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Le grand oublié

par Abdelkrim Zerzouri

Quel avantage peut rapporter au tourisme le reportage consacré par le quotidien «Washington Post» à l'Algérie ? Ce n'est pas rien que l'auteur du reportage, l'écrivain-journaliste Henry Wismayer, qui a voyagé dans plus de 100 pays et qui a à son actif plusieurs reportages traduits dans plusieurs langues et publiés dans de célèbres journaux et magazines comme New York Times, Washington Post Magazine, The Atlantic, The Guardian, Time Magazine et Wall Street, recommande de «promouvoir» le tourisme en Algérie. Et ce, au bout de son voyage qui l'a mené d'Alger, à Constantine, à Timgad et à Djemila, et bien sûr l'inévitable virée au Sud algérien. Cela peut effectivement constituer une référence pour les touristes, mais à condition d'y ajouter d'autres arguments plus pratiques pour augmenter le degré d'attractivité. Certes, le reportage est passionnant, mais il reste un exercice de style quand sur le terrain rien n'est fait pour mettre en valeur toute cette richesse naturelle. Il ne suffit pas seulement de littérature pour donner un coup de pouce au tourisme en Algérie. On serait naïf d'y croire. Car, pour promouvoir le tourisme, il faut plus d'imagination. Le tourisme fonctionne à plein régime en Tunisie et au Maroc, deux pays voisins qui, pourtant, n'ont pas tous les atouts touristiques dont bénéficie l'Algérie sur les plans naturel, historique et religieux. Pourquoi ? Parce que le tourisme est une industrie qui exige l'implication d'un bon nombre de secteurs d'activités et d'acteurs économiques privés et publics dans les domaines de l'hébergement, la réservation et le transport, l'organisation de séjours, de voyages, de vacances et de loisirs, ainsi qu'une bonne diligence des autorités publiques pour faciliter les déplacements des étrangers et rendre agréable leur séjour au pays. En somme, pour vendre une image touristique, il faut impliquer les professionnels nationaux et étrangers, ainsi que les Algériens eux-mêmes, jusqu'au citoyen lambda, qui doit naturellement s'accoutumer de la présence des touristes étrangers. Le capital humain est plus important que les atouts de la nature.

On devait songer à la relance du tourisme durant cette paralysie du secteur, au niveau mondial, imposée par la pandémie, mais la réalité est bien amère. Car, on est sorti de cette épreuve avec des dégâts insurmontables sur le court terme, notamment concernant la reconstruction du tissu des agences de voyages, très impactées par le Covid-19, ainsi que le renforcement et la diversification des infrastructures hôtelières qui n'ont en rien profité de cette période creuse due à la pandémie.

Pour résumer, le tourisme a été, et reste encore, le grand oublié dans les efforts de la relance économique, tant qu'on insistait sur ses capacités, avec l'agriculture, à participer au renouveau de l'économie nationale. Plus que dans n'importe autre secteur, le tourisme a également besoin de l'implication des professionnels étrangers. Enfin, peut-être qu'avec le nouveau code des investissements, on réussirait à attirer ces professionnels étrangers rompus à l'exercice de l'activité touristique pour promouvoir la destination Algérie.