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Trois convictions algériennes

par Amine Bouali

Trois convictions antagonistes s'affrontent actuellement (et peut-être même depuis longtemps) au sein de la société algérienne : la première conviction (ou opinion) soutient mordicus et apparemment en contradiction avec la réalité, que tout va pour le mieux dans notre pays, l'Algérie, que nous habitons un paradis sur terre, que notre bilan est extrêmement positif, que nous sommes cent fois plus riches que Crésus, que nos villes sont les plus propres et les moins polluées du continent, que nos universités et nos hôpitaux sont les plus performants des pays en voie de développement, que nous sommes les citoyens les moins intolérants et les plus malins de la planète, que nous ne nous trompons presque jamais et lorsque par hasard nous le faisons, c'est uniquement par modestie.

La seconde conviction, à la limite du nihilisme, affirme au contraire que les carottes sont cuites dans notre pays, que les dés sont pipés, qu'il est déjà trop tard, que les maux qui taraudent notre société y sont profondément ancrés et qu'il est très difficile, voire impossible de les extirper, que nous sommes devenus malheureusement de simples tubes digestifs, que nos écoles ne forment malheureusement que des futurs chômeurs, que nous passons notre temps à nous leurrer et à nous monter la tête, alors que nous sommes, comme dirait l'autre, au bord du gouffre et que nous faisons chaque jour un pas en avant.

La troisième conviction qui se situe à équidistance des deux précédentes, avance pour sa part que l'Algérie, certes, n'a pas tout réussi dans ce qu'elle a entrepris depuis l'Indépendance, mais qu'elle a engrangé d'incontestables acquis matériels et intellectuels et qu'elle est capable de tirer la leçon des erreurs du passé pour rebondir ensuite comme une lionne. Les Algériens, quant à eux, ont des défauts mais aussi des qualités. Ils ne doivent pas craindre de se regarder en face et d'affronter la vérité pour avancer dans la vie et construire véritablement leur pays. Ils doivent se retrousser les manches, miser sur leurs jeunes compétences, sur l'audace et l'intelligence, car les avenirs radieux sont à ce prix.

Et vous, amis lecteurs, des trois convictions énumérées ci-haut, de laquelle vous sentez-vous le plus proche, laquelle vous paraît la plus objective et laquelle pensez-vous qu'elle pourrait amener le plus d'incidences positives sur la population algérienne en général, à court, moyen et long terme ?