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![]() ![]() ![]() ![]() « La mort de l'eau est plus
songeuse que la mort de la terre : la peine de l'eau est infinie ». Gaston
Bachelard (L'Eau et les rêves)
Geronimo serait sans conteste l'Amérindien le plus connu de la planète. En dépit des croyances populaires et contrairement aux idées préconçues, il n'a jamais été le chef d'une tribu. Beaucoup lui reconnaissent pourtant cette qualité qu'il n'a ni cherchée ni revendiquée. Il n'était pas non plus un chef de guerre sanguinaire et terrifiant ; il a vécu, plus que les autres, des tragédies et subi des injustices, qui, peut-être, l'ont conduit à mener des batailles, à causer des morts, à perpétrer des cruautés et à s'écarter de ce qu'il était ou aurait pu être. Geronimo, un Chiricahua, issu de l'une des six tribus des Apaches, était un visionnaire et un ardent défenseur du développement durable. Il y a de cela près de 150 ans, Geronimo, qui n'a pas fait de grandes écoles, n'a pas dirigé de laboratoires de recherche, n'a pas mené des travaux sur les changements climatiques, sur le développement durable et sur la consommation responsable, évoquait déjà, avec une précision déconcertante et une éloquence prêtée souvent aux grands auteurs, le développement durable ou soutenable, le jour du dépassement de la terre et l'empreinte carbone. « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors on saura que l'argent ne se mange pas ». Dixit Geronimo. Le développement durable, soutenable pour d'autres, viendrait en opposition à la consommation effrénée prônée par Elon Musk et Mark Zuckerberg, partisans du retour sur investissement, de la maximisation de la valeur et de la croissance à l'infini. Le développement durable viendrait réveiller l'homme de sa transe et lui rappeler ses devoirs de sobriété. En 2015, ce sont 193 nations, dont l'Algérie, qui ont adopté les 17 Objectifs des Nations Unies pour le Développement Durable à l'horizon 2030. Dix-sept (17) objectifs interconnectés qui dépendent de notre façon à imaginer un futur souhaitable, un futur à construire ensemble, et les mesures à mettre en œuvre pour le faire advenir. Si l'optimisme m'était conté, conscient, je m'inscrirais volontiers dans son sillage et dirais, haut et fort, que les dix-sept (17) objectifs, dans leur entièreté, dépendent de l'eau. Mais je ne le serai pas aujourd'hui, je serai un tantinet réaliste. Sur les dix-sept (17) objectifs de Développement Durable à l'horizon 2030, dix (10) sont en relation directe avec l'eau. L'Objectif N°1 : « pas de pauvreté » : l'irradiation de la pauvreté passe par l'assurance de la nourriture, une eau potable et l'accès à des installations sanitaires dignes. L'Objectif N°2 : « faim zéro » : la lutte contre la faim est tributaire de l'amélioration de la productivité agricole et l'accès à des ressources en eau abondantes. L'Objectif N°3 : « bonne santé et bien-être » : la jugulation des menaces qui pèsent sur le climat et l'environnement et la lutte contre les maladies passent également par une eau saine, abondante et abordable. L'Objectif N°6 : « eau propre et assainissement » : l'eau est au cœur de cet objectif. L'Objectif N°7 : « énergie propre et coût abordable » : la lutte contre les déserts énergétiques cadre avec cet objectif, investir dans le solaire, l'éolien et autre procédé renouvelable permet également de produire de l'eau à des coûts abordables et raisonnables. L'Objectif N°11 : « ville et communauté durable» : sans une eau potable, saine et abordable point de durabilité. L'Objectif N°12 : «consommation et production responsable» : maîtrise de l'empreinte écologique, une agriculture et une irrigation responsable, lutte contre le gaspillage et gestion saine des ressources. Il est aussi question d'eau pour : L'Objectif N°13 : « mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques» : de faon à préserver les ressources et particulièrement les ressources en eau. L'Objectif N°14 : «vie aquatique» : plus de trois (03) milliards de personnes doivent leurs moyens de subsistance de la biodiversité marine et côtière. L'Objectif N°15 : «vie terrestre» : même en évoquant la vie terrestre, l'on est contraint d'admettre le rôle plus qu'essentiel de l'eau. Les végétaux fournissent près de 80% de notre alimentation et l'eau y est essentielle pour la vie végétale. Alors, mon message s'adresse à toutes les femmes et les hommes qui travaillent pour l'eau, dans tous les pays du monde : vous êtes au cœur de dix (10) sur dix-sept (17) des Objectifs des Nations Unies de Développement Durable à l'horizon 2030. La mission est capitale, l'enjeu incommensurable et le but plus qu'honorable. L'Algérie, pour sa part, a réalisé des investissements incomparables dans ce segment stratégique, au cœur non seulement des Objectifs de Développement Durable mais aussi et surtout de sécurité nationale. La solution du recours au dessalement jadis contestée est aujourd'hui, pour les résultats réalisés, plébiscitée en chœur. Renforcée par l'introduction réfléchie et méthodique de sources d'énergie renouvelable pour réduire l'empreinte carbone en droite ligne avec la stratégie nationale de transition énergétique et les Objectifs de Développement Durable. L'eau est une source vitale, qui suscite des tensions et des conflits aussi bien à l'international qu'à l'échelle locale et régionale. On recense près d'un millier de conflits autour de l'eau dans le monde depuis 2010. Les instances internationales et notamment celles chargées de la sécurité et de la défense estiment que le l'eau sera probablement la première source de conflits sur la planète. Contrairement à ce qu'on peut croire, les conflits autour de l'eau n'existent pas qu'en Afrique à l'exemple de celui de l'Egypte et de l'Ethiopie autour du Nil. Les Etats-Unis avec la Canada, le Canada et le Groenland autour de l'utilisation des glaciers pour la fabrication de l'eau douce, la France et la Suisse autour du débit du Rhône et enfin le Portugal et l'Espagne autour du Tage. Dès qu'il est question d'eau, les choses se compliquent, elles se complexifient. L'eau est une chose commune dont l'usage est commun à tous sans exclusion. Il est, aujourd'hui, temps de comprendre que cette ressource commune devrait être un élément de réunion pas de division, un élément de coopération pas de compétition, elle devrait en toute logique être vecteur de paix pas de conflit. Enfin, même s'il est de notre devoir à tous d'œuvrer afin d'améliorer les conditions de sa production, de réduire les charges de toute nature liées à sa consommation, lutter constamment et ardemment contre son gaspillage, il demeure entendu que parler de coût à ce niveau est simpliste et non productif. A l'échelle cosmique, disait l'astrophysicien Hubert Reeves, l'eau liquide est plus rare que l'or. Alors, quel serait le coût acceptable pour vous ? |
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