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Avec l'arrivée des pluies: Ghaza face à une nouvelle catastrophe

par Mohamed Mehdi

Vendredi, 36e jour du cessez-le-feu, Israël continue de violer unilatéralement l'accord de Charm Al-Cheikh, en poursuivant ses attaques meurtrières contre les civils de Ghaza et en ne respectant pas le volet des aides humanitaires préconisé par le «plan de paix», et ce en total accord avec l'administration Trump. Dans son rapport statistique de jeudi dernier, le ministère de la Santé a fait état de 2 martyrs, d'un corps retiré sous les décombres et une nouvelle victime des tirs israéliens, ainsi que 5 blessés durant les précédentes 24 heures (mercredi).

Ce nouveau bilan quotidien porte le nombre de victimes des attaques israéliennes, depuis l'accord de cessez-le-feu du 11 octobre 2025, à 260 martyrs et 632 blessés, ainsi que 533 corps retirés des décombres. Le bilan global des victimes depuis le début du génocide israélien à Ghaza passe ainsi à 69.187 martyrs et 170.703 blessés, ajoute le nouveau rapport statistique. Concernant le cessez-le-feu, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé, mercredi, au strict respect de l'accord qu'il a qualifié de «fragile» et «peu respecté» par l'entité sioniste, appelant à ouvrir la voie à la mise en place d'une solution à deux Etats, a rapporté l'APS.

« Le cessez-le-feu à Ghaza est fragile, il est régulièrement violé. Et j'en appelle fortement à ce qu'il soit pleinement respecté afin d'ouvrir la voie à la mise en place d'une solution à deux Etats », a déclaré mercredi Guterres, lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York, ajoute la même source.

Guterres a souligné que les opérations humanitaires à Ghaza se poursuivaient malgré de nombreux obstacles, ajoutant que « les agences onusiennes augmenteront considérablement leur aide humanitaire à Ghaza, même si certaines difficultés persistent ».

Ghaza noyée aux premières pluies

Ce que redoutaient les habitants de Ghaza est arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi où de fortes pluies ont été enregistrées faisant redouter le pire dans le cas d'un hiver rigoureux et le blocage persistant des aides et d'abris par Israël. Les habitants de Ghaza affrontent l'entrée de l'hiver sous des tentes usagées qui les protègent très mal du froid glacial et du vent, après la destruction de leurs maisons par Israël durant les deux années de génocide. Mahmoud Basal, porte-parole de la Protection civile de Ghaza, a déclaré à Al Jazeera que l'enclave « a besoin d'au moins 450.000 tentes pour abriter les personnes déplacées », ajoutant que des « milliers de tentes ont été inondées par les pluies » rendant la situation humanitaire davantage invivable. La Protection civile a appelé à la coopération et à la solidarité entre les habitants « pour sécuriser les tentes et de les entourer de barrières de sable chaque fois que cela est possible afin d'empêcher les inondations ».

L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a confirmé, jeudi, que 282.000 maisons ont été détruites ou endommagées par les bombardements israéliens à Ghaza. Le maire de Khan Younes a, lui, tiré la sonnette d'alarme sur la destruction de l'écosystème végétal qui a été « systématiquement et délibérément détruit », par les bombardements, « y compris la végétation, dont 90% a disparu ». Le même responsable a également souligné les risques environnementaux dus à l'accumulation des déchets. « Nous sommes confrontés à une véritable catastrophe qui entraînera la propagation de maladies et d'épidémies », a-t-il déclaré à Al Jazeera. Pour sa part, le vice-président de l'Union des municipalités de Ghaza, Alaa al-Batta, a fait état de « 700.000 tonnes de déchets s'accumulent dans différentes zones de l'enclave », ajoutant que durant l'agression l'occupation a détruit quelques 700 puits d'eau potable, ce qui a fait passer la ration quotidienne d'eau par habitant de 90 à 15 litres ». « Les municipalités de Ghaza sont incapables de fournir même les services essentiels les plus élémentaires en raison des pénuries de carburant et d'équipements nécessaires », a-t-il ajouté.

Cisjordanie occupée: Assassinats, déplacement de population et destructions d'habitations

De son côté, concernant la situation en Cisjordanie occupée, le Bureau des Nations Unies aux droits de l'homme a déclaré que le déplacement permanent de Palestiniens dans les territoires occupés constitue un crime de guerre, estimant que « la revendication de souveraineté du gouvernement israélien sur la Cisjordanie occupée et l'annexion de certaines parties de celle-ci violent le droit international», a rapporté Al Jazeera.

Pour sa part, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a appelé à mettre fin aux attaques contre les Palestiniens et leurs biens et à ce que les auteurs de ces attaques soient tenus responsables de leurs actes et à mettre en œuvre le droit du peuple palestinien à l'autodétermination. Il a, par ailleurs, souligné que « toute nouvelle activité de colonisation doit cesser et tous les colons doivent être évacués des territoires occupés. »

Selon des chiffres rapportés par Al Jazeera, citant les Nations Unies, depuis le début de l'année en cours, « plus de 1500 Palestiniens de Cisjordanie occupée ont été déplacés et leurs maisons démolies sous prétexte d'absence de permis de construire », ajoutant que « des images satellites récentes montrent la destruction totale ou partielle d'environ 1460 habitations dans les camps de réfugiés de Jénine, Nur Shams et Tulkarem ». L'ONU a indiqué que l'occupation israélienne a forcé une famille palestinienne de six personnes à quitter son domicile dans le village de Khirbet Abou Falah, près de Ramallah, après que des colons ont incendié leur maison.

Par ailleurs, en une semaine, pas moins de « 30 Palestiniens, dont quatre enfants, ont été blessés en Cisjordanie lors d'attaques perpétrées par des colons israéliens », affirme encore l'ONU, notant qu'entre le 4 et le 10 novembre, les forces israéliennes ont tué quatre Palestiniens, dont trois enfants, portant à 45 le nombre total d'enfants tués par l'occupation depuis le début de 2025.