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C'est
désormais acté ! Depuis le 02 août de l'année courante, l'humanité qui aurait
théoriquement consommé avant terme la production mondiale de produits
alimentaires, vit globalement, à crédit. Une lecture au pied de la lettre de
cette réalité qui donne froid au dos, nous permet de croire, naïvement, que son
utilité première serait d'alerter les opinions sur la surexploitation effrénée
des potentialités naturelles que recèle notre planète et de faire prendre
conscience à l'humanité toute entière de la nécessité de prendre soin des
écosystèmes, seule voie à emprunter pour pérenniser la vie sur terre.
Or, tout un chacun sait qu'une mamelle n'est tétée qu'à hauteur de la quantité de lait qu'elle produit ! Autrement dit, on ne consomme pas ce qui n'est pas produit ! Ce n'est là que du virtuel ! Cette donnée permet aussi de faire une autre lecture conduisant à réfuter l'allégation trompeuse selon laquelle l'humanité devra vivre à crédit durant les cinq prochains mois (on imagine mal l'opulent vivre en hibernation durant les cinq prochains mois de l'année comme une marmotte) et de lever le voile sur les non-dits qu'elle comporte: Il est à noter que le niveau de gaspillage des denrées alimentaires, observé dans les pays opulents, qui contraste avec le niveau de stress alimentaire de la majorité de la population mondiale est passé à la trappe. Pourtant, il est notoirement admis que les poubelles de ces opulents, largement minoritaires, renferment des quantités astronomiques de denrées alimentaires, une offrande de notre mère nourricière la terre, correspondant, grosso modo, aux besoins vitaux des populations vivant dans la précarité et le dénuement. Le fait que l'accès à ces produits alimentaires est des plus inégalitaires, fait que cette situation n'est pas imputable aux pays pauvres, déjà en insécurité alimentaire, éprouvant d'énormes difficultés à s'approvisionner en produits agricoles essentiels à l'alimentation humaine et animale auprès des pays excédentaires. Les maîtres du marché de l'alimentaire et des semences diaboliquement régulé et contrôlé, tel celui de l'armement, se servent, sans état d'âme, de cette situation pour imposer leurs humiliantes conditionnalités aux pays sous-développés qui osent emprunter une voie autre que celle dictée par les puissants du moment pour se développer. Et dire qu'avec des choix stratégiques autres, axés essentiellement sur le respect des lois de la nature, l'exploitation rationnelle des potentialités qu'elle recèle en veillant constamment à sauvegarder la fertilité des sols et les équilibres fragiles des écosystèmes en tenant compte du souci de partager..., cette alerte n'aurait pas lieu d'être d'autant plus qu'elle est dénuée de bon sens... paysan. Face à ces opulents, de surcroît prédateurs des ressources naturelles et détenteurs des leviers de la «guerre des céréales», une seule réponse s'impose : élever au rang de cause nationale la production des produits agricoles essentiels à l'alimentation humaine et animale et mettre en place les moyens scientifiques, techniques, humains, financiers et matériels que requiert une telle œuvre. Pour notre pays qui sort de 132 années de colonisation destructurante et dévastatrice, jonchées de séquelles qui freinent ses ambitions légitimes, dont la réalisation de la centrale souveraineté alimentaire sécurisée, hélas contrariée par le volume d'eau disponible affecté à l'agriculture, le passage par l'établissement d'un plan de culture national fixant les priorités de production s'impose. Pour ne pas rester dans le narratif, il m'est apparu nécessaire de proposer dans le prolongement de ma contribution publiée par les quotidiens «le Soir d'Algérie» du 12.06.2023, et «Le Quotidien d'Oran» du 18.05.2023 « intitulée plaidoyer pour la mise en place d'un plan de culture national», un ensemble d'actions et de mesures opérationnelles susceptibles d'aider à réaliser, dans des délais raisonnables, ce noble objectif qui nous engage. De prime abord, il est important de savoir que la réalisation de cet objectif d'importance stratégique qui ne peut être le seul fait de l'augmentation de la production agricole, reste tributaire de la réalisation d'un certain nombre d'actions à mener concomitamment sur le terrain. Réduire les surconsommations, gaspillages et détournements des produits alimentaires de base: Un constat s'impose ! Le niveau de consommation de produits alimentaires de base, principalement les céréales et le sucre est anormalement élevé. Pour le sucre: chaque algérien, du bébé au plus âgé, (y compris ceux qui n'en consomment pas du fait du diabète qui fait des ravages parmi les jeunes victimes de la malbouffe, ou de choix personnels