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![]() ![]() ![]() Donald Trump, la diplomatie de l'humiliation : comment Kim Jong-un l'a retourné
par Salah Lakoues ![]() De
retour à la Maison Blanche en 2025, Donald Trump impose
un style diplomatique autoritaire, brutal, souvent humiliant pour ses partenaires.
Il rabaisse ses alliés, méprise les chefs d'États africains, tente de dominer
les dirigeants les plus fragiles. Mais un homme a su déjouer ce jeu : Kim
Jong-un. Pendant que les autres baissaient la tête ou tentaient de résister, le
leader nord-coréen a flatté Trump, manipulé son ego...
et gagné du terrain. Ce théâtre de rapports de force cache une réalité plus
profonde : le déclin du soft power américain, visible jusque dans les élites
technologiques comme Elon Musk.
La diplomatie du mépris, marque de fabrique de Trump Depuis son retour à la présidence en janvier 2025, Donald Trump a repris exactement là où il s'était arrêté : un style brutal, tourné vers l'image, la domination symbolique, le spectacle. Pour lui, la diplomatie n'est pas un espace d'équilibre, mais une scène où il joue le rôle du «patron du monde libre». Il distribue les tapes dans le dos, les coups d'œil moqueurs, les interruptions publiques, les compliments empoisonnés. Ce n'est pas de la diplomatie, c'est un bras de fer permanent. Et dans ce jeu, plus personne n'est à l'abri. Macron, Zelensky et les chefs d'État africains: humiliations en série Emmanuel Macron, affaibli politiquement, subit des gestes condescendants : interruptions, sourires sarcastiques, critiques à peine voilées sur l'état de la France. Trump le traite comme un vassal ingrat. Volodymyr Zelensky, reçu en mai 2025 à la Maison Blanche, doit écouter Trump minimiser l'agression russe, l'interrompre, et parler en son nom. Le président ukrainien devient un figurant obligé de remercier « la générosité américaine ». Mais c'est envers les dirigeants africains que l'humiliation atteint un sommet. Le 9 juillet 2025, Trump reçoit cinq chefs d'État à Washington : Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie) Bassirou Diomaye Faye (Sénégal) Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon) Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau) Joseph Boakai (Libéria) La rencontre devient un monologue promotionnel : Trump évoque les « bons amis devenus riches en Afrique », sans poser de question, sans engagement stratégique. Les présidents sont rabaissés à des rôles de figurants, applaudissant un homme qui ne leur accorde ni respect, ni considération. Kim Jong-un, le stratège qui a compris Trump Contrairement aux autres dirigeants, Kim Jong-un n'a jamais affronté Trump. Il l'a flatté. Dès 2018, il comprend que l'ego de Trump est sa faiblesse. Il lui écrit des lettres «magnifiques». Il organise des sommets grandioses. Il met Trump au centre de la scène... et gagne du temps. Pendant que Trump se félicite d'avoir «fait l'histoire», Kim ne démantèle rien. Il garde ses missiles, renforce son programme nucléaire et obtient ce que Pyongyang n'avait jamais eu : une reconnaissance internationale directe. Kim l'a retourné, au sens politique du terme - avec méthode et efficacité. La chronologie d'un retournement 2018 (Singapour) : premier sommet historique, promesse vague de dénucléarisation. 2019 (Hanoï) : échec brutal du sommet, Trump se retire. 2019 (Zone démilitarisée) : Trump devient le premier président américain à entrer en Corée du Nord. 20182020 : plus de 25 lettres échangées, que Trump appelle «lettres d'amour». 20212024: gel sous Biden. 2025 : retour de Trump. Kim envoie un message de félicitations. Un quatrième sommet est en préparation. L'effet Kim... jusque dans l'OTAN Ce que Kim a osé, d'autres aujourd'hui l'imitent. À la dernière réunion de l'OTAN (2025), même le secrétaire général Jens Stoltenberg adopte un ton étonnamment flatteur à l'égard de Trump, saluant son «leadership décisif» et promettant que «les Alliés sont à l'écoute». Un langage qui évoque moins la diplomatie entre égaux que la cour d'un monarque autoritaire. Même les partenaires les plus proches comprennent qu'avec Trump, il faut flatter ou être humilié. Le Sud global se détourne Cette brutalité a un prix. Elle détruit ce qui faisait la force de l'Amérique : son pouvoir d'attraction. Le monde n'est plus ce qu'il était en 1991. Les pays du Sud, d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine, ne veulent plus être traités comme des subalternes. Ils observent. Ils notent les gestes, les mots, les humiliations. Et ils s'éloignent. Les étudiants étrangers hésitent à venir. Les intellectuels se tournent vers d'autres centres culturels. Les entreprises cherchent des partenaires en Chine, en Inde, au Brésil. Trump pense que l'Amérique impose encore sa loi. Mais ce qu'il impose aujourd'hui, c'est le dégoût. Elon Musk : le symptôme de l'Amérique qui doute Même Elon Musk, l'un des symboles du génie technologique américain, semble prendre ses distances. Critique envers Washington, ouvertement attiré par les marchés asiatiques, hostile aux normes américaines, Musk incarne une élite qui ne croit plus au système qu'elle a pourtant dominé. L'Amérique, sous Trump, n'inspire plus. Elle inquiète. Elle fatigue. Elle pousse à partir. Le faux dur et les vrais stratèges Trump pense imposer le respect par la force. Mais il sème l'humiliation, le cynisme, et le ressentiment. Kim Jong-un l'a compris et a gagné. Les chefs d'État africains, eux, ont été rabaissés. Les alliés européens sont réduits au silence poli. Et les élites technologiques, elles, s'interrogent sur leur avenir. L'arrogance n'est pas une stratégie. C'est le masque d'un empire qui doute. |
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