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Les travaux pratiques à l’université : le ministère de l’enseignement supérieur peut mieux faire : L’importance des travaux pratiques

par Abbes Mizane*

Les travaux pratiques (TP) sont une forme d’apprentissage incontournable dans l’enseignement des sciences expérimentales telles que la chimie, la physique, la biologie et la biochimie. Ils permettent d’appliquer concrètement les connaissances théoriques vues en cours, d’améliorer la compréhension des concepts, de développer des compétences pratiques et expérimentales, et de favoriser le travail collaboratif. Ils sont également un pont entre la théorie et la réalité du monde professionnel, permettant aux étudiants de manipuler des outils et d’observer des phénomènes directement. Les carences dans l’assimilation des cours magistraux proviennent souvent d’un manque de travaux pratiques (TP).

Le nombre de Travaux Pratiques en licence de chimie analytique varie selon les universités, mais il se situe généralement entre 6 et 15 par an, en fonction du niveau et des spécialisations. Pour un tronc commun en Sciences de la Matière (SM), en Sciences et Technologie (ST), et en Sciences de la Nature et de la Vie de (SNV) un minimum de quatre TP par semestre est requis. En principe les TP devraient être réalisés en petits groupes de 16 étudiants maximum, ce qui permet une meilleure interaction et un encadrement de qualité.

Qu’en est-il en réalité ? Cet objectif est loin d’être atteint. Pour preuve, lors de la préparation de l’implémentation de l’Assurance Qualité dans l’Enseignement Supérieur (CIAQES), cette faiblesse est nettement signalée. En effet, les ateliers SWOT : Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats ou AFOM (Atouts – Faiblesses – Opportunités – Menaces) auxquels j’ai participé ont montrés que la non réalisation de tous les TP constitue non seulement une faiblesse mais également une menace pour la qualité de l’enseignement. La réalisation de tous les TP reste donc un défi pour l’université algérienne.

Principales causes

La principale cause est le manque de moyens (réactifs, verrerie, matériel, etc.), mais pas seulement, car le manque d’une gestion efficace est aussi responsable de cette défaillance. Il y a souvent une abondance dans certains produits et un manque dans d’autres. En plus, Il est également fréquent de constater un dépassement de la date de péremption de certains réactifs ; ce qui constitue une perte non négligeable vue la cherté de certains produits.

Une autre insuffisance mais de moindre importance : la programmation des TP. Celle-ci ne tiens pas souvent compte de la progression des cours magistraux car ils ne sont pas effectués juste après la fin d’un chapitre mais beaucoup plus tard.

Les maitres assistants responsable des TP manquent également d’une formation spécifique et rares sont ceux qui maitrisent les règles de sécurité. Nous avons constatés que la plupart d’entre eux ignorent même l’existence dune FDS (La fiche de données de sécurité) pour les produits chimiques.

Des budgets alloués aux TP sont des fois aléatoires et ne tiennent pas compte de la réalité des laboratoires car les appels d’offre prennent beaucoup de temps. Souvent, les chefs de département sont pris par le temps et par des contraintes financières

Solutions envisagées

Nous proposons ici des suggestions qui, à notre avis, pourraient améliorer la gestion des ressources financières attribuées à la réalisation des TP. La principale suggestion est la création au MESRS d’une direction chargée des TP et des départements pour chaque discipline ainsi que des commissions et antennes régionales d’évaluation et de suivi des TP. Cette direction aura son propre budget quelle devrait gérer par le biais d’un logiciel pour éviter toute lenteur bureaucratique.

Dans un premiers temps, un inventaire qualitatif et quantitatif de tous les consommables doit être réalisé afin d’estimer les coûts dans chaque discipline. A titre d’exemple les réactifs couramment utilisés en travaux pratiques de chimie de tronc commun incluent des acides (nitrique, chlorhydrique, sulfurique), des bases (soude, ammoniac), des sels (sulfate de cuivre, chlorure de fer) et des indicateurs (solution de thiocyanate de potassium). D’autres réactifs essentiels peuvent être nécessaires tels que l’éthanol, le méthanol, etc.

Nombre de ces réactifs sont réactifs sont produits par des entreprises algériennes, notamment les établissements public industriel et commercial (EPIC). A Titre d’exemple, nous savons que l’entreprise publique ASMIDAL fabrique de l’acide nitrique et SONATRACH fabrique du méthanol et d’autres solvants. Autre exemple : l’Entreprise Nationale des Verres et Abrasifs par abréviation (ENAVA) peut fournir de la verrerie de laboratoire à travers sa filiale SOMIVER. L’entreprise publique ENIE pourrait aisément fabriquer des pH-mètres ainsi que d’autres matériels de mesure.

L’importation de ces produits et matériels est inévitable, mais il ne devrait pas être systématique.

Suivre l’exemple du ministère de la défense nationale

Autrefois, tous les ministères importent, au moyen de devises fortes, des véhicules de différentes marques réduisant considérablement nos réserves de change sans citer les problèmes liés aux importations des pièces de rechange pour ces véhicules. Actuellement, des sociétés telles que la Société Algérienne pour la Fabrication de Véhicules de marque Mercedes-Benz (SAFAV-MB) et la Société Algérienne de Production de Poids Lourds Mercedes-Benz (SAPPL), produisent des véhicules utilitaires et tout-terrain pour divers clients, y compris les forces armées.

En plus de la qualité et de la robustesse de ces véhicules, la facture est considérablement allégée. Moralité : quand on veut, on peut.

Rappelons que dans les années soixante-dix la société SNLB (société nationale du liège et du bois) fournissait des tables et des chaises pour tous les secteurs de l’enseignement. Il ne s’agit pas là du retour au socialisme d’antan mais de réalisme économique qui va dans le sens de la rationalité.

*Professeur