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SCANDALEUX ARRANGEMENTS

par M. Saâdoune

M. Barack Obama et Mme Hillary Clinton sont-ils à ce point cer tains de leur capacité à faire accepter n'importe quoi à Mahmoud Abbas et ses «négociateurs», au point d'offrir tout simplement un droit à la colonisation de Jérusalem aux Israéliens ?

 «L'offre» que fait l'administration américaine au gouvernement israélien en contrepartie d'une suspension de «90 jours» de la colonisation en Cisjordanie - Jérusalem non concernée - est une insulte franche à l'intelligence. L'administration Obama, définitivement soumise aux désirs de l'AIPAC, est en train de pousser jusqu'à l'extrême limite ses pressions sur une Autorité palestinienne qui s'est largement affaiblie en mettant en œuvre une politique consistant à suivre jusqu'au bout l'administration américaine.

 Voilà qu'elle arrive au bout de cette politique. Désormais, Barack Obama et Hillary Clinton n'hésitent plus à lui demander de trahir la cause palestinienne et d'abandonner les fondamentaux consacrés par la légalité internationale. Après les engagements américains en direction d'Israël, il ne reste plus à l'Autorité palestinienne, à moins de trahir, que de dire non et mille fois non ! Aucune réponse équivoque ne peut être acceptée.

 Il faut dire non à des fausses négociations et à une fausse suspension de la colonisation, qui donne l'onction américaine à la colonisation à outrance de Jérusalem et qui interdit de soulever la question du retour des réfugiés. Cela signifie qu'avant même la négociation, Israël aura tout pris. Que restera-t-il à négocier au cas où M. Abbas et ses collaborateurs auraient l'idée, au nom du «réalisme», de ne pas rejeter la proposition américaine ? Rien, absolument rien ! Ou plutôt une nouvelle guerre contre les Palestiniens - pas seulement islamistes - qui ne peuvent raisonnablement accepter les propositions américaines.

 Barack Obama, encore plus décevant que ne l'imaginaient les plus sceptiques, et Hillary Clinton, pro-sioniste de conviction, n'ont rien à proposer aux Palestiniens. Ils leur demandent de poursuivre l'insupportable comédie de la fausse négociation en contrepartie d'une vraie abdication, d'un renoncement à l'objectif minimal de l'Etat palestinien sur les frontières d'avant juin 1967, pour lequel tant de Palestiniens se sont sacrifiés.

 Les «éternels négociateurs» palestiniens - dont la compétence avait été fortement mise en doute par feu Edward Saïd - ont habitué les Américains à tout accepter. Désormais à Washington, on pense qu'on peut leur demander, ouvertement, d'abandonner Jérusalem à Netanyahu et d'enterrer toutes les résolutions des Nations unies sur le conflit et sur le droit au retour.

 Ces «réalistes» sont tellement soucieux de faire «tout» pour plaire aux Américains que ces derniers ont décidé que le moment est venu de leur demander de tout céder.

 Il ne faut pas se détromper : les engagements de l'administration Obama en direction d'Israël en contrepartie d'une suspension de courte durée des colonisations portent sur des questions fondamentales. Israël obtient gain de cause comme «préalable» à la reprise des négociations. Que laisse Obama à Abbas ? Accepter un diktat ? Mener une guerre à d'autres Palestiniens à cause d'une fausse solution et au nom d'un «réalisme» qui, plus que jamais, frôle la trahison ?

 On n'ose pas croire que Abbas et ses collaborateurs puissent accepter les honteux arrangements que Washington est en train d'établir sur le dos des Palestiniens. On ne peut croire qu'ils soient devenus aveugles à ce point.