmenté d'environ 68 % entre 1990 et 2023, tandis que les émissions nettes de gaz à effet de serre ont diminué d'environ 37 % selon des données préliminaires.

La baisse des coûts des énergies renouvelables, des véhicules électriques et des batteries de stockage ouvre la voie aux gouvernements, à la société civile et aux dirigeants régionaux et municipaux pour relever le défi de la sécurité climatique. L'alternative - l'apathie et la défaite - n'est pas une option. Que doit-il donc se passer lors de la COP30 ? Tout d'abord, les gouvernements doivent réaffirmer l'accord de Paris et son objectif de maintenir la température moyenne mondiale à moins de 2 °C, et de préférence à moins de 1,5 °C, par rapport au niveau préindustriel. Alors que l'administration Trump s'emploie à freiner la sortie des combustibles fossiles, la confirmation de cet objectif enverra un signal important aux investisseurs et aux planificateurs du monde entier.

Deuxièmement, les gouvernements doivent accélérer la mise en œuvre de ce qui a déjà été convenu. Le Global Stocktake de 2023 à Dubaï a appelé les pays à tripler leur capacité en matière d'énergies renouvelables, à doubler leur efficacité énergétique, à promouvoir une transition équitable vers l'abandon des combustibles fossiles et à mettre fin (puis inverser) la déforestation d'ici à 2030. L'accord sur ces objectifs a été obtenu de haute lutte; il faut maintenant les poursuivre avec la rapidité et l'ampleur nécessaires. Comme l'a suggéré le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva au premier jour de la COP30, les gouvernements pourraient créer une feuille de route détaillant les différentes trajectoires d'une transition équitable vers l'abandon des combustibles fossiles, ce qui nécessiterait un accord sur ce qu'une transition équitable doit inclure. Ils pourraient compléter cette feuille de route par des initiatives visant à surmonter les obstacles aux énergies renouvelables, telles que des engagements à investir dans les réseaux électriques et le stockage des batteries. Une approche similaire pourrait permettre d'atteindre l'objectif de zéro déforestation d'ici à 2030.

En tant qu'hôte de la COP30, le gouvernement brésilien appelle déjà à ce que le sommet «accélère la mise en œuvre du bilan mondial ». Il faut transformer ce mot d'ordre en avancées tangibles en adoptant un plan d'action tourné vers l'avenir qui identifie les voies, les politiques et les mesures de soutien nécessaires pour combler l'écart par rapport à l'objectif de 1,5 °C fixé par l'accord de Paris.

Redoubler d'efforts ne consiste pas seulement à accélérer les progrès là où ils sont à la traîne ; il s'agit aussi de tirer parti du rythme de la transformation qui est en cours - et qui crée des emplois et de la croissance économique - dans de nombreux endroits. Les progrès réalisés ces dernières années sont indéniables : les énergies éolienne et solaire ont plus que triplé depuis 2015 et les VE sont passés de moins de 1 % à l'époque à plus de 20 % aujourd'hui.

Troisièmement, les pays doivent montrer comment ils entendent aligner les mesures qu'ils prennent aujourd'hui sur ce qui est nécessaire pour parvenir à des émissions nettes nulles. C'est un point essentiel car plusieurs pays ont récemment proposé de nouveaux engagements en matière de climat qui semblent ne pas être en mesure d'atteindre leurs propres objectifs d'émissions nettes zéro que ce soit d'ici 2050 ou plus tard.

Bien entendu, l'accès au financement et à l'investissement reste essentiel pour permettre aux pays en développement de décarboner leurs activités et de renforcer leur résilience au changement climatique. La COP30 peut faire de réels progrès en obtenant des engagements pour mobiliser davantage de ressources pour les pays vulnérables afin de les aider à s'adapter à l'élévation du niveau des mers, aux fortes tempêtes, aux vagues de chaleur prolongées et aux autres conséquences du changement climatique.

Les hôtes brésiliens ont établi un programme ambitieux, mais le test décisif sera de savoir si le monde prend des mesures pour combler le fossé grandissant qui nous sépare de l'objectif de 1,5 °C. Pour Lula, une victoire consoliderait son héritage en tant que défenseur des populations du monde entier qui risquent de souffrir le plus en cas d'échec.



*Ancienne secrétaire d'État allemande et envoyée spéciale pour l'action climatique internationale - Est une ancienne directrice exécutive internationale de Greenpeace International.