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Conseil de sécurité: un verre à moitié plein et à moitié vide

par Kharroubi Habib

La France n'a pu empêcher que le Conseil de sécurité de l'ONU consacre une réunion sur les évènements tragiques survenus au Sahara Occidental suite à l'assaut militaire marocain contre le camp de Gdem Izik et la répression féroce ont est victime la population sahraouie. Elle est par contre parvenue à bloquer la condamnation par cette instance des agissements du Makhzen et de ses forces répressives.

 Le Conseil de sécurité a néanmoins fait savoir «qu'il déplore la violence qui a eu lieu lors des évènements de la semaine passée dans les camps sahraouis». L'instance onusienne ne pouvait faire plus en raison de l'opposition de la France, membre permanent et détentrice du droit de veto.

 Ce dont a pris acte le Polisario qui, par la voix de son représentant à l'ONU, Ahmed Boukhari, a déclaré que les résultats de la réunion du Conseil de sécurité «s'assimilent au verre à moitié plein et à moitié vide». «Le verre à moitié plein» étant le fait que le Conseil de sécurité ait consacré une réunion aux évènements qui se déroulent à El-Ayoun. Ce qui signifie que la communauté internationale est pleinement consciente de leur gravité. «Le verre à moitié vide» est qu'il a été empêché de les condamner et de mettre le Maroc au ban des accusés.

 La position du Conseil de sécurité encourage en finalité le Maroc et ses soutiens à persévérer dans le statu quo sur le dossier sahraoui. Ce que les patriotes sahraouis ne veulent accepter indéfiniment au regard des souffrances indicibles que cette situation inflige à leur peuple.

 Ils l'ont fait savoir à l'instance onusienne par l'intermédiaire d'une lettre à son président que lui a adressée le représentant à l'ONU du Polisario, dans laquelle il a été souligné que «l'effusion de sang récente au Sahara Occidental met en évidence la situation injuste d'un peuple contraint de se battre pour le droit légitime à l'autodétermination depuis plus de 35 ans, avec la promesse non tenue d'un référendum approuvé par le Conseil de sécurité en 1991", et que, de ce fait, à l'heure actuelle, le processus de l'ONU n'est qu'un camouflage pour une occupation sans fin, situation qui est une honte internationale».

 Du moment que le Conseil de sécurité est bloqué sur la question du Sahara Occidental par les manœuvres paralysantes de la France, acquise au dessein du Maroc sur ce territoire, le peuple sahraoui et ses militants indépendantistes ont toute légitimité d'envisager de faire bouger les lignes qui ont fait se complaire l'ONU du «statu quo» en vigueur.

 Pendant un temps toutefois, et pour preuve de la confiance et du respect qu'ils ont à l'égard de la communauté internationale représentée par les Nations unies, ils vont encore privilégier la voie pacifique en continuant sur la voie du dialogue avec le Maroc ouvert sous les auspices de l'ONU. Comme ils continueront encore un temps à interpeller cette ONU pour qu'elle assume ses responsabilités de protection du peuple sahraoui contre l'oppression dont il est victime.

 Ce qui s'est passé à El-Ayoun, et qui n'est rien moins qu'un soulèvement populaire contre l'occupation et l'oppression marocaines, est un message fort du peuple sahraoui destiné à faire comprendre au monde entier que sa patience et sa passivité ne sont pas sans limite.

 C'est aussi le message aux Nations unies auxquelles il est demandé d'en finir avec la situation de statu quo en accélérant le processus de décolonisation à travers l'organisation au plus rapide d'un référendum d'autodétermination.

 C'est enfin un message adressé au Front Polisario lui-même par le peuple sahraoui, lui exprimant son adhésion à la cause indépendantiste et l'encourageant à recourir à toute forme de lutte pour faire triompher celle-ci.