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La République des Lumières face à ses ombres africaines

par Laala Bechetoula

Parfois, l'Histoire frappe aux portes des chancelleries non pour exiger des comptes, mais pour rappeler, avec une implacable lucidité, ce que nul ne devrait jamais oublier. Car à force de s'ériger en conscience morale du monde, la France semble ignorer qu'elle traîne encore, derrière elle, les chaînes d'un passé dont elle n'a jamais pleinement rompu le joug.

Paris menace, Alger demeure impassible

Dans les récentes révélations relayées par L'Express, le gouvernement français envisagerait de geler les avoirs d'une vingtaine de hauts responsables algériens. Cette «piste», plus qu'une mesure concrète, ressemble à une posture diplomatique, un geste symbolique d'une République à la recherche d'une rédemption morale. Et pourtant, cette menace, bien loin d'impressionner, suscite un sourire amer ou un froncement de sourcils - selon que l'on cultive l'ironie ou la mémoire historique.

Leçons d'éthique à géométrie variable

Il est fascinant d'observer la mobilité sélective des vertus universalistes à la française. Fière de ses principes, la France n'hésite jamais à donner des leçons, à rappeler ses anciens «élèves» à l'ordre, avec une bienveillance condescendante qui confine parfois au paternalisme.

L'Algérie, naturellement, se voit assignée le rôle du cas d'école

Mais, curieusement, à Paris, on omet que c'est précisément Alger qui a sollicité l'entraide judiciaire sur les biens mal acquis. Et que plus de cinquante commissions rogatoires demeurent lettres mortes dans les limbes de la justice française. On oublie aussi que des individus poursuivis pour corruption ou détournement ont trouvé refuge - et parfois une forme de protection - au cœur même de la République.

Une indignation à géométrie variable

Geler des avoirs algériens ? Pourquoi pas. Mais qu'en est-il des fortunes africaines dissimulées dans les quartiers chics de Neuilly ou des hôtels particuliers parisiens ? Faut-il rappeler que Paris demeure, malgré elle, l'une des grandes plaques tournantes du blanchiment d'argent issu des réseaux d'élites africaines, entretenus depuis des décennies sous l'égide de la coopération postcoloniale ?

L'indignation ne devient noble que lorsqu'elle est cohérente. Lorsqu'elle se fait sélective, elle ne dépasse guère la comédie diplomatique.

Un réflexe impérial qui persiste

La menace d'une sanction économique rappelle douloureusement des époques révolues où la République des Lumières, à force de citations de Voltaire, ne voyait aucun paradoxe à coloniser au nom du progrès.

Aujourd'hui, cette lumière vacille. Elle n'est plus incarnée par le sabre ou la croix, mais par l'ombre menaçante du gel des comptes. Une subtile déclinaison moderne d'un impérialisme ancien, habillé des oripeaux de la légalité.

L'Algérie avance, fière et résolue

Mais l'Algérie n'est plus la nation qu'imaginent certaines rédactions parisiennes. Elle ne quémande aucune clémence, elle assume pleinement son histoire. Elle ne tremble pas devant les menaces, mais les contemple avec la sérénité que confère l'expérience millénaire. L'État algérien, sa jeunesse surtout, savent que la souveraineté est un fardeau exigeant, mais qu'elle ne se négocie jamais. Qu'on l'accuse, qu'on l'attaque, ou qu'on l'ignore : elle a fait un choix. Celui de ne plus marcher dans les pas d'autrui.

L'heure des comptes viendra - hors des offices parisiens

Si la justice doit s'exercer, elle trouvera son terrain d'expression dans les tribunaux d'Algérie, non dans les colonnes d'une presse hexagonale parfois plus soucieuse d'image que de vérité.

Et si des sanctions doivent être prononcées, elles ne surgiront pas d'un ancien empire nostalgique, mais d'une Algérie souveraine et décidée à se réformer sans trahir ses principes.

Conclusion : l'Algérie, fière et souveraine, porte l'étendard au-dessus de tous

À ceux qui croient qu'avec quelques sanctions financières ou intimidations diplomatiques, ils peuvent ébranler un peuple forgé dans le creuset de l'histoire, l'Algérie oppose la force tranquille de sa souveraineté restaurée.

Nous ne sommes ni un vestige du passé colonial, ni un pion sur l'échiquier international. Nous sommes une nation fière, héritière d'une révolution séculaire, qui avance avec détermination vers son avenir, libre et maître de son destin.

L'Algérie, portée par son peuple, son histoire et ses valeurs, élève son étendard - celui de la dignité, de la justice et de la liberté - bien au-dessus des calculs éphémères et des menaces passagères.

Plus que jamais, l'Algérie est un phare lumineux en Afrique et dans le monde arabe, un exemple de résistance, d'indépendance et de fierté nationale, que nul ne saurait éteindre.