que dicte la sagesse), consommerait en moyenne 40 kg/an, soit 30 kg de plus que la quantité préconisée par l'OMS. Il demeure tout de même inimaginable que notre pays qui fut à l'avant-garde de la médecine préventive reste passif devant un tel niveau de consommation d'un produit alimentaire fortement déconseillé par le corps médical en raison de sa nocivité pour la santé. Le pire dans tout ça, c'est le fait que les pouvoirs publics soutiennent le prix de vente de ce produit reconnu néfaste pour la santé, et de surcroît, importé dans sa totalité. Pour ce qui est des blés: Le rapport quantité de céréales consommées et population totale nous donne une consommation moyenne de quelque 240 kg par habitant. Comme pour le sucre, il s'agit là d'un niveau de consommation présumée qui pose questions et laisse supposer des zones d'ombre. Cette affirmation est corroborée par une très intéressante étude1 réalisée par un panel de chercheurs algériens, établissant la consommation annuelle moyenne de blé tendre et de blé dur à 134 kg en zones rurales et à, entre 129 kg et 149 en zones urbaines. Et dire qu'en s'attaquant résolument à ce problème crucial de surconsommation présumée, de détournement de produits alimentaires (sucre adjuvent pour béton, blés aliment bétail,...), et de leur gaspillage (trop de pain dans les poubelles) il est possible de corriger ces anormalités qui impactent sérieusement notre économie, nos finances et notre indépendance alimentaire. C'est pourquoi il est nécessaire de diligenter des enquêtes appropriées pour tirer au clair certaines situations inquiétantes et fournir aux décideurs des données fiables leur permettant de prendre les mesures appropriées et salvatrices qui s'imposent. Il va sans dire que la non-prise en charge adéquate de cette importante question de surconsommation et de gaspillage des denrées alimentaires peut annihiler les efforts consentis par la nation visant à réaliser le noble objectif dont il est question. Le tonneau des Danaïdes ne se remplit pas ! Mécaniquement, cette action menée à son terme se traduira par une réduction substantielle de la superficie réservée au titre du plan de culture national, aux cultures stratégiques. Pour soutenir cette action complémentaire d'importance, une campagne d'information et de sensibilisation des consommateurs et des utilisateurs de ces produits, visant à les amener à partager les données de chaque dossier et faire siennes les mesures prises en ce sens, doit être engagée de manière soutenue et professionnelle. Faire l'inventaire de nos potentialités naturelles réelles : La sole emblavée annuellement réservée aux grandes cultures (céréales, légumes secs, fourrages secs) serait de 3.500.000 sur les 7,5 millions d'hectares. Tout d'abord, il est important de rappeler que ce chiffre qui semble immuable telles les frontières d'un pays, loin de refléter la réalité de terrain, date de la période coloniale. Cette superficie supposément occupée par les grandes cultures se décompose comme suit : une partie des 3 millions d'ha constitués des meilleures terres du pays arrachées aux colons et l'autre partie de terres de parcours et de montagnes que les «indigènes» spoliés et déracinés par l'administration coloniale avaient défrichés pour y installer des cultures vivrières en association avec des élevages. Il convient de rappeler que la majeure partie de la sole occupée par les grandes cultures à la base de notre alimentation, est située dans les zones semi-aride et aride (hauts plateaux et des parcours steppiques) dont l'hypothétique production céréalière dans ces zones dépend de la pluviométrie et des conditions climatiques. Dans l'absolu, cette sole peut être considérée suffisante pour porter le plan de production céréalière et produire de quoi satisfaire les besoins de la population en céréales, légumes secs et fourrages secs. Avec un rendement moyen calculé sur au moins 5 ans, de 30 quintaux à l'hectare, notre pays aurait été exportateur net, comme ce fut le cas du temps de Massinissa, à l'époque où notre pays était réputé «grenier de Rome» et où le blé dur occupait ses zones naturelles de prédilection. Or, cette sole céréalière n'est malheureusement pas située dans l'emblématique Mitidja du temps où la terre était encore fertile, gorgée de matières organiques, bien arrosée naturellement, et protégée contre les aléas climatiques, et à l'époque où le paysan laboureur vivait de son labeur et travaillait sa terre avec soin et... amour. Pour en finir avec ces données tripatouillées, qui expliquent en partie le marasme actuel caractérisant ce secteur vital, il est urgent d'impliquer notre potentiel scientifique et technique pour faire l'inventaire de nos potentialités agricoles naturelles