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Premier roman de Rabah Bedaouche: «Un prisonnier en permission», une histoire humaine

par Houari Barti

«Un prisonnier en permission» est le titre du premier roman de Rabah Bedaouche, jeune auteur qui avait déjà à son actif trois recueils de poésie : Sentier des plaies, Un arc-en-ciel en pleine nuit et l'Aube illuminée. Une histoire humaine, née dans un tribunal au prononcé du verdict contre le principal personnage, son ami. Un héros sans nom qu'il a baptisé «l'innocent». On y lit : «Le prononcé de la sentence vient de provoquer un énorme choc dans la salle, aussi bien pour moi que pour l'auditoire. Moi, qui ai veillé en espérant une relaxe ; me voilà plongé dans une sorte de paralysie morale... Cinq ans de prison ferme ! Une lourde, une trop lourde condamnation ! Mais pour quelle raison, hein ? La question demeurera un Livre ouvert, un point d'interrogation tout au long de ma vie...» Voilà donc comment est né «Un prisonnier en permission». Un baptême tonitruant à l'écriture romanesque, rythmé par les méandres d'un imaginaire poétique tourmenté que l'auteur assume et revendique pleinement. Car si «Un prisonnier en permission» est, à la base, un roman inspiré d'une histoire vraie, la dimension fictive y est omniprésente.

Décliné sous forme d'une ode à l'amitié, à la jeunesse algérienne, «Un prisonnier en permission» est un roman personnel où le lecteur peut être par moments «un peu désorienté, ne sachant plus vraiment qui est en train de parler, l'ami ou l'auteur». Le style n'emprunte en rien à la littérature classique. Poésie et propos populaires s'y entrecroisent. Le jeune écrivain y décrit sa patrie, le (son) mal de vivre en scènes quotidiennes, là où une jeunesse révoltée est en quête de liberté, d'amour...

«C'était très dur pour moi de décrire un lieu où je n'ai jamais mis les pieds !» nous confie-t-il. Et d'expliquer : «La prose carcérale était très difficile à imaginer, quant aux faits réels, indiscutablement, ils ont travaillé mon imagination. L'ami sur lequel j'ai écrit l'histoire est vraiment ma canne d'imagination ! Il est le moteur qui a fait marcher mon esprit tout au long de l'histoire.» Pour Rabah Bedaouche, «cette invention de personnages est venue au cours de l'écriture de l'histoire», où le contexte et la morale «l'ont poussé à inventer des personnages, dont Faq, Daâ...» Le roman a accouché, ajoute-t-il, de lieux nouveaux, à titre d'exemple, «At Lhif», c'est la localité du personnage principal qui demeure tout au long de l'histoire sans nom, car il n'a pas d'identité... «Yeghli El Mizane» est le tribunal devant lequel sera comparu l'innocent (son personnage principal), «Yirtaggara» est aussi la prison dans laquelle il passera cinq années... «Et, je suis resté toujours fidèle à la poésie, car mon roman est arrosé de vers et de distiques ... Comme je disais dans mon deuxième recueil de poésie qui s'intitule Un arc-en-ciel en pleine nuit : j'ai la poésie dans la peau,» admet-t-il.

Né en 1993 à Aokas, dans la wilaya de Béjaïa, Rabah Bedaouche est avant tout un artiste-poète. Titulaire d'un master en communication, il a déjà publié trois recueils de poésie: Le sentier des plaies -2018, Un arc-en-ciel en pleine nuit -2019 et Laube illuminée -2021 auxquels s'ajoute «Un prisonnier en permission», un premier roman édité chez Tafat Éditions.