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Quelques épis
vides ne pourront jamais à eux seuls certifier que la récolte sera mauvaise.
(Proverbe Constantinois)
Et c'est reparti pour d?infinis tours de piste en donnant du grain à moudre aux meuniers xénophobes et aux industriels de la rancœur pour la consécration d'un racisme costaud, encore inédit. Les attentats de Paris qui ne manqueront pas de pourrir la vie à la communauté musulmane en Europe, particulièrement en France, pendant les mois à venir constituent pour les artisans de la haine une occasion à bonifier et à essorer jusqu'à la déchirure. Il est vrai qu'on ne dispose pas tous les jours d'une aussi belle occasion, d'un aussi beau prétexte pour cracher son venin. Alors, lorsqu'une fenêtre de tir s'ouvre, il faut s'y engager corps et âme pour y mordre à plein dents, peut être qu'une telle fortune qui permet d'assouvir tous les ressentiments longtemps enfouis, ne se reproduira pas de sitôt. Aujourd'hui que papy LEPEN, Docteur es-torture après avoir bien préparé le terreau en toute quiétude pendant cinq décennies durant, a été rangé dans le placard à souvenirs, le témoin est repris par d'autres personnalités politique beaucoup plus softs et présentables mais autrement plus visibles et assassines. Des V.I.P. très hauts gradés, tout frais sortis de l'Académie de la Haine, accompagnés de «brillants» Diplômés de l'E.H.E.I.G. (Ecole des Hautes Etudes de l'Invective et de la Gégène verbale) et de plusieurs As du tir de précision. Un plat très prisé, consistant, sentant le cumin et le safran leur est servi aujourd'hui par des illuminés à la cervelle inachevée, mal conçue et difforme, issus de la communauté musulmane certes, mais qui n'ont d'humain que leur inutile apparence. Pour l'instant c'est l'émotion qui prévaut et qui sature l'ambiance. Il va falloir d'abord laisser retomber les colères et les réminiscences pour se pencher ensuite sur le véritable sens des actes et fouiller minutieusement dans les faits afin d'en mesurer les conséquences inéluctables qui impacteront, qu'on le veuille ou non, les rapports de la société française à la communauté musulmane établie sur son sol et qui ne demande qu'à vivre, travailler et mourir en paix. La tentation est trop forte pour les spécialistes du ressentiment et de la stigmatisation pour ne pas se livrer à la surenchère commode afin d'engranger les dividendes électoraux qui s'offrent à eux, telle une aubaine. Si le président François HOLLANDE a réagi avec justesse en réclamant l'Union Nationale et déclarer la guerre à cette hydre aux mille facettes en initiant les mesures qui s'imposent, d'autres personnalités politiques, animées par le désir de reconquête du pouvoir et mues par une mentalité revancharde symptomatique et contagieuse, ont eu une position on ne peut plus douteuse. Saisissant l'occasion en usant d'un opportunisme grappillé au rayon bas de gamme du discount du coin, ils ont réclamé de suite au pouvoir en place «une inflexion majeure des politiques extérieur et intérieur de la France», s'interrogeant hypocritement sur le comment que de tels actes soient possibles aujourd'hui en France, oubliant à escient de titiller un tant soit peu le POURQUOI ? Cette omission ne peut pas être innocente et provoque volontairement une fissure dans le front républicain nécessaire en cet instant précis pour combattre la bête immonde et souder la Nation! La représentante de la Droite Dure, qui a le vent en poupe, dans sa dynamique des régionales de décembre 2015 avec en ligne de mire les présidentielles de 2017, comme à son habitude, s'est saisie de l'aubaine pour enfoncer un peu plus le clou et caresser ses partisans dans le sens du poil. Suspendue par ses dents à ses thèmes de prédilection favoris, elle prône toujours le « rétablissement définitifs des frontières », « la fermeture des mosquées supposées radicales»( ?), « l'expulsion des clandestins », « la déchéance de la nationalité pour les binationaux ». Bref, elle expose dans son musé aux horreurs son arsenal de guerre anti-étrangers dans toute sa splendeur qu'elle utilisera sans aucun état d'âme, si un jour elle venait à être installée au sommet de l'Etat. C'est à se demander sérieusement, pour son malheur, si tous les étrangers venaient à quitter un jour la France, lui resterait-il encore une seule raison pour faire de la politique, une seule raison pour se maintenir en vie ? Sans eux, il est d'évidence qu'elle s?