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Un jardin citadin sur le site de l'ex-décharge d'El-Kerma: Lancement prochain du projet après 10 ans de tâtonnements

par Houari Saaïdia

Révélé dans l'hémicycle en 2012, année des promesses extravagantes qui élevaient Oran au rang des métropoles à court terme, le projet de valorisation du site de l'ancienne décharge d'El-Kerma a surpris plus d'un en remontant sur scène. Dix ans après, le revoilà donc remis au goût du jour, actualisé et en mode action.

Plus précisément, c'était la phase finale du projet, celle relative à l'aménagement du périmètre en jardin citadin, qui était sujette au doute tant il y a eu ces dix dernières années une série de fausses annonces, aussi longue que la liste des noms qui se sont relayés au département ministériel rue des quatre Canons, Alger-Centre. C'était donc la suite de l'acte I (dépollution et réhabilitation) qui, à force de faire l'objet d'échéances légères et très élastiques au gré des remaniements ministériels et des visites de travail qui s'ensuivent, a fini par faire planer l'incertitude sur son sort. Dégel d'une opération longtemps gelée pour cause d'austérité ou simple nouvel épisode déphasé au bout de longues péripéties d'un dossier centralisé qui vaut 200 milliards ? C'est plutôt le deuxième scénario qui paraît être le bon tant il n'a jamais été question, du moins officiellement, d'un quelconque gel de l'opération. Mais le fait est là : ce projet à double vocation urbaine et environnementale est sorti avec succès de l'engrenage administratif et est sur la bonne voie pour sa concrétisation. Fin du premier semestre 2022, c'est l'échéance avancée récemment par l'Agence nationale des déchets (AND) pour le début des travaux d'aménagement de cet ancien grand dépotoir en parc citadin, l'avis d'appel d'offres devant être lancé dès la finalisation de l'étude qui touche à sa fin.

LANCEMENT AVANT JUIN

L'état d'avancement de l'opération de dépollution du site, qui s'étend sur 85 hectares, en vue de sa reconversion en parc paysager était au centre d'une réunion du conseil exécutif tenue à la mi-octobre 2021 et, selon le rapport de l'AND, tout marchait alors comme prévu. Il était question en cette séance d'évoquer à grand trait les mesures prises pour l'assainissement des sols et des sous-sols et l'évaluation de l'impact sur l'environnement des déchets enfouis sur place. Entre autres dispositifs qui devaient être mis en place, pour rappel, ceux permettant d'isoler les détritus, drainer et capter les lixiviats. Cette large portion du territoire d'El-Kerma, à l'entrée sud-ouest d'Oran, est connue pour être l'un des importants sites pollués et polluants de la wilaya d'Oran, du fait des anciens dépôts de déchets qui s'y trouvaient et des infiltrations de substances polluantes. Même après l'éradication de la décharge, le site continue de présenter une pollution susceptible de provoquer une nuisance et un risque pérenne pour les personnes et pour l'environnement, ceci étant dû notamment aux anciennes pratiques sommaires d'élimination des déchets avant l'avènement de l'ère des CET à Oran à partir de 2010-2011. Mêmes les scientifiques s'accordent sur la difficulté du processus de dépollution. Le mieux, c'est évidemment que le tout soit excavé et trié, mais cela représente des coûts énormes a fortiori lorsqu'il s'agit d'une décharge sauvage de la dimension de celle qui se trouvait à 15 km d'Oran à proximité de la grande Sebkha, c'est-à-dire environ 10 millions de mètres cubes de déchets sur une surface de 85 hectares, avec une moyenne de déversement de 1.200 tonnes/jour de déchets solides (ménagers, industriels, hospitaliers?), à l'état brut et mélangés. C'est que, durant plus de 20 ans, on y mettait tout et n'importe quoi. Même après l'arrêté de fermeture de cette décharge publique non contrôlée et mal exploitée, qui débordait en réalité bien au-delà de ses limites réglementaires en dépassant les 4 km2, on n'a jamais vraiment cessé d'y jeter toutes sortes d'ordures. Fermé sur papier dès 2010, l'immense réceptacle du grand groupement urbain d'Oran créé en 1986 ne l'a jamais réellement été, aucun dispositif n'étant venu matérialiser cette décision.

UN PROJET À DEUX ÉTUDES

Depuis sa phase de conception jusqu'à l'étude du projet détaillé en cours de finalisation en passant par les études d'esquisse (ESQ), les études d'avant-projet (AVP), l'avant-projet sommaire (APS), l'avant-projet définitif (APD), les dossiers d'exécution, entre autres démarches, le projet de valorisation du site de l'ancienne décharge publique d'El-Kerma a fait l'objet d'une gestion centralisée par le ministère de l'Environnement par le biais du maître d'ouvrage l'AND, assisté par la direction locale du secteur. Ceci pourrait dans une certaine mesure expliquer ce déclin, en termes de débat et de publicité institutionnels, de ce projet doté d'une enveloppe financière de 2 milliards de DA du Fonds national de l'environnement relevant du ministère de ce secteur. Autant dire que les responsables locaux, quoiqu'ils se forcent d'être optimistes et positivistes, ne sont en vérité plus en mesure de donner des détails précis sur ce projet, dont l'étude initiale avait été confectionnée, pour rappel, par un BET tunisien. Le projet, tel que présenté alors, met en avant la nécessité de réaliser une digue de protection ainsi qu'un écran végétal. Des équipements de loisirs et la plantation de végétations adaptées ont été recommandés pour cette opération de reconversion de cette décharge. L'étude initiale prévoyait aussi la réalisation d'une clôture de 1.600 m de long et de 2 m de haut. Pour les travaux de terrassement, il sera procédé au reprofilage et au compactage des déchets, la couverture de ces déchets par une couche de remblais de 70 cm, une couverture de 30 cm de terre végétale. Il est également projeté la mise en place d'une digue de protection de 2.750 m de long et d'une hauteur de 1,5 m, ainsi que 3 m de large, et ce pour la séparation des tas de déchets et de la Sebkha. Pour l'assainissement des eaux pluviales, il est envisagé la réalisation d'une protection contre les eaux extérieures : fossés de drainage sur 1.300 m de long et ouvrages spéciaux (décharge, rejet) ainsi qu'un réseau de drainage.