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![]() ![]() ![]() ![]() Alors
que certains médias, à l'exemple - Journal de Montréal- présentent l'alliance sino
russe comme une menace existentielle, des voix s'élèvent dans le Sud global
pour dénoncer une rhétorique de guerre qui cherche à restaurer la suprématie
occidentale. Face aux tensions croissantes, la paix ne passera ni par les
missiles, ni par les parapluies nucléaires, mais par le respect des
souverainetés, le dialogue et un nouvel équilibre mondial.
- Pour un monde multipolaire de paix Un récent article titrait sans nuance sur la menace sino-russe et les hésitations de Trump, suggérant qu'une guerre entre l'Occident et l'axe Pékin-Moscou serait inévitable. Ce type de récit s'inscrit dans une logique ancienne, binaire, où le monde serait divisé entre «démocraties vertueuses» et «autocraties menaçantes». Pourtant, cette grille de lecture ne correspond plus à la réalité géopolitique d'aujourd'hui. Elle ne fait que nourrir une rhétorique guerrière destinée à justifier la remilitarisation de l'Europe, la marginalisation des puissances émergentes et le maintien de privilèges stratégiques hérités de la guerre froide. - L'axe sino-russe : une réalité instrumentalisée Oui, la Chine et la Russie coopèrent. Mais croire qu'elles constituent un bloc homogène et agressif, prêt à déclencher un conflit mondial, est une exagération stratégique. La Chine n'a pas soutenu militairement la Russie dans la guerre en Ukraine. Elle reste prudente, car sa puissance repose sur la stabilité des échanges internationaux. Quant à la Russie, elle n'est pas le prolongement militaire de Pékin. Leur coopération est une réaction à l'expansion de l'OTAN et à des sanctions économiques unilatérales, non un projet de domination globale. - Le vrai enjeu : la fin d'un monde unipolaire Ce qui inquiète les stratèges occidentaux, ce n'est pas tant une guerre réelle que la fin de leur suprématie mondiale. Depuis l'effondrement de l'URSS, les États-Unis et leurs alliés ont imposé unilatéralement leur vision du monde. Mais aujourd'hui, ce modèle est contesté non seulement par la Chine ou la Russie, mais par l'ensemble du Sud global, de l'Amérique latine à l'Afrique, en passant par l'Asie du Sud. Ces pays ne souhaitent pas un monde dominé par Pékin ou Moscou, mais un monde multipolaire, où leurs voix comptent réellement, où la souveraineté est respectée, et où les décisions ne sont pas imposées par les seules puissances du G7. - La guerre comme projet politique L'article évoque la possible création d'un parapluie nucléaire franco-britannique, la militarisation des ports européens, et une hausse des dépenses militaires jusqu'à 5 % du PIB. Ce sont des signaux inquiétants : l'Europe, au lieu d'agir en médiatrice, se prépare à la guerre. Or, cette vision repose sur un postulat dangereux : que la guerre serait le seul moyen de préserver l'»ordre international». Mais quel ordre ? Celui qui tolère les bombardements à Gaza ? Celui qui nie les revendications des peuples colonisés ou marginalisés ? Celui qui impose des sanctions à certains États tout en armant d'autres sans scrupules ? Ce deux poids deux mesures ne passe plus. - Le Sud global ne sera pas le champ de bataille de l'Occident Les peuples d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie ne veulent pas être entraînés dans une nouvelle guerre froide. Ils refusent d'être des pions dans une rivalité stratégique qui ne les concerne pas. Ils aspirent à la paix, au développement, à la coopération équitable. Ils savent que ni la Chine, ni la Russie, ni l'Occident ne détiennent seuls la vérité ou la légitimité. La véritable alternative, c'est un multilatéralisme rénové, qui repose sur le dialogue, le respect mutuel, et la solidarité globale. - Une conscience nouvelle émerge Le Sud global n'est plus silencieux. Il s'est exprimé en refusant d'adhérer à des déclarations unilatérales sur l'Ukraine. Il l'a fait en dénonçant les crimes de guerre à Gaza. Il le fait chaque jour en construisant de nouvelles alliances, comme les BRICS élargis, l'Union africaine au G20, ou les accords de coopération Sud-Sud. Cette conscience mondiale ne veut pas détruire l'Occident, mais le ramener à la raison. À cette réalité que la domination n'est plus acceptable, que la guerre n'est plus soutenable, et que la paix ne se négocie pas avec des ogives nucléaires mais avec de la justice et de l'humilité. Face à ceux qui nous prédisent une guerre inéluctable contre la Chine et la Russie, nous répondons : la paix est possible. Mais elle ne viendra ni des missiles Patriot, ni des discours alarmistes, ni des anciens réflexes coloniaux. Elle viendra d'un monde rééquilibré, pluriel, humain. Le Sud global s'y engage pleinement -pour lui-même, et pour l'avenir de tous. |
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