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Un
neurochirurgien algérien raconte. De vraies histoires incroyables. Récits de
Mohamed Beloud. Casbah Editions, Alger 2025, 138
pages, 1000 dinars
Trente-deux histoires... incroyables mais vraies. Rapportées par un médecin, mais pas n'importe quel toubib. Cette fois-ci, c'est un neurochirurgien qui nous fait découvrir les réalités, bien dures, d'un médecin exerçant dans le service public, bien souvent dans des conditions matérielles assez difficiles. Faisant face à des malades et des maladies encore plus perturbantes, avec des moyens comptés... d'autant qu'il nous raconte un temps que les plus jeunes ne connaissent pas. Mais qu'il est intéressant pour eux de connaître, d'autant que l'auteur présente bien des détails sur sa spécialité... et sur ses patients. Il y dissèque le cerveau et... l'âme. Et, des situations ubuesques. On y rencontre donc des thématiques comme l'instinct maternel, la situation de la femme, «la misogynie», l'enfance martyrisée, trafic en médecine, l'erreur médicale, la jalousie, le manque d'empathie, l'égoïsme, la peur de la maladie, la folie, la cupidité, le trafic d'enfants, le mensonge, le voleur de cadavres, l'erreur médicale, l'enfance maltraitée, la haine des femmes, la schizophrénie, etc. On passe de l'étonnement à la stupeur et même à la frayeur... que le ton naturellement ou volontairement badin et le style intimiste arrivent difficilement à éviter. D'autant plus que l'on sait que toutes les histoires sont toutes vraies. Des histoires qui révèlent un grand malaise social et des citoyens lambda souvent perturbés. Ils dévoilent la faiblesse de l'homme face à l'adversité et à la mort. Voilà donc un ouvrage qui permet de mieux appréhender l'homme dans sa détresse et sa souffrance. Hélas, certains dérapent par des comportements inadéquats et excessifs d'où ces histoires qui, parfois, donnent froid dans le dos. L'Auteur : Plus de vingt-cinq ans d'exercice dans plusieurs villes du pays (Oran, Mostaganem, Alger, Mascara...). Chef de service dans un hôpital public et expert judiciaire auprès des tribunaux. Déjà trois romans (consultables en ligne). Extraits : «Un être humain peut mentir devant un juge, dans un confessionnal ou même devant son propre miroir, mais jamais devant un neurochirurgien qui s'apprête à l'opérer, car celui-ci est son dernier rempart contre la mort » (p10), «Nous avons la chance en Algérie, comme quasiment dans tous les pays africains, de pratiquer la médecine dans des sociétés qui croient que le médecin a quelque chose à voir avec une divinité» (p 58), «Avec tout ça, on (note : un patient cancéreux)n'a jamais cessé de travailler pour le pays, fructifier la terre, construire des pipelines, stopper l'avancée du désert...Tant de sacrifices... je me demande si ce n'est pas nous, les vrais héros de la Révolution...» (p126), «Un silence de plomb s'est abattu sur nous deux. Il (note : un patient cancéreux) avait tout compris, depuis le début. Il voulait une confirmation de la bouche, et il l'a lue dans mes yeux» (p126), «Enfant, quand des adultes me demandaient ce que je voulais faire plus tard, je répondais que je ne savais pas. Aujourd'hui, je sais que j'ai fait le bon choix. Tout mais pas juge» (p 135). Avis : C'est toujours intéressant de connaître, du dedans, une profession, grâce à un récit intérieur. Raconté par un professionnel qui sait que le stylo est parfois plus difficile à manier que le scalpel. Attention, Mr l'éditeur, de nombreuses «coquilles» ! Citations : «La lecture se perd chez nous. A croire que l'oralité est ce qui marque profondément notre culture. Chez nous, écrire des papiers ne sert vraiment à rien... après tout, faudra-t-il accepter notre destin de conteurs, de griots et autres meddahs» (p 47), «A croire que les hommes sont comme les sardines, ils commencent à pourrir par le haut» (p 68), «Peut-on changer du tout au tout d'un jour à l'autre. Devenir brusquement quelqu'un d'autre ?Un étranger à soi-même ? Oui.» (p 92), «Face aux tragédies, les masques tombent, révélant la nature profonde des hommes» (p110), «Quand un médecin écoute son malade, c'est toujours avec deux oreilles, l'une intéressée par l'histoire de la maladie, et l'autre par l'histoire de l'homme qui porte la maladie, et ce sont deux histoires complètement différentes» (p127). Histoires de la chirurgie. Jeux de mains, jeux