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Force navale de l'UE en Méditerranée : Bruxelles dépêche son Commandant à Alger

par Moncef Wafi



Bruxelles veut informer de samission en Méditerranée et envoie le Commandant italien de son opération navale, baptisée «Eu Navfor Med», faire le tour des ports. Il sera, aujourd'hui, à Alger, la première escale de sa tournée pour «informer les pays de la région, sur la nature des missions assignées à cette opération», selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Au cours de sa visite, le vice-amiral Enrico Credendino sera reçu par le ministre d'Etat, ministre des AE et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. Lancée en juin 2015, le déploiement d'une force européenne dissuasive, en Méditerranée, a pour mission, dans un premier temps, de s'attaquer aux réseaux criminels de passeurs de migrants.

Le plan opérationnel de «EU Navfor Med», traduit, sommairement, par «navires de l'UE pour la Méditerranée» s'appuiera sur assez de frégates, de sous-marins, d'hélicoptères, d'avions patrouilleurs et de drones pour quadriller le sud de la Méditerranée. Si le moteur d'action paraît, à priori, humanitaire, l'UE promettant d'agir, fin avril, après une énième tragédie en mer Méditerranéenne, dans laquelle 800 migrants sont morts noyés, au large de la Libye après le chavirement de leur chalutier, on est, pourtant, loin des sentiments philanthropiques. L'Europe veut, coûte que coûte, endiguer ces flots de réfugiés débarqués en terre sicilienne et venus principalement d'Irak, de Syrie, de Libye, de Tunisie. La marine européenne a pour mission première de s'attaquer aux bateaux-pilotes utilisés par les trafiquants pour tracter en haute mer les «cargaisons» de migrants avant de les laisser dériver, mais en l'absence d'un feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies, à l'usage de la force, dans les eaux libyennes, l'opération sera limitée à une surveillance à distance des côtes, véritables rampes de lancement de la grande majorité des migrants qui tentent de gagner l'Italie.

L'objectif pour le moment étant d'améliorer la base de données concernant les réseaux de passeurs. Pour les Algériens, cette visite du Commandant transalpin illustre l'«importance accordée par le partenaire européen à la place et au rôle de l'Algérie dans la région», selon les termes du communiqué des AE qui précise qu'Alger, et à propos de la migration, «a toujours plaidé en faveur d'une approche globale, dans la prise en charge de cette question, alliant à la fois les impératifs de sécurité, de développement et de respect de la dignité humaine». Pourtant, et avec le déploiement de cette force navale et la multiplication des bâtiments militaires, l'Europe craint de créer une brèche où vont s'engouffrer, de plus en plus de migrants. Les navires, patrouillant en haute mer, sont dans l'obligation de secourir les embarcations en détresse et de déposer les naufragés en Italie.

Outre l'aspect criminel et économique de cette tragédie ainsi que l'accueil des réfugiés, Bruxelles appréhende, surtout l'infiltration des hommes de Daech, parmi ces flots de déshérités. En 2014, quelque 218.000 migrants avaient tenté de traverser la Méditerranée. Au moins 3.500 d'entre eux avaient trouvé la mort, faisant de ce trajet «la route la plus mortelle du monde», selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Depuis le début de l'année en cours, près de 1.800 personnes sont mortes dans des naufrages, en Méditerranée, dont une grande majorité d'Africains, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM). Par ailleurs, l'Algérie avait récemment refusé une demande de Bruxelles de lui fournir une base pour des drones de reconnaissance chargés de surveiller la Méditerranée à la recherche d'éventuels mouvements de migrants clandestins. L'Union européenne avait sollicité Alger pour mettre en place une plate-forme sur son sol qui servirait de base pour des drones chargés de repérer, en mer, toute tentative de migrants clandestins de traverser la Méditerranée. Elle aurait proposé les côtes témouchentoises pour implanter cette base. Un choix dicté par la proximité des côtes avec l'Espagne et du fait qu'elles sont une rampe de lancement pour les harraga algériens de même que les côtes mostaganémoises.