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Constantine - Youm El Fida: La mémoire doit retenir «l'autre visage» de la guerre dans les villes

par A. M.

A une question des journalistes demandant pourquoi la commémoration de Youm El Fida se fait uniquement à Constantine chaque année à pareille époque, le docteur Abdallah Boukhalkhal, modérateur, qui présidait aux conférences et débats organisés au cours de cette première journée qui s'est tenue à l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine (USIC), a expliqué que Youm El Fida a été institué le 20 août 1956 par le congrès de la Soummam. « A la fin de ce congrès et après la constitution du Comité de coordination et d'exécution (CCE), Larbi Ben M'hidi, qui était à la tête de l'action révolutionnaire dans l'Oranais, a été désigné pour prendre la région autonome d'Alger et coordonner l'action du Fida dans tous les grands centres urbains d'Algérie. Et il était à la tête des fedayins, ces « volontaires de la mort », qui ont mené le combat héroïque dans la ville d'Alger contre les paras de Massu au cours de ce que fut bien « La bataille d'Alger ». Pour Ben M'hidi, a poursuivi M. Boukhalkhal, le Fida était le premier et le principal combat à mener pour libérer le pays du colonialisme. « L'impact d'une seule balle tirée dans les villes, avait estimé ce chef de la révolution, est bien meilleur que mille batailles menées dans les djebels contre les troupes françaises ». La psychose et la terreur installées dans l'esprit des colons des villes par les actions audacieuses des fedayins étaient bien plus déterminantes, et elles le furent, pour gagner la lutte, a affirmé Abdallah Boukhalkhal pour souligner l'importance et le rôle de l'action du Fida dans le succès de la révolution.

 Mais après l'indépendance et à l'initiative de l'Organisation de wilaya des moudjahidine de Constantine, constituée en majorité d'anciens fedayins ayant combattu sous les ordres de Messaoud Boudjeriou, initiative prise il y a 19 ans, cette journée a été instituée pour commémorer la mort au champ d'honneur de leur ancien chef et immortaliser le sacrifice consenti par les fedayins de Constantine pour libérer le pays. Et c'est ainsi que cette journée est célébrée le 27 avril de chaque année. Néanmoins, les organisateurs évitent de ne parler que de ?Fida' et la journée est toujours mise à profit par les organisateurs pour évoquer le combat libérateur d'une façon générale et mettre en lumière l'impact déterminant qu'a eu la révolution algérienne dans le monde, et plus particulièrement au sein des peuples colonisés de l'époque. Ainsi, hier, on a parlé des crimes du colonialisme aussi bien que de cette spécificité du combat libérateur que fut le Fida, et aussi du rayonnement de la révolution algérienne dans le monde.

Organisée, donc, hier et pour les deux journées des 27 et 28 avril 2016, la 19e édition de la « Journée du Fida », qui coïncide avec le 55e anniversaire de la mort au champ d'honneur du chef de la Mintaka 25 et des fedayins de Constantine, Messaoud Boudjeriou, a été ouverte le matin à la grande salle de conférences de l'USIC en présence d'une assistance très nombreuse composée de moudjahidine et fils de chouhada, avec la présence de Tayeb Houari, secrétaire national de l'Organisation des enfants de chouhada, lesquels sont venus d'une vingtaine de wilayas du pays. La journée d'aujourd'hui (27 avril) est consacrée aux cérémonies protocolaires, notamment une visite au cimetière des martyrs pour se recueillir sur leurs tombes.