étouffera par absence de son oxygène ! Ensuite, une fois l'effet de surprise passé, une bonne partie de la classe politique encore fréquentable mais toujours en panne d'idées et de solutions adéquates pour l'amélioration du quotidien des français, est partie en rang serré faire ses emplettes, sans honte ni retenue, à la foire aux idées de l'extrême droite, qui ne demandait pas tant. Ces politicards qui se veulent respectables sont surtout revenue avec dans leur besace, une panoplie de propositions dont la plus en vue est cette arme létale qui serait la déchéance de la nationalité française. Ce principe qui est somme toute dérisoire, car ne pouvant être utilisé que dans de rares circonstance reste cependant hautement symbolique. Son adoption ne vise en réalité qu'une seule et unique communauté et il est d'évidence qu'il constitue bien plus une réponse à vif aux résultats de sondages initiés dans la précipitation qu'à servir pour lutter efficacement contre la terreur et ses promoteurs. Le plus cruel c'est que les dégâts qu'il est susceptible de provoquer dans l'opinion publique auront des conséquences désastreuses pour la cohésion du pays et la communauté ciblée. D'autres voix connues ou anonymes se sont par ailleurs levées ça et là pour demander aux musulmans de France de marquer leur positionnement par rapport aux attentats, comme si la condamnation n'allait pas de soi pour tout esprit sain quelque soit sa croyance. Ceci est devenu un reflexe récurent ces dernières années que de demander à tous les musulmans de France de se déculpabiliser par l'excuse et les soubrettes dès qu'un illuminé au nom peu orthodoxe, s'adonne au deal, se radicalise ou passe au stade élevé du terrorisme, provoquant des dégâts spectaculaires et traumatisants. Qui d'autres que les haineux osent encore croire que les français de confession musulmane qui comptent parmi les premières victimes du terrorisme, cautionnent, soutiennent ou défendent une telle entreprise exécutée de sang-froid par des lobotomisés qu'on aura énormément de mal à définir comme musulmans et à classer tout simplement parmi les humains. On passe très vite par perte et profits le fait que la bête ne choisit pas ses victimes et assassine en masse également les musulmans : d'abord en Algérie durant la décennie quatre vingt dix et aujourd'hui en Irak, en Turquie, au Liban, au Nigéria, en Libye, en Egypte ou en Syrie. Les premières victimes de DAESH, d'EL QAYDA, des GIA, de BOKO HARAM et autres groupes terroristes étaient avant tout musulmanes. Malheureusement, leurs exécutions n'affectent que les leurs et traversent rarement les frontières pour qu'ont leur réserve au titre de la solidarité humaine une simple minute de silence, rien qu'un instant de recueillement. Hier encore à Paris, deux algériens, Djamila HOUD (41 ans, employée dans le prêt à porter) et Kheireddine Sahbi (29 ans, musicien), deux tunisiennes, les sœurs Halima et Hodda Ben Khalifa Saadi (37 et 35 ans) et un marocain Mohamed Amine Ibnolmobarak (29 ans, architecte) sont tombés sous les balles des sanguinaires qui ont attaqués à la kalachnikov à six endroits différents avec une envie folle de faire le plus de victimes possible. Il ne leur est jamais venu à l'idée de faire l'économie du sang de leurs supposés frères et sœurs de sang. Et le sang des uns s'est mélangé au sang des autres, à celui de Stéphanie, de Mathieu, de Pedro, de Cynthia et 129 autres victimes, chrétiennes, athées, agnostiques, animistes, bouddhistes ou juives. Alors pourquoi cette exigence insensée et dans quel but? Aujourd'hui