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La révolution agraire: Un acte souverain et une réponse idoine de décolonisation de notre agriculture
par Mahmoud Chabane C'est
au hasard d'une de mes lectures de la presse qu'un article consacré aux travaux
de la « conférence nationale sur la modernisation de l'agriculture » qui s'est tenue
le 27 octobre 2025 au CCI, que son auteur avait titré « une deuxième Révolution
agraire » sans les nationalisations et les villages agricoles, avait retenu mon
attention.
Ce titre accrocheur,m'a, bien évidemment, interpelé au même titre que toutes celles et tous ceux élevés dans les valeurs de la Révolution de libération nationale, pour avoir participé,sur le terrain, à la matérialisation des objectifs de la Révolution Agraire. Si j'ai tenu à réagir à travers cette modeste contribution, c'est qu'il ne faut surtout pas oublier que ce sont ces valeurs partagées et jalousement défendues par les « indigènes » insoumis qui ont permis à ces derniers, de mettre fin, au prix d'énormes sacrifices et de luttes, à une colonisation barbare et dévastatrice. C'est pourquoi, je me dois d'apporter un éclairage sur la portée de cette Révolution agraire que les moins de 45 ans ne peuvent pas connaître par le simple fait que le mot Révolution, fut rangé, depuis l'INFITAH décrétée dès le début des années 1980, aux oubliettes. La résurgence salutaire de ce mot, aujourd'hui que la souveraineté alimentaire de notre pays est au cœur des préoccupations de l'heure, m'amène à partager mon expérience professionnelle pour parler de la Révolution agraire qui constitue, à mon sens, la réponse idoine pour corriger les méfaits de la longue nuit coloniale. MÉFAITS DE LA COLONISATION SUR NOTRE AGRICULTURE Tout d'abord cette question lancinante. Peut-on raisonnablement parler développement agricole en Algérie sans évoquer l'impérialisme français et prendre le risque de passer sous silence par perte et profit les méfaits multiples et diversifiés qu'il a perpétrés durant 132 ans à l'endroit d'un peuple qui ne l'a jamais invité ou sollicité?À moins de faire l'autruche et de se laisser entraîner par la politique de l'oubli, à l'évidence la réponse est non. Aussi, pour comprendre les difficultés et contraintes structurelles auxquelles se trouvent confrontées les actions de développement et de modernisation de notre l'agriculture, il est essentiel de convoquer cette page de l'Histoire de Algérie, noircie par l'impérialisme colonial français. L'objectif premier de ma contribution n'étant pas de faire l'inventaire des actes barbares, au demeurant innombrables, j'estime utile de rappeler que l'impérialisme français était venu semer la mort, remplacer un peuple par un autre importé d'outre-mer, et qu'il est par nature prédateur, pilleur, destructeur, esclavagiste,.... C'est pourquoi il s'est accaparé des terres les plus fertiles, dont la superficie totale serait, selon les historiens sérieux, de trois millions d'hectares et des ressources hydriques, et a réduit en esclavage tout un peuple resté fier et digne,alors que spolié de ses ressources naturelles (terre et eau) et reclus dans la misère, la famine et les privations de liberté, et pas que. La colonisation française s'était attelée à mettre en place, sur les terres les plus fertiles et la ressource en eau spoliées à notre paysannerie, un plan de cultures complémentaire à celui de la métropole dont la finalité était de produire des fruits et légumes gorgés de soleil et aux gouts et senteurs raffinés destinés à la bourgeoisie française.Ce plan de cultures, installé au fur et à mesure de l'avancée foudroyante de la colonisation, a conduit inexorablement à l'introduction de nouvelles cultures et ce, bien évidemment, au détriment des espèces et variétés végétales autochtones (nées et élevées en Algérie) adaptées aux conditions pédoclimatiques de nos diverses régions, aux besoins et habitudes alimentaires et culturels des Algériens. Parmi les espèces introduites dans ce cadre en remplacement des cultures autochtones, qui ont bouleversé nos habitudes alimentaires, il y a lieu de citer principalement le blé tendre(utilisé comme blé de force pour améliorer la piètre qualité boulangère du blé tendre produit en France) et la vigne de cuve dont le vin servait pour améliorer l'assemblage des vins et, bien entendu, toute la variété de fruits et légumes cultivés pour être exportés. À elles seules, les deux principales cultures installées au détriment des cultures ancestrales(blé dur, orge, seigle, légumes secs, etc...,) ont, avec les actions de