réelles, poser le diagnostic et fournir aux pouvoirs publics des éléments d'aide à la décision. Faire l'impasse sur cette action déterminante, c'est renforcer la 3issaba de ceux qui aiment nager en eau trouble ! Mise en place d'un plan de culture national: Contrairement à ceux qui soutiennent mordicus l'idée selon laquelle l'augmentation de la production céréalière nationale peut être obtenue en exploitant les 3,5 millions d'hectares laissés en jachère, je soutiens que cette augmentation qui s'inscrit, en droite ligne de la concrétisation de notre souveraineté alimentaire sécurisée sur des produits agricoles essentiels à l'alimentation humaine et animale, peut être réalisée sur une superficie nettement moindre. Pour ce faire, il faut décoloniser notre agriculture qui passe nécessairement par la refonte et la mise en place d'un plan de culture national que j'ai exposé dans ma contribution suscitée. Pour être concret, je donne ci-après les grandes lignes de ce plan de culture sectoriel concernant les cultures stratégiques (céréales d'hiver, légumes secs, fourrages). 1)- Sole irriguée et irrigable, Voilà maintenant près d'une trentaine d'années que l'on nous ressort, toujours, à la veille de situation de stress hydrique, que pour sauver la production céréalière la solution réside dans l'irrigation d'appoint de celles-ci. Or, mis à part quelques rares situations, tout un chacun sait que les céréales sont emblavées dans les zones marginales dépourvues de ressources en eau, et que la quasi-totalité des terres irriguées sont accaparées par des «accro-bisness-mans» pour y installer des cultures spéculatives valorisant mieux cette eau tant convoitée. La situation caractérisant le marché mondial des produits agricoles essentiels à l'alimentation humaine et animale, commande que notre pays passe résolument à l'irrigation totale de ces cultures stratégiques qui doivent être relocalisées nécessairement dans leurs zones de prédilection pour sécuriser la production. C'est à cette fin que je préconise de réserver une sole irriguée d'un demi-million d'ha pour y cultiver, en alternance sur l'année, de la pomme de terre d'arrière-saison et du blé dur. Il est toujours utile de rappeler les avantages agro-économiques très significatifs qu'offre cet assolement rotation: la pomme de terre, une plante sarclée nettoyante, permet de semer, sans attendre les pluies, le blé dur sur un sol bien préparé, humide et riche en fumure résiduelle favorisant une levée rapide, homogène et de réduire substantiellement le temps de travail, les quantités d'engrais et d'eau, et les dépenses. Avec un tel précédent cultural et une application compétente et vigilante des itinéraires techniques appropriés, on est quasiment sûrs d'obtenir un rendement moyen situé entre 80 et 100 quintaux par hectare, voire plus. 2)- Sole sèche conduite en pluvial : Il s'agira de réaliser, préalablement, un travail de terrain pour identifier scientifiquement les terres favorables aux grandes cultures et de les classer par isohyète et par aptitude afin d'implanter chaque culture dans sa zone de prédilection: - isohyète 550 mm et plus de pluie: Il s'agira d'affecter un million d'hectares réunissant les meilleures conditions naturelles favorables aux cultures stratégiques (blé dur, légumes secs, fourrages...) Il convient de noter que les légumineuses alimentaires et fourragères plantes nettoyantes, semées pour enrichir le sol en azote naturel et produire des grains et de la paille, sont à considérer comme une façon culturale destinée à préparer le lit de semence des céréales d'hiver. Autrement dit, c'est le retour à la pratique éprouvée de jachère cultivée qui permet de réaliser un double objectif : atteindre le zéro jachère et réinstaller un assolement-rotation idéal pour le blé dur conduit en pluvial. Avec un tel précédent cultural et une application compétente et vigilante des itinéraires techniques appropriés, il est permis d'attendre un rendement moyen calculé sur 5 ans de 40 quintaux par hectare, voire plus. -isohyète comprise entre 550 et 350 mm de pluie : Y seront emblavés l'orge destinée à l'alimentation humaine et animal, certains fourrages et le blé tendre. - isohyète inférieure à 350 mm de pluie : Les terres qui s'y trouvent sont à restituer aux parcours steppiques, et aux reboisements forestiers dans le cadre du barrage vert. Une telle décision s'impose pour réparer, un tant soit peu, les dégâts causés à nos hauts plateaux steppiques et nos coteaux par la colonisation. Le passage à l'irrigation totale des céréales en association avec la pomme de terre, et la pratique de la céréaliculture et des légumineuses sur les zones de prédilection situées naturellement dans le nord du pays, tel que préconisé par