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Commerce: La pomme de terre, l'huile de table et les rumeurs

par Houari Barti

  «Les quantités de pomme de terre stockées au niveau des installations relevant du ministère de l'Agriculture seront mises, et en grandes quantités, sur le marché dans les jours, voire, les heures à venir», a indiqué, hier, le ministre du Commerce et de la Promotion de l'exportation, Kamel Rezig.

Une mesure, a-t-il souligné, visant à inonder le marché pour tirer les prix vers le bas, et qui «intervient, en attendant la prochaine récolte», attendue avant la fin de ce mois de novembre. Invité de la Matinale de la Chaîne I de la Radio nationale, M. Rezig a été interpellé sur la question relative au «recours à l'importation, à titre urgent et exceptionnel», conformément à la dernière instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. A ce propos, Kamel Rezig souligne tout d'abord les caractères «urgent» et surtout «exceptionnel» de cette instruction. Pour lui, l'instruction du président de la République vise à répondre à des besoins conjoncturels limités dans le temps, car, a-t-il soutenu, «notre politique en la matière reste toujours attachée au principe de favoriser la production nationale».

La décision de lancer ces importations, a-t-il précisé, «sera prise dans les prochains jours à la lumière de données fiables sur les véritables besoins du marché, sous l'autorité du Premier ministre». S'agissant de la «tension» que connaissent certains produits de base depuis des semaines, le ministre de l'Agriculture a expliqué que mis à part la pomme de terre qui connaît une certaine pénurie à cause de facteurs liés à un recul de la production, tous les produits agricoles sont disponibles en quantité sur le marché.

La tension enregistrée dernièrement sur l'huile de table est pour le ministre une tension artificielle qui a été «créée sous l'effet de rumeurs» et «les quantités actuellement disponibles aussi bien dans les unités de matière première que dans les unités de transformation, peuvent couvrir les besoins en consommation pour une durée de six mois». M. Rezig a, par ailleurs, admis l'existence de pratiques spéculatives à travers notamment la rétention de certains produits en vue de créer des pénuries afin de tirer les prix vers le haut. A ce propos, il a rappelé que les services de contrôle du ministère du Commerce, en collaboration avec la Gendarmerie nationale, «ont effectué pas moins de 1,6 million d'interventions au cours de l'année 2020 et 1,3 million autres interventions au cours des 8 premiers mois de 2021». Des opérations, a-t-il expliqué, qui «ont permis de cibler pas moins de 1.200 entrepôts et chambres froides en à peine 10 jours». Sur les 1.200 entrepôts et chambres froides ciblés, a-t-il ajouté, «plus de 40 étaient en infraction, totalisant une quantité de pomme de terre stockée en dehors du cadre légal estimée à 1.200 tonnes». Les contrevenants, a-t-il souligné, ont tous fait l'objet de poursuites judiciaires.

Et d'affirmer : «Une partie des quantités saisies a déjà été mise sur le marché pour être écoulée dans certaines wilayas à bas prix (50 DA le kilo), via la réactivation du système de régulation des produits de large consommation (SYRPALAC)».

D'autres quantités, issues de ces saisies «sont en cours de distribution au prix de 50 dinars le kilo, à travers plusieurs régions du pays, notamment à Alger», a-t-il révélé. Pour ce qui est de l'augmentation des prix des autres produits de large consommation, le ministre du Commerce l'explique par une tendance haussière des prix qui n'est pas propre à l'Algérie, mais qui est mondiale, résultant des effets de la pandémie du Covid-19 et de la hausse générée par les coûts de l'énergie et du transport, entre autres.