déforestation opérée par les bucherons et le napalm, la destruction des vergers de montagne (oliviers souvent centenaires, figuiers, caroubiers, etc....)la monoculture, perturbé dangereusement, voire irrémédiablement, le milieu naturel de la faune et de la flore autochtones, et les sols exploités de façon minière ont perdu de leur fertilité. Durant leur règne dévastateur, les autorités coloniales ont procédé, sans ménagement, au démantèlement des structures agraires traditionnelles régissant depuis des lustres l'exploitation des ressources naturelles, pour imposer le titre de propriété (diviser pour régner étant sa doctrine) favorisant l'installation de colons. Elles avaient aussi déplacé manu militari et parqué, comme des fauves, dans 2.200 camps de concentration répartis à travers le territoire national plus de trois millions « d'Indigènes » ruraux insoumis, soit le tiers de la population autochtone. Pour avoir une idée précise de ce qu'est la vie dans ces camps de la mort lente, et pour en mesurer les dégâts irrémédiables, il est important de questionner notre Histoire et d'aller à la rencontre de ceux encore en vie, qui l'ont vécu dans leur chair. Avec la conquête de l'Algérieet la main basse sur le trésor d'Alger estimé à 4 milliards d'euros qui ont permis à Charles X de constituer des fonds secrets pour corrompre et retourner le corps électorat (cf. ouvrage de Pierre PEAN*), l'impérialisme français avait réalisé son rêve de puissance impérialiste pour améliorer son autosuffisance alimentaire, sécuriser ses approvisionnements, renforcer économiquement son empire, tout en améliorant sa place par la notoriété de certains produits agricoles (vins, agrumes, dattes, notamment)sur le marché international.Et surtout, il n'avait plus besoin de traiter avec des « sauvages » pour approvisionner en blé dur, ses troupes envoyées conquérir et coloniser d'autres contrées, comme ce fut le cas avant l'invasion de l'Algérie décidée, en partie, pour ne pas honorer les factures de blé dur acheté à l'Algérie pour ravitailler ses expéditions militaires napoléoniennes. Des factures qui demeurent impayées à ce jour, faut-il le rappeler ? RECONSTRUCTION ET DÉCOLONIATION DE NOTRE AGRICULTURE Notre pays de la grandiose Révolution de libération nationale, après avoir réalisé l'étape cruciale consistant à mettre hors de nos frontières la France colonialiste, a mis en place au lendemain de notre indépendance,la deuxième étape ayant pour objectif la libération de notre pays de la dépendance des importations diverses et variées, qui imposait le choix stratégique incontournale, de reconstruction et décolonisation de notre agriculture. Il est important de rappeler ici que dès notre indépendance nationale arrachée de haute lutte par tout un peuple insoumis, les partisans de l'Algérie française ont tout fait pour semer le chaos,provoquer l'anarchie.Il importe de rappeler que c'est grâce à la détermination et à la vigilance des ouvriers agricoles qui ont fait front et constitué un rempart pour faire échec aux multiples tentatives de sabotages, de détournement, de prédation et d'accaparement des productions agricoles pendantes, des matériels agricoles, des terres et des immeubles,... que les bases de la Révolution agraire furent posées. C'était la belle époque des biens vacants et de l'enthousiasme patriotique !Par leurs actions patriotiques qui s'inscrivent en droite ligne des objectifs de la Révolution de libération nationale, force est de reconnaitre que les ouvriers ont posé là, sans le savoir ?, la première pierre pour l'édification d'une agriculture décolonisée au service de tout le peuple. Pour apprécier la portée de ces actions historiques menées par ces travailleurs qui,il est utile de le rappeler et de le souligner, n'avaient pas succombé aux tentations de chapardage et de dilapidation, il y a lieu de les resituer dans le contexte de l'époque marquée par le départ forcé (la valise ou le cercueil slogan lancé par l'OAS) des colons, l'absence d'encadrement technique et administratif pour continuer à exploiter les trois millions d'ha abandonnés par les désormais ex occupants, assurer la récolte et la commercialisation des productions pendantes,... Il ne faut surtout perdre de vue que les impérialistes français avaient pris soin de priver les « indigènes » d'école et de formation. Mieux encore, ces ouvriers agricoles avaient jeté, à l'instar des ouvriers d'autres secteurs économiques, les bases d'un modèle de gestion révolutionnaire adapté aux conditions difficiles postindépendance que traversait le pays. Il fut