Le juge d'instruction près du pôle judiciaire d'Oran a entendu dans l'après
midi de mercredi dernier quatre cadres de l'ERCO, dont un en retraite, et un
ancien représentant de Knauf, l'entreprise allemande qui a acquis la plâtrerie
de Hassiane Toual (ex-Fleurus). En fin d'après midi, le juge d'instruction a
prononcé le mandat de dépôt contre le représentant de Knauf et la mise sous
contrôle judiciaire des quatre autres cadres. Selon les avocats rencontrés sur
place, l'affaire a démarré suite à une commission rogatoire allemande. Le mis
en cause, celui qui a représenté Knauf lors de sa cession à l'opérateur
allemand, un algérien installé depuis un bon moment en Allemagne, aurait reçu
sur son compte des sommes colossales. Les avocats qui ont pu prendre
connaissance d'une partie du dossier ont parlé de plusieurs virements, dont le
premier est de 200.000 Euros et le second d'un montant d'un 1 million d'Euros.
On parle d'autres virements de la même consistance. Signalons au passage que la
plâtrerie de Hassiane Toual (ex-Fleurus) a été cédée à 8 millions d'Euros, ce
qui a fait dire à ceux qui ont suivi le dossier de sa cession qu'elle a été «
bradée » pour une bouchée de pain. Ajoutons que les équipements de cette
entreprise, relevant de l'ERCO, ont été acquis 28 ans auparavant chez un
fournisseur allemand.
Concernant les quatre cadres, ils ont été cités par l'ex-représentant de
Knauf comme étant des destinataires d'une partie des sommes qui lui ont été
versées sur son propre compte en Allemagne. Précisant que l'enquête a démarré
en Allemagne, suite au dépôt de bilan d'une filiale de Knauf. Bien évidemment,
les quatre cadres, chacun à son tour, ont expliqué au juge d'instruction la
procédure de cession d'une entreprise publique à un opérateur étranger. Même
étant membre du Conseil d'administration de l'entreprise mère, la décision ne
leur revient pas. C'est le CPE (Conseil de Participation des Entreprises)
présidé par le chef de gouvernement (ou le premier ministre) qui prend ce type
de décision. C'est ce qu'a expliqué d'une manière didactique et claire, une des
quatre personnes, enseignant universitaire parallèlement à son poste de
responsabilité à l'ERCO, entendues par le juge d'instruction, selon les dires
d'un avocat. Pour ces derniers, la mise sous contrôle judiciaire des quatre
cadres est une procédure normale et encourageante pour leurs mandants. Notons
que la cession de la plâtrerie a eu lieu en Mars 2006. Ce complexe de plâtre,
considéré comme le plus grand de toute l'Afrique, jouissait d'une bonne santé
financière. Pour preuve, nous assure un cadre de ce même complexe rencontré sur
place, en 2005, il a réalisé un chiffre d'affaire de plus de 18 milliards de
centimes. En 2003, ce chiffre d'affaires était de 17.8 milliards de centimes.
Par ailleurs, jusqu'en 2011, les 156 travailleurs de ce complexe n'avaient pas
touché les 10% du montant de la cession, décidé entre les travailleurs et les
acquéreurs. Leur démarche pour empocher cet argent a duré plus de cinq ans.
L'affaire a été tranchée par voie de justice, à la faveur des travailleurs, à
la fin de l'an dernier. Mais on ignore si elle a connu une issue finale ou non.
Ce qui est certain, c'est que l'affaire du représentant de Knauf, mis sous
mandat de dépôt, risque de faire des vagues et remettre le dossier à plat. Ce
dossier, géré séparément en Allemagne et en Algérie, risque de faire beaucoup
de vagues.