et maintenant ? La vérité brute fait terriblement mal surtout lorsqu'elle relève ce glissement sémantique d'une extrême violence qui caractérise le discours actuel de personnalités de premier plan. Notons que l'appellation de cette nébuleuse terroriste qu'on s'obstine à nommer ici ETAT ISLAMIQUE n'est autre que la bête sanguinaire. Et pourtant le débat qui s'est développé dans l'antre même de l'Assemblée Nationale Française pour attirer l'attention de tout un chacun que ces groupes terroristes n'avaient rien d'un ETAT et ne pouvaient en aucun cas se réclamer de l'Islam. L'acronyme arabe DAESH fut officiellement adopté et retenu pour les désigner. Malheureusement, au lendemain des attentats tous ceux et toutes celles qui courent derrière la droite extrême en s'accrochant à ses pans, toute la droite et ces personnalités de gauche qui ambitionnent un destin national ont repris à leur compte et en conscience l'appellation ETAT ISLAMIQUE pour désigner les assassins et maintenir l'ambiguïté. Si on veut stigmatiser une population particulière, et tel semble être le cas ici, on ne s'y prendrait pas autrement. Il est d'évidence que lorsqu'on actionne un tel levier, la sécurité des français passe au second plan, seul compte la culpabilisation de l'autre pour se dédouaner de ses insuffisances et canaliser les colères du petit peuple de France en désignant l'étranger comme porteur de toutes les tares d'une société désorientée par la crise, le chômage, la pauvreté, un discours politique ambigu et le manque de perspectives. Le raccourci qui palie à tous ces maux est donc à portée de mains. Il suffit de fermer les frontières, d'hérisser des barbelés et d'ériger des murs en expulsant à tour de bras tous ceux qui ne sont pas «labellisés» pour retrouver la grandeur d'antan. Si c'était aussi simple et si telle était la panacée, alors pourquoi avoir attendu si longtemps et « pourquoi Ducros se les décarcasse? ». Ensuite interrogeons nous un instant sur les géniteurs, les nourriciers et les éleveurs de ce monstre à visage humain, créé pour servir quels intérêts ? Ce qui est certain c'est qu'il a servi de caution pour déstabiliser en ce début de siècle plusieurs Etats arabes, indépendants et souverains avec la complicité de cette cinquième colonne d'enturbannés, composée de nonagénaires à la peau fripée et aux cheveux teintés, posés par l'Occident sur des trônes en carton-pâte afin de monter la garde sur les immenses champs pétroliers et gaziers du Moyen Orient. Devenu adulte, la bête a faussé compagnie à ses concepteurs pour reconquérir sa propre autonomie, adopter l'attitude du boomerang et se retourner contre ses géniteurs. La sagesse arabe ne dit-elle pas explicitement «que celui qui élève un fauve, se fera dévoré par lui». Après cette sentence tout commentaire devient superflu. Pour ces lendemains incertains qui se préparent, il sera sûrement très difficile pour tous ceux qui ont le teint basané, les cheveux crépus, un prénom exotique et un accent fort prononcé de vivre en France. Des difficultés en perspectives pointent déjà leur nez, mosquées taguées, musulmans pris à parti, discours chargés de haine, etc.... À moins que la raison ne l'emporte sur l'instinct bestial, ce qui n'est pas encore acquis. Il faut savoir cependant que l'histoire de France est chargée d'épreuves autrement plus traumatisantes et que le pays a toujours su les surmontées avec bonheur, intelligence et succès. La France historique qui rayonne de par le monde ne se résume heureusement pas à cette « race » de français contrefaits, plus visibles, plus bruyants. Il est vrai que quelles que soient les circonstances actuelles et futures, il a été prouvé par le passé qu'il existera toujours dans ce pays une écrasante majorité de citoyens de cœur, une immense majorité de français de raison qui a été nourrie dés son premier biberon au Voltaire, Rousseau, Hugo et autre Sartre. * Enseignant Universitaire à la retraite ? BORDEAUX. |
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