consacré par la promulgation du decret de mars 1963 portant autogestion.Le défi ainsi relevé par ces Algériens, enfin libres, est inestimable en ce sens qu'il a permis de décevoir les prévisions de l'expuissance coloniale (elle tablait sur le déclenchement d'une guerre civile) et de démontrer à qui voudrait l'entendre que leur capacité de résilience reste forte. Les pouvoirs publics en charge de la gestion du pays exsangue, transformé en champ de ruines par l'administration coloniale, sollicités de toute part, tant les besoins étaient énormes et les moyens très limités, étaient confrontés à la problématique suivante : 1-comment éviter et juguler les risques d'exodes rural et agricole qui menaçaient la poursuite de l'activité agricole dans nos campagnes en venant gonfler les bidonvilles déjà saturés, tout en faisant attention à ne pas priver le citoyen algérien de son droit à la liberté retrouvée ? 2-comment amener les Algériens déracinés, fort nombreux, à quitter les bidonvilles et les centres de concentration, pour se consacrer au travail de la terre dans des conditions de réinstallation humaines et les réhabiliter dans leur rôle d'acteurs économiques. 3-comment assurer la protection et l'exploitation de l'important potentiel agricole devenu, en vertu du décret de mars 1963, propriété de l'Etat algérien, alors que les moyens : humains d'encadrement, matériels, financiers,..., manquaient cruellement et que les inputs sont dans la quasi-totalité importés de la désormais ex métropole ? Pour prendre en charge les éléments de la problématique les pouvoirs publics ont dû se résoudre à élaborer et mettre en œuvre des mesures à hauteur des exigences de la situation de notre économie en général et de notre agriculture en particulier. Ces mesures ont fait l'objet d'un programme de développement cohérant formalisé sous la direction du Secrétariat d'Etat à la planification à travers des plans triennal et quadriennaux mis en œuvre durant les années 1960 et 1970. La promulgation de l'ordonnance portant Révolution agraire, faite entre autre, pour compléter le décret instituant l'autogestion, constitue indéniablement l'acte fondateur qui amarqué la rupture définitive avec l'agriculture coloniale et un début de réponse aux légitimes attentes du monde rural qui a grandement souffertde la colonisation. En adoptant la devise « La terre à ceux qui la travaillent » au titre de laquelle les nationalisations intégrales pour absentéisme furent prononcées par les différents organes d'application de la Révolution agraire, les autorités en responsabilité à l'époque n'ont fait que reprendre une devise qui date du règne de Massinissa fournisseur en blé dur de l'empire Romain. Pour rappel, les premières nationalisations intégrales furent prononcées dès notre indépendance à l'encontre des personnes ayant une attitude indigne à l'égard de notre Révolution de libération nationale. Pour avoir un aperçu sur la portée et le contenu de la Révolution agraire, il m'est apparu utile de rappeler les réalisations engrangées au titre de cet axe de développement intégré de notre paysqui a permis : - à quelques 100.000 paysans sans terre et de khemas (forme d'esclavage des plus inhumaines) de se libérer des chaines invisibles qui les aliénaient aux féodaux,de bénéficier d'un emploi agricole permanent et de quitter définitivement leurs misérables taudis pour des logements décents au niveau des villages agricoles pour y vivre dignement et jouir des bienfaits de l'indépendance ; - d'engager le monde paysan et tous les secteurs économiques opérant en amont et en aval du secteur agricole à œuvrer pour réaliser les objectifs stratégiques assignés à la Révolution agraire dont la finalité est de réaliser notre indépendance alimentaire pour consolider notre indépendance politique pour laquelle le monde paysan a consenti le lourd tribut ; - d'élaborer et concrétiser un plan de culture national axé sur la prise en compte de la satisfaction des besoins prioritaires de la population, et l'exploitation rationnelle des potentialités naturelles (terre, eau, génétique,...)que recèle notre pays ; - de produire, récolter, commercialiser, stocker, transformer.... les produits agricoles essentiels pour garantir un approvisionnement régulier et sécurisé de la population et mettre ainsi fin à la sous-alimentation chronique datant de l'époque coloniale,des missions, assurées, tant bien que mal, par un système coopératif de : production et de mise en valeur des terres, services spécialises, de commercialisation des productions agricoles, d'approvisionnements