cette ébauche de plan national de culture sectoriel, ne manqueront pas de générer les effets positifs suivants : - la production de ces trois soles permettra de satisfaire amplement les besoins de la population en céréales, légumes secs, pomme de terre, et des cheptels en fourrages et sous-produits de récolte. Naturellement, la consommation de la pomme de terre va atténuer considérablement la pression sur les céréales et ramener la consommation de céréales par habitant à un niveau raisonnable situé par nos planificateurs à 125 kg. - la quantité de semences céréalières nécessaire actuellement pour emblaver annuellement les 3,5 million d'hectares estimée à quelques 5 millions de quintaux sera revue à la baisse induisant une réduction substantielle des quantités de blés estimées à 2,5 millions de quintaux de céréales à orienter vers la consommation. - la réduction importante des quantités de produits de traitements phytosanitaires et d'engrais, - le plan de charge de l'encadrement technique du programme sera ramassé, - la réduction substantielle du temps des travaux au sol et de récolte qui permettra de raccourcir sensiblement la durée des campagnes labours semailles et moissons battages qui se traduira par la réduction des risques encourus par une récolte pendante (grêle, incendies, égrainage, sabotage...) - la balance dépenses - recettes, affichera raisonnablement, un solde largement positif tel qu'il ne sera plus nécessaire de subventionner directement les productions. Sans être exhaustive, à cette énumération d'avantages il faut ajouter le gain considérable de temps et d'argent et l'inestimable satisfaction que procure la réalisation de notre indépendance alimentaire sécurisée sur les produits de large consommation de notre population et de nos élevages. La Démographie : En 60 ans, la population algérienne est passée de 10 millions à environ 40 millions, tandis que la production céréalière est restée, pour un certain nombre de raisons et de facteurs conjoncturels et structurels largement connus, stagnante. De ce fait, le ratio nombre de m²/habitant a connu mécaniquement un effondrement par rapport aux années 1960. Il faut admettre que la démographie galopante que connait le pays peut contrarier considérablement, voir annihiler, les efforts consentis pour améliorer, quantitativement et qualitativement, les productions agricoles et de la productivité. Celles-ci ne connaitront certainement pas la même évolution que les besoins toujours grandissants induits par cette croissance démographique débridée et l'aspiration des citoyens à améliorer leurs repas quotidiens. De ce fait, il est à craindre que le niveau de satisfaction de la population en produits de base risque de perdurer surtout si l'on continue à produire pour spéculer ou pour exporter. Cette situation, au demeurant très sensible, nous interpelle sérieusement. Place à l'agronomie et aux porteurs de progrès: Il faut garder nécessairement à l'esprit qu'en agriculture on travaille sur du vivant. Chaque plante se reproduit et croît selon son rythme biologique que l'humain ne peut accélérer, même à coups de perfusions. Il est bon de rappeler aussi que pour produire des céréales,..., dans des conditions de conduite et de soins irréprochables, il faut toute une année de labeur, de vigilances pimentées de stress et d'embûches. Et que pour permettre à la plante de se développer, dans les conditions favorables à l'expression de son potentiel génétique, il est important de réduire sérieusement le temps de préparation des lits de semence pour semer aux dates prescrites par les itinéraires techniques. L'avenir a-t-on dit, appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Pour rappel : en céréaliculture, il est établi de manière scientifique que le non-respect des dates de semis et de récolte, et les mauvais entretiens et réglage de la vitesse de travail des moissonneuses batteuses qui doit être paramétrée en fonction des données de chaque parcelle, engendrent une perte de récolte pouvant atteindre un tiers de la production escomptée, voire plus. Autrement dit, en agissant sur ces trois facteurs importants de manière responsable, on peut réaliser un gain minimal de rendement estimé à 35% et de production évaluée en millions de quintaux. Il est toujours bon de rappeler que le calendrier cultural de chaque culture, élaboré en tenant compte de son l'itinéraire technique, (il part de la préparation du lit de semence à la récolte en passant par toutes les étapes du développement végétatif) requière l'exécution des travaux et soins dans le respect des différentes dates et une vigilance accrue durant tout le cycle végétatif. Il va sans dire que tout retard, négligence, erreur ou insuffisance de traitement