de mots. Essai de Mustapha Maaoui. Casbah Editions, Alger 2023, 156 pages, 800 dinars Voilà un livre qui, au départ, se propose de résumer l'histoire de la chirurgie, de la Préhistoire à nos jours en se basant tout particulièrement sur l'histoire parallèle de la main. Un rapprochement pas si évident que ça. Et pourtant, car au fil du cheminement on va passer du palpable au virtuel. A travers un long, très long itinéraire empruntant des trajets aussi complexes et compliqués que ceux des conquêtes, des migrations, de la propagation des civilisations, des religions, des épidémies, des accidents domestiques ou de chasse, des douleurs à surmonter... Avant toutes les prestations, nous précise l'auteur, il y avait eu la première d'entre elles, d'un point de vue aussi bien chronologique qu'émotionnel, celle qui donne la vie : l'aide à l'accouchement. La suite est un long fleuve pas tranquille du tout. Avec ses audaces et ses possibilités d'aller plus en profondeur en matière d'explorations et de gestes opératoires. Avec ses progrès techniques. Avec ses facteurs limitants. L'auteur, en médecin spécialisé et chirurgien au long cours, n'a pas perdu de vue, tout au long de son ouvrage, l'outil premier et essentiel de l'œuvre chirurgicale. La main (et le cerveau qui la guide), bien sûr ! (...) Autre chapitre émouvant, celui consacré à quelques grandes figures de la chirurgie nationale aujourd'hui disparues... Et pour clore la réflexion, une interrogation légitime sur l'évolution de la chirurgie, «art à la croisée de plusieurs sciences». L'Auteur : Né en août 1946 à Batna. Médecin, professeur de chirurgie (Alger). Etudes de médecine, entamées au milieu des années 60 à l'Université d'Alger.. A vécu des périodes charnières majeures Sommaire : Préambule/ La main dans tous les sens et dans tous ses états/ La naissance de la médecine et de la chirurgie/ La chirurgie est-elle un art ou une science ?/Quand la réalité rejoint la fiction ou la vraie vie/ Histoires de chirurgie en Algérie durant la colonisation/ Quatre histoires dans l'Algérie post indépendante/ Deux histoires sous les feux de l'actualité/ Y a -t-il un pouvoir chirurgical ?/In memoriam : Pr Roche, Pr Touchène, Pr Bekada Hadj Belmhel, Pr Djilali, Yahia Guidoum, J-P Grangaud, Pr M. Hassani / Ad Vitam : Postfaces du Pr M. Zitouni et du Pr O. Aktouf/Références bibliographiques. Extraits : «L'Histoire est émaillée de guerres suivies d'épidémies, toutes deux grandes pourvoyeuses de morts. Les secondes étant souvent plus mortelles que les premières. Entre la germe ou le virus et la mitraille, la part belle revient régulièrement aux pathologies infectieuses» (p 68), (Durant la colonisation) il n'y avait pratiquement aucun chirurgien algérien, car la carrière était conditionnée par un parcours hospitalo-universitaire qui était une chasse gardée des Européens. Les deux domaines qui attiraient les indigènes étaient le droit et la médecine, mais s'ils pouvaient s'y inscrire, ils étaient canalisés inexorablement vers une pratique médicale de campagne ou vers un métier de plaideur de petites chicaneries, désignés alors par le vocable réducteur de toubib pour le carabin ou d'oukil pour le clerc de la basoche «(p 91),(...) Avis : Un essai (mais pas que !) qui démarre assez fort..L'art de raconter... l'art d'écrire... et quelques «révélations historiques». Un chirurgien artiste... on aura tout vu ! Citations : «En amour, c'est comme au poker : si on n'a pas un bon partenaire, il est très utile d'avoir une bonne main» (p 21), (...), «La chirurgie est l'œuvre de la main : c'est une définition en partie vraie, mais incomplète. La main est guidée par le cerveau qui lui dicte les gestes à réaliser. Elle est tempérée par le cœur pour ne pas faire n'importe quoi.» (p 31), «On a souvent posé la question de savoir si la médecine (ou la chirurgie) était un art ou une science, et la réponse satisfaisante ne semble pas avoir encore été trouvée» (p 31), «Les périodes dans lesquelles il y a le plus d'illuminés sont celles où il y a le moins de gens éclairés» (p 46), (...), «On peut devenir chirurgien, on naît artiste» (Henri Bergson. Discours à la réception de l'Académie française le 24 janvier 1918, cité p 80) (Fiche de lecture déjà publiée mars 2024.Extraits pour rappel. Voir in www.almanach-dz.com/sante/bibliotheque dalmanach) |
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