en intrants, de matériels agricoles ; - de produire nécessairement les semences, plants, engrais pour se soustraire à la dépendance vis-à-vis de l'ancienne puissance coloniale et sécuriser nos approvisionnements en intrants ; - de produire localement et fournir les engrais, les produits phytosanitaires, les semences, les matériels agricoles (traction, récolte, aratoire, transport, traitement...), construire des barrages hydrauliques,aménager les périmètres irrigués ; - de commercialiser, stoker et transformer les productions agricoles excédentaires ; - de mettre en place et d'organiser les services et appuis nécessaires à la réalisation des campagnes agricolesetappui à la production par l'affectationde l'encadrement technique, certes quantitativement très limité,opérant dans des instituts spécialisés dédiés à cette mission et un tissu inédit de coopératives de services spécialisées et très décentralisées. Pour pallier la pénurie de cadresnécessaires à l'encadrement technique spécialisé du secteur agricole, une douzaine d'instituts de technologies moyens agricoles (ITMA) implantés à travers le territoire national,l'institut technologie agricole de Mostaganem (ITA), furent créés ; - de créer une Banque Agricole de Développement Rural et un réseau de Coopératives Agricoles de Gestion et de Comptabilité dédiées spécifiquement au financement et la tenue de la comptabilité des unités de production et de services ; - à des milliers d'étudiants volontaires de participer à la matérialisation des objectifs stratégiques de cette tache d'édification nationale en sacrifiant leurs vacances universitaires pour aller retrouver sur le terrain les petits paysans pour les assister dans leurs tâches, s'imprégner des réalités du terrain, et porter les préoccupations de la paysannerie à la connaissance des décideurs ; - et la liste des réalisations est loin d'être exhaustive. CAP SUR LE LIBÉRALISME AU NOM DE L'INFITAH Faut-il le rappeler que notre pays qui ambitionnait de réaliser son indépendance alimentaire malgré les moyens limités dont il disposait durant les années 1960/70 et avait engagé pour ce faire, tous les acteurs économiques concernés par cette noble mission,futdès le début des années 1980,dévié de cette trajectoire.Ce changement de cap opéré dès l'entame des années 1980, sous couvert de l'INFITAH,assimilable à une déviance des objectifs clairement définis par le congrès de la Soummam, a marqué le début de l'entreprise de déconstruction de tout ce qui a été réalisé, jusque-là, par les patriotes au prix d'énormes sacrifices consentis, et acté le démantèlement et le transfèrement du patrimoine de l'Etat au profit d'un secteur privé prédateur, insatiable, avide de profits personnels. Pour la première fois de notre histoire,à titre d'exemple, des oranges ont été importées, pour concurrencer la production nationale. Les conséquences désastreuses multiples et variées, avaient affecté négativement: le moral des producteurs locaux, le niveau des investissements, la place et la réputation qu'avaient nos agrumes sur le marché mondial. Il a marqué aussi, le début du marché informel, l'abandon de certaines productions stratégiques telles : la tomate industrielle, la production de semences, de lait,fourrages, légumes secs,...,) au profit de cultures spéculatives, et l'installation(durable ?)d'importateurs qui, en plus de contribuer à détruire notre économie productive, ont transformé notre immense pays en poubelle du monde capitaliste pour y déverser leurs rebus.De fourmi laborieuse, notre pays a été transformé, comme par enchantement, en cigale festoyeuse De même que les opérations engagées au titre de la concrétisation des objectifs assignés à la Révolution Agraire, furent arrêtées et clôturées. La clôture de ces opérations a conduit à l'abandon puis au démantèlement de toutes ces réalisations structurantes destinées pour améliorer les conditions sociales et économiques des fellahs et lutter contre les exodes rural et agricole.Simultanément à la clôture des opérations de la Révolution agraire, les décideurs en charge du secteur agricole avaient engagé une opération dite de restructuration des domaines agricoles autogérés pour les rendre, affirmaient-ils, économiquement viables et humainement maitrisables. Cette opération menée tambour battant par un personnel non formé à cette tâche, sans aucune étude ni concertation et que rien ne justifiait, a abouti à une démultiplication des domaines induisant des besoins supplémentaires en encadrement et en matériels que les décideurs n'avaient pas anticipé. Elle