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L'Algérie face aux incertitudes qui planent sur sa santé financière

par Kharroubi Habib



Les Interventions De la Banque centrale européenne (BCE) pour venir en aide aux Etats de la zone euro, en danger de faillite du fait de leur incapacité à faire face à leurs dettes souveraines, celles des gouvernements de cette zone, destinées à convaincre de leur détermination à soutenir, quoi qu'il en coûte, ces Etats en difficulté, de même que la conclusion aux Etats-Unis d'un accord sur le plafond de la dette publique américaine, n'ont pas eu l'effet escompté de calmer la fébrilité qui caractérise les marchés financiers internationaux.

 La conséquence en est que des experts financiers n'écartent plus la perspective de la survenue d'une crise plus grave encore que celle que le monde a connue en 1929, et plus récemment encore en 2008. La zone euro semble aujourd'hui prisonnière d'une spirale infernale, dont les effets, conjugués à ceux d'une possible récession économique qui viendrait à frapper l'Amérique, font qu'un tel scénario n'est nullement à exclure. D'autant que dirigeants politiques et économistes dans ces deux entités où la crise est à l'œuvre ne savent manifestement que faire pour la stopper.

 Il y a par conséquent urgence pour les autorités politiques et économiques en Algérie à anticiper les retombées qu'une crise économique de l'ampleur de celle redoutée aura inévitablement sur l'Algérie. Celle de 2008 a eu pour conséquence pour l'Algérie que ses recettes pétrolières se sont effondrées du fait que le prix du pétrole était descendu de 150 à 36 dollars le baril. Il en sera de même s'il se confirme pour 2011-2012 l'état de récession pour les économies américaine et européennes.

 Les incertitudes qui planent sur la santé économique de ces deux locomotives de l'économie mondiale font que déjà les prix du baril ont perdu 10 dollars en cinq jours et que c'est là une tendance qui va aller en s'accentuant. Nul ne peut présager avec exactitude l'amplitude de leur effondrement. Pour l'Algérie, qui tire 99% de ses recettes des hydrocarbures, il est évident que les répercussions en seront d'autant plus sévères que l'effondrement en sera brutal. Souvenons-nous que le budget de l'Etat avait été soumis à rude épreuve en 2008 avec un prix du baril descendu à 36 dollars. Les pouvoirs publics avaient alors revu à la baisse les dépenses publiques d'investissement et de fonctionnement et ont été contraints de réviser leur politique de grandes largesses financières.

 En cas de confirmation du scénario de récession des grandes économies mondiales et par conséquent de chute dantesque à nouveau des cours du pétrole, ces autorités n'auront de choix que celui de fermer au maximum le robinet des dépenses publiques. Sauf que, contrairement à 2008, elles sont confrontées à un mouvement social qu'elles ont cru pouvoir neutraliser en puisant sans compter et sans stratégie de développement dans les caisses de l'Etat. Arrêter subitement de déverser de l'argent pour maintenir la paix sociale, même au motif que c'est une exigence imposée par les retombées de la crise internationale, sera pour ces autorités une décision à haut risque.

 Rien ne dit en effet que les Algériens accepteront le tour de vis et cesseront par «patriotisme» de revendiquer ce qu'ils pensent être leurs droits, alors que, crise ou pas crise, les bénéficiaires du système étalent vulgairement et cyniquement leurs richesses de prédateurs et de parvenus. Sûr que Bouteflika et Karim Djoudi ont évoqué, et plutôt longuement, la survenance de ces nuages qui s'amoncellent à l'horizon.