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Sahara Occidental: L'Algérie remet les pendules à l'heure !

par Ghania Oukazi

  Dans un droit de réponse à ce qu'elle a qualifié d'«allégations fallacieuses et mensongères du Maroc», la délégation algérienne à New York a tenu à réaffirmer que «la question sahraouie est et restera une question de décolonisation jusqu'à ce que le peuple du Sahara Occidental exerce son droit inaliénable à l'autodétermination».

C'est un droit de réponse que la délégation a exercé lors d'une séance de la 77ème session de l'Assemblée générale de l'ONU qui se tient à New York du 20 au 27 du mois en cours, et ce, «pour réfuter les allégations trompeuses et saisonnières du représentant du Maroc dans une tentative désespérée d'exploiter, à chaque fois, les tribunes pour répandre sa propagande et ses mensonges au sujet du conflit du Sahara Occidental». En rappelant la nature juridique du conflit au Sahara Occidental, la délégation s'est arrêtée sur «le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination à travers un référendum libre et équitable, comme l'ont confirmé toutes les résolutions des Nations Unies, depuis que ce conflit est à l'ordre du jour des Nations Unies, conformément aux résolutions 1514 et 1541 de l'Assemblée générale». Résolutions qui, dit-elle, «désignent également et de manière claire les deux parties au conflit : le Maroc et le Front Polisario, internationalement reconnu comme le seul représentant légitime du peuple du Sahara Occidental». Et, souligne-t-elle, «quant à la question de la prétendue solution d'autonomie imposée comme seule solution, elle représente un précédent qui menace les fondements de la légitimité internationale et la Charte des Nations Unies, et contredit la doctrine bien établie des Nations Unies en matière de décolonisation».

Autre rappel de la délégation algérienne, «le mécanisme des tables rondes» que le Maroc veut imposer pour discuter du conflit mais que l'Algérie rejette parce qu'elle le qualifie d'«inefficace et d'improductif». Et «comme à son habitude, le Maroc fidèle à son approche coloniale, a exploité ce mécanisme pour tenter désespérément d'introduire la confusion à la nature du conflit, de contourner la légitimité internationale et transformer la nature du conflit d'une question de décolonisation en un conflit bilatéral», regrette-elle.

La délégation algérienne charge le Maroc à New York

S'agissant de l'accueil par l'Algérie des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, à partir du 31 octobre 1975, dit la délégation, «il est le résultat de l'occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc, après le départ de l'ancienne puissance coloniale». Elle affirme ainsi que «l'Algérie reste convaincue que la question du recensement des réfugiés est une question purement technique et fait partie intégrante d'un plan politique global, dans le cadre du plan de paix adopté par les Nations Unies, en 1990. Quant au volet lié au recensement il n'a de sens que s'il s'inscrit dans le cadre d'un référendum juste et libre, visant à permettre au peuple du Sahara Occidental d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination, conformément à la légalité internationale». La délégation algérienne conclut : «Quant aux fausses allégations et calomnies que le Maroc promeut sur les relations présumées des réfugiés sahraouis avec des groupes terroristes, ce n'est qu'un nouvel épisode d'une misérable série visant à déformer la lutte du peuple du Sahara Occidental qui aspire à exercer son droit à l'autodétermination à l'instar de tous les peuples du monde». Dans le même ordre d'idées, la Cour africaine des Droits de l'Homme et des Peuples a rendu, jeudi, un arrêt qui stipule que «tous les Etats membres de l'Union Africaine (UA) sont appelés à trouver une solution permanente à l'occupation marocaine du Sahara Occidental et assurer la jouissance du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». L'Arrêt a été rendu à Arusha (Bénin), après le dépôt d'une Requête (n° 028/2018) par «un plaignant, un activiste ghanéen» qui «attaque 8 États africains pour le non-respect des dispositions de l'Article 20 de la Charte africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, s'agissant du peuple du Sahara Occidental et de son droit à l'autodétermination, à travers leur appui à l'admission du Maroc à l'Union Africaine en 2017». Le choix des pays concernés, est-il écrit dans la requête «s'explique par le fait (...) qu'ils ont ratifié le Protocole relatif à la Cour africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, ont fait la Déclaration facultative d'acceptation de la juridiction obligatoire de la Cour pour les plaintes déposées par les individus ou les ONGs, sous l'article 36 (4) du Protocole, au moment du dépôt de la plainte».

«Affirmer le caractère d'occupation du Sahara Occidental»

Comme attendu, «la Cour a conclu sur la difficulté d'établir la responsabilité de ces États tiers pour le non-respect des dispositions de l'article 20 de la Charte africaine, à travers leur simple appui de l'adhésion du Maroc à l'UA en 2017». L'important est que la «Cour d'Arusha a abordé et s'est prononcée sur des aspects accessoires de l'affaire : - Affirmer avec insistance et sans équivoque le caractère d'occupation des territoires sahraouis contrôlés par le Maroc, - Affirmer qu'aux yeux de l'Union Africaine, mais également de l'Organisation des Nations Unies, la question du Sahara Occidental est une affaire d'occupation et de décolonisation (...)». Enfin, «la Cour a reconnu que l'occupation du Sahara Occidental est incompatible avec les dispositions de l'Article 20 de la Charte (...)».

En conclusion, «une lecture superficielle de l'arrêt peut conclure que la Cour d'Arusha a enfoncé des portes déjà ouvertes. Toutefois, les arguments déployés tout au long de la sentence constituent un arsenal juridique infaillible pour battre en brèche la légalité de l'ouverture des pseudos Consulats par certains pays (Africains) dans les villes occupées du Sahara Occidental. L'arrêt de ce jour constituera, indéniablement, une base solide pour les actions juridiques, à envisager à l'avenir, aux échelles africaine et internationale», est-il noté.