est, et c'est le moins que l'on puisse dire, à contresens des objectifs affichés. Il convient de noter que pendant la durée de l'opération, nonobstant les actes répréhensibles de chapardage, de détournement de toute sorte, la production (du fait du manque d'entretien), avait décliné, les investissements arrêtés. Les DAS avaient l'allure de véritables pétaudières. Certes, le peuple qui a connu, vécu et subit à son corps défendant, les affres du colonialisme, ne mangeait pas de bananes payées par nos deux grands et infatigables « patriotes » Hassi Messaoud et Hassi R'mel -. Ce n'était pas sa priorité du moment, loin de là. Il avait fait le choix de diriger cette aide précieuse vers le financement des investissements productifs créateurs de richesses partagées. DÉCRÉTER L'INDÉPENDANCE ALIMENTAIRE CAUSE NATIONALE Il convient de préciser que la rédaction de cette modeste contributionm'est dictée par le besoin de briser, un tant soit peu, la culture de l'oubli, de dénigrement et de dévalorisation de notre glorieuse Révolution, des hommes qui l'ont faite et des réalisations socio-économiques engrangées par notre pays.Et pour dire aussi ma conviction que la mère des batailles à mener reste incontestablement l'indépendance alimentaire sécurisée qui doit être déclarée cause nationale.Pourne pas rester dans le narratif et le constat, j'ai souhaité partager les propositions de mesures opérationnelles jugées essentielles, susceptibles d'être, après réflexion et maturation, mises en œuvre : - Élaborer et mettre en œuvreun plan national de culture axé essentiellement sur la production de produits retenus et reconnus prioritaires, produire les semences et plants des cultures classées stratégiques, l'exploitation rationnelle des potentialités hydro-agricoles ; - Actionner les leviers dont disposent les pouvoirs publics, en l'occurrence l'eau, la terre, la réglementation, le financement, l'assistance technique pour amener les producteurs à adhérer et être partie prenante de ce plan de production d'intérêt général ; - Revoir le système des subventions directes dont l'efficacité est sujette à caution, souvent détournées de leur destination initiale et décriées car ne profitant pas aux petits paysans, pour privilégier les aides indirectes sous formes d'assistance technique et scientifique, de travaux de laboratoire, d'études, de formation, de garanties de l'Etat, couverture sociale pour les producteurs engagés au titre du plan national de culture ; - Décréter la pomme de terre produit stratégique d'intérêt national au même titre que les céréales pour bénéficier des mêmes traitements et avantages de protection. Pour prendre en charge, en amont et en aval, le programme pomme de terre, les producteurs devront constituer des coopératives d'entraide et de services au niveau local avec lesquelles les pouvoirs publics dialogueront, via une union des coopératives, sur tout ce qui a trait à ce programme. Toutefois, force est d'admettre que ce socle de mesures structurelles peuvent s'avérer insuffisantes, si toutefois les mesures d'accompagnement en direction : des producteurs- acteurs du plan de production national qui doivent être motivés,d'un système coopératif d'entraide paysanne adapté pour jouer, entre autre, un rôle d'interface entre les producteurs et les services publics, ne sont pas prises. Il s'agira aussi de mettre en place un réseau de laboratoires agro- pédologiques, et d'un système de suivi et d'assistance techniques par un personnel formé pour prendre en charge les préoccupations des producteurs. Il va s'en dire que la refonte du système « statistiques agricoles » est à inscrire parmi les priorités en vue de donner aux planificateurs et aux décideurs des outils d'aide à la décision fiables. La mobilisation des moyens de la nation en vue de réaliser dans les délais les plus raisonnables de notre indépendance alimentaire sécurisée, nous est dictée par notre histoire récente et la nécessité de mettre notre souveraineté à l'abrides dangers qui planent, telle une épée de Damoclès, sur nos approvisionnements en produits alimentaires de base et en intrantsagricoles. Aujourd'hui, l'indépendance alimentaire sécurisée est plus que jamais d'actualité et s'impose comme urgence nationale. C'est là la meilleure façon de rendre hommage et d'honorer nos martyrset de renforcer notre indépendance. C'était là le vrai sens et la raison d'être de la Révolution Agraire. *Main basse sue Alger- enquête sur le pillage Alger 1830, édition CHIHAB, Alger 2005. *Agronome |
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