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Pénuries, hausse des prix: Des appréhensions pour le Ramadhan

par El-Houari Dilmi

Envolée des prix des denrées alimentaires, tension persistante sur l'huile de table et le lait en sachet notamment, les Algériens, en raison de la dégradation de leur pouvoir d'achat, entament le mois de jeûne dans des conditions pour le moins difficiles.

Même si la saison agricole s'annonce sous des auspices favorables avec les importantes précipitations depuis une dizaine de jours et la fin annoncée de la pandémie de Covid-19, l'Algérien de la rue appréhende ce mois sacré, prévu samedi ou dimanche. Nombreux sont les citoyens qui se demandent, à juste titre, à quoi il faut s'attendre durant ce mois sacré, en matière de prix et de disponibilités des produits dont certains sont aujourd'hui absents des étals. C'est surtout l'augmentation rédhibitoire des prix des viandes, jusqu'à 2.000 DA le kilogramme pour les viandes rouges et entre 400 et 650 DA pour les viandes blanches, beaucoup de ménages risquent de se voir privés des produits carnés devenus hors de portée des bourses moyennes. Même si les autorités publiques rassurent quant à la disponibilité des produits alimentaires durant ce mois de tous les soucis, les spéculateurs et autres intermédiaires, sans scrupules, ne se feront pas prier pour déplumer le pauvre consommateur. Pour tenter de réduire les tarifs des viandes, les autorités ont procédé à la délivrance d'autorisations exceptionnelles pour l'importation de taurillons d'engraissement. En effet, les services du ministère du Commerce avaient annoncé, le 13 mars denier, que des apports de 54.500 tonnes de viandes rouges et 47.000 tonnes de viandes blanches seront injectées sur le marché avant le Ramadhan.

Le comportement du consommateur pointé du doigt

Et comme chaque année, pour faire face à la pénurie de certains produits et tenter de limiter des effets néfastes de la spéculation, le ministère du Commerce croit avoir trouvé la parade en ouvrant des points de ventes et autres de proximité pour venir au secours des familles démunies. Si certains taillent en pièces les commerçants qui ne font pas cas des préceptes de l'Islam et des règles de piété et d'entraide du mois de Ramadhan, d'autres pointeront du doigt l'incivisme de l'Algérien qui achète plus qu'il n'a besoin, provoquant, du coup, pénuries et autres envolées des prix. Or, il s'agit pourtant d'une loi économique de base, selon laquelle un produit trop demandé, voit son prix s'envoler presque mécaniquement.

Autre casse-tête, l'indisponibilité en quantités suffisantes de la semoule, indispensable dans les habitudes culinaires des Algériens, durant le mois de toutes les envies. Seule la datte peut-être, fruit indispensable à la rupture du jeûne, est disponible en grandes quantités cette année, avec des tarifs pour toutes les bourses. Jeudi devant les députés de l'APN, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a estimé que son département « n'assume pas la responsabilité des comportements de consommation des citoyens, nous produisons le double de nos besoins en produits alimentaires», a-t-il rassuré. Concernant le lait en sachets subventionné, Rezig a affirmé que son secteur a « adopté une nouvelle approche dans la distribution présentée au gouvernement, tenant compte de la densité de la population et du coût de distribution ». « Plusieurs mesures ont été prises pour assurer la distribution régulière de ce produit, dont le suivi du parcours de production et de distribution de la laiterie jusqu'au consommateur, l'interdiction de la vente conditionnelle aux laiteries et aux détaillants, la non-utilisation du lait en poudre dans la fabrication de produits laitiers et l'interdiction de l'utilisation de lait en sachets subventionné par les cafés, a-t-il souligné.