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L'enquête transmise au parquet russe : Le mystère de l'Arctic Sea demeure entier

par Amine L.

L'enquête ouverte en Russie officiellement sur «l'acte de piraterie dont a été victime le cargo Arctic Sea durant l'été 2009» est close et a été transmise au parquet général russe, rapporte l'agence Interfax qui citait, hier, le porte-parole du comité d'enquête, Vladimir Markine.

 «Le parquet général de Russie établira les chefs d'accusation à l'encontre de six pirates présumés, a indiqué M. Markine.

Deux autres pirates, Andreï Lounev et Dmitri Savins, ont déjà été condamnés par un tribunal russe respectivement à cinq et sept ans de prison après avoir été reconnus coupables d'acte de piraterie.

Selon l'agence Ria Novosti, qui citait des aveux de Dmitri Savins, c'est Eerik-Niiles Kross, un Estonien, qui a commandité la capture de l'Arctic Sea conjointement avec un entrepreneur allemand d'origine russe, Sergueï Demtchenko.

 Alors qu'il était censé arriver le 4 août 2009 à Béjaïa, l'Artic Sea n'est arrivé que le 14 novembre de la même année à bon port. La cargaison qu'il transportait, 3000 tonnes de lattes de bois, avait été déchargée une semaine plus tard. La cargaison d'une valeur estimée à 1,2 million d'euros, a été commandée par trois importateurs algériens. Une fois accosté au port de Béjaïa, le vraquier avait subi un contrôle drastique. Aucune cargaison suspecte n'a été trouvée à son bord. Le vraquier battant pavillon maltais avait été affrété, depuis le port finlandais de Pietarsaari, par l'armateur Solchart Management Ltd, une société russe basée à Helsinki. Disparu dans l'océan Atlantique pendant un mois, le vraquier ne transportait aucune substance radioactive contrairement à ce qu'avaient supposé certaines sources citées par les médias. Le navire, détourné en juillet au large de la Suède, sur l'une des routes maritimes les plus fréquentées du monde, avait été intercepté en août par la Marine russe. Quinze marins se trouvaient à bord du bateau lorsqu'il a été détourné, provoquant un feuilleton d'ampleur internationale, avant d'être libéré par la flotte russe au large du Cap-Vert. Les autorités maritimes maltaises avaient ouvert une enquête criminelle. L'Autorité finlandaise de sécurité nucléaire (Stuk) a démenti une rumeur selon laquelle un chargement «secret» de matière radioactive était à bord du cargo. A Helsinki, le Bureau national d'enquêtes de la police finlandaise a coordonné et a centralisé les investigations sans parvenir à élucider l'affaire. Interpol, l'organisme international de coopération policière s'est lui aussi mis de la partie à la recherche du navire avant que le président russe Dmitri Medvedev ne se saisisse de l'affaire. L'acte de piraterie dans les eaux suédoises, thèse officielle des autorités russes, est contesté par des experts maritimes qui doutent que la lumière soit faite un jour sur la cargaison du vraquier. L'équipage avait affirmé que les ravisseurs qui l'avaient attaqué dans les eaux suédoises, demandaient une rançon et menaçaient de faire exploser le vaisseau si l'on n'obéissait pas à leurs ordres.

 Les autorités russes n'ont toujours pas donné d'explications claires sur les raisons du détournement, mais elles ont démenti que le bateau transportait autre chose que sa cargaison officielle, du bois. Plusieurs médias ont laissé entendre qu'il contenait des missiles anti-aériens ultra sophistiqués S-300 destinés à l'Iran. Cela dit, beaucoup de questions restent pour l'instant sans réponse et le mystère reste entier autour de ce vraquier.