et de choix des cultures, engendrent des conséquences négatives sur le niveau et la qualité des productions, voire, carrément, le sinistre. Il est fort regrettable que l'on continue, en dépit du bon sens, à emblaver des sols situés dans des zones dont la pluviométrie, en termes de volume et de répartition dans le temps, est très en-deçà des besoins minimaux en eau de la plante. Ce qui est grave, c'est le fait que l'on continue, pour des raisons difficiles à saisir, car irrationnelles, à emblaver des sols situés dans ces zones réputées défavorables et non adaptées aux cultures céréalières. Cette façon de faire est à l'origine : - de conséquences négatives sur le niveau de production prévisionnelle attendue, mettant ainsi en péril le taux de satisfaction des besoins nationaux en produits agricoles essentiels, voire notre indépendance alimentaire. - un énorme gaspillage d'intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires...), des moyens matériels, financiers et humains engagés dans cette opération qu'on sait, à l'avance, très hypothétique. - et de dégradation par des labours superficiels favorisant les érosions pluviale et éolienne des centaines de milliers d'hectares situés dans les zones steppiques et les coteaux que l'on continue d'arracher à leur vocation originelle. Pour un agronome, la meilleure façon de mesurer son apport à l'agriculture reste l'évolution qualitative et quantitative du rendement et du produit, avec en prime la réduction du coût de production. Il sait aussi que le chiffre d'affaire en agriculture ne reflète pas la situation de la production agricole et que sans le soutien massif des prix à la production et des subventions des engrais, du matériel et l'appui technique, la culture des céréales, disparaitrait, comme c'est le cas pour les légumineuses alimentaires et fourragères, délogées de leurs zones de prédilection naturelle ... par des cultures spéculatives qui ont colonisé les soles qu'elles occupaient. Et c'est souvent à son corps défendant qu'il enregistre que le rendement moyen de la céréaliculture a connu une inquiétante stagnation qui s'explique par : -le manque d'intérêt accordé à la culture par les exploitants «accro biseness man» qui ne manquent pas de rogner sur l'itinéraire technique préconisé pour chaque culture au profit des cultures spéculatives et à court cycle végétatif, l'arboriculture exotique plus facile à conduire et à surveiller, la viticulture...qui rapportent gros. - les difficultés qu'éprouvent des producteurs agricoles vivant de leur labeur à accéder aux crédits de campagne et d'investissements agricoles. - les prix prohibitifs et les conditions dissuasives imposées par le marché libre de location de matériel agricole favorisés par l'absence d'un réseau de coopératives de services contraignent les producteurs agricoles vivant de leur labeur à renoncer à l'exploitation de leurs terres. - la gamme de variétés cultivées est des plus réduite. À titre d'illustration : sur les 60 variétés de blé dur homologuées et inscrites au catalogue national, 06 variétés semées sur tout le territoire national, occupent 84% des superficies emblavées. - l'apport scientifique et technique, au regard des rendements obtenus est loin des attentes. Et pour faire bonne figure, il se trouve des professionnels de l'esquive et de la transformation du négatif en positif pour dire que «grâce à nos efforts soutenus nous avons amélioré cette année le chiffre d'affaire réalisé par la céréaliculture», oubliant de dire au passage que cette amélioration n'est pas le fait de leur action, mais le fait de versement de subvention de la production par le Trésor public. Exploiter rationnellement les potentialités hydro-agricoles que recèle notre pays requiert, indéniablement, l'utilisation des acquis techniques, technologiques et scientifiques, ainsi que les connaissances qui ne détruisent pas la vie en général, (des sols de la faune de la flore, des animaux, de l'air de l'eau et des humains. Faire le contraire c'est le retour à l'archaïsme ; Pour conclure cette modeste contribution, il m'est apparu utile de préciser qu'à travers la mise en œuvre de ces propositions, éventuellement enrichies par les pouvoirs publics, il est attendu, à l'évidence, de mettre de l'ordre dans ce segment vital de notre économie nationale au demeurant extrêmement sensible qui nous concerne tous. Le but ultime étant la réalisation de l'indépendance alimentaire sécurisée du pays et son corollaire le renforcement de la souveraineté nationale. *Agronome 1. La filière blé en Algérie, par : Abdelhamid Bencharif, Claudine Chaulet, Fouad Chehat, Mohamed Kaci, Zoubir Sahli. Editions KARTHALA-CIHEAM : Juin 1996. |
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