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Egypte - Algérie : Des livres pour adoucir les esprits

par Oualid Ammar

Des intellectuels égyptiens, conduits par le Dr Khaled Azab, entreprennent de jeter un pont de livres avec l'Algérie pour essayer de renouer, dans la sérénité, avec leurs homologues algériens, et contribuer ainsi au réchauffement des relations bilatérales.

Une initiative qui répond, en quelque sorte, à celle qui avait été menée par un groupe d'intellectuels, de journalistes et de citoyens algériens de tous bords, pour protester contre le non invitation officielle de l'Egypte au dernier Salon international du livre d'Alger (SILA).

Des intellectuels égyptiens ont réuni 2.000 livres qu'ils entendent offrir à leurs homologues algériens afin d'essayer de «casser la glace qui caractérise les relations entre les deux pays depuis les péripéties des éliminatoires de la Coupe d'Afrique et de la Coupe du monde durant l'automne 2009». «Campagne de mille livres d'Egypte à l'Algérie» est l'intitulé initial de cette démarche qui a, entre autres, trouvé comme support Facebook où elle aurait eu un grand succès suscitant l'engagement de nombreux Egyptiens à offrir des livres.

Dans cet esprit, le directeur du site «El Ouma online», le chroniqueur Khaled Zaghloul a fait don de 500 livres, tandis que le professeur à la Faculté des arts à l'Université d'Alexandrie, le Dr. Zachariah Anani a puisé 200 livres de sa bibliothèque personnelle pour les intégrer dans cette campagne destinée à rapprocher les deux pays.

Le coordinateur général de cette campagne, le Dr Khaled Azab et un groupe d'intellectuels ont prévu de se réunir dans la bibliothèque d'Alexandrie après l'Aïd El Adha pour discuter du développement de cette campagne, en reconnaissance «au pays du million de martyrs et à son peuple historique». Les initiateurs de ce projet veulent également instaurer une journée de la Culture algérienne. Il faut indiquer que cette campagne pro-algérienne est notamment animée par le Dr Khaled Azab, l'écrivain Belal Fadl, le Dr Ammar Ali Hassan, le Dr. Fathi Abu Aianp, le Dr Zakaria Anani, le Dr Mohamed Gamal, le Dr Mohamed Afifi, le Dr Hatem El Tahawi et le chercheur Sameh Fawzi, le chroniqueur Khaled Zaghloul et le chroniqueur, Ayman El-Sherbini.

Une logique de réciprocité positive

On peut considérer qu'elle est une réponse à la démarche engagée en août 2010, à l'initiative de Ahmed Bensaada, par un groupe d'intellectuels, de journalistes et de citoyens algériens de tous bords pour protester contre l'interdiction de la participation de l'Egypte au Salon international du livre d'Alger, sous divers prétextes, dont l'affaire des «péripéties footballistiques».

Les très nombreux signataires du texte à l'appui de cette protestation se démarquaient «de cette honteuse décision» et appelaient «à dénoncer le chauvinisme dont font preuve certains responsables du secteur de la Culture, tant ce sentiment exprime des dérives politiques en complète contradiction avec les intérêts supérieurs de notre peuple dont le seul ennemi doit être le sous-développement sous toutes ses formes». Ils appelaient également «à demander aux autorités concernées (algériennes ndlr) par ce scandale d'y mettre un terme en levant l'interdiction faite aux livres égyptiens afin de leur permettre d'être découverts, lus et appréciés par les lecteurs algériens».

On sait, hélas, que la situation ne s'est pas débloquée. Aujourd'hui, donc, du côté égyptien, on bouge. Interrogé à ce propos, le Dr Ahmed Bensaada, animateur du mouvement d'août dernier, trouve que l'attitude égyptienne «intéressante et positive, même si elle est un peu tardive». Ahmed Bensaada «aurait aimé que les intellectuels égyptiens nous épaulent dans notre action durant le mois d'août, en critiquant leurs responsables?.». Il espère que «ce geste de bonne volonté sera une pierre de plus dans la reconstruction des bonnes relations historiques entre les deux peuples».

Il reste à savoir comment sera perçue cette initiative par les opinions des deux pays. Côté égyptien, quelques voix se sont élevées pour dire, en substance, qu'il ne fallait pas «après avoir reçu une gifle, tendre l'autre joue». Côté algérien, il est à craindre que ces dons de livres ne soient pris au premier degré.