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De l'indifférence à la séduction ?

par Abdelkrim Zerzouri

Les Algériens accordent-ils de plus en plus leur confiance au médiateur de la République ? Les chiffres communiqués samedi dernier par le médiateur de la République, Brahim Merad, révèlent un afflux assez important du public auprès de ses services et un traitement non moins important de leurs requêtes qui a renforcé le sentiment que l'institution est un moyen de résoudre de nombreux problèmes d'ordre bureaucratique et le règlement de certains litiges d'une manière plus pratique qu'elle le serait devant une juridiction.

Les services de la médiature de la République ont été destinataires, dans la période allant de début 2021 au 15 septembre courant, d'un total de 46.609 requêtes portant essentiellement sur le foncier, l'investissement et la non exécution de décisions de justice, outre les conditions sociales, dont 44.090 requêtes avaient été traitées, soit un taux de 95% des requêtes reçues. M. Merad a également souligné que 28.373 requêtes ont eu des réponses dont 13.655 réponses positives et 11.259 négatives car ne remplissant pas les critères. On est très loin du nombre de requêtes reçues par le médiateur durant les cinq premiers mois après son installation, à savoir 1181, dont seulement 21% ont reçu des réponses, qui a été expliqué naguère par le manque d'engouement des citoyens vis-à-vis de cette institution.

Faut-il le rappeler, dans les premiers temps qui ont suivi la création de cette institution, de nombreux observateurs avaient conjecturé sur un échec quasi inévitable dans ses tâches.

Estimant que le pari de voir cet organisme crouler sous les requêtes, qui bénéficieraient d'une prise en charge sérieuse, est faible. Dès la deuxième année depuis sa création, un jeune âge pour une institution qui affronte une affreuse bureaucratie et des habitudes qui ont la peau très dure, la médiation de la République a démenti tout le mal qu'on pouvait penser d'elle.

Elle séduit de plus en plus les citoyens, qui trouvent en elle un interlocuteur direct et attentif à leurs problèmes.

Les services de la médiature n'en sont pas encore au stade de la performance, causant des déceptions pour au moins 35,65% parmi ceux qui ont déposé des requêtes et qui n'ont reçu aucune réponse. Ce qui ne traduit aucunement une mauvaise volonté de l'institution, en elle-même, mais relève plutôt d'une poursuite des comportements négatifs de certains responsables. Ces derniers, bien repérés grâce à leur comportement « négatif » face aux requêtes des citoyens, ne doivent-ils pas rendre des comptes devant les plus hautes autorités du pays, le président de la République, lui-même, qui ne manque jamais l'occasion d'inciter les responsables à mettre fin à ces mauvaises pratiques à l'origine de la perte de confiance entre administrés et administration ? Le visage de la bureaucratie est souvent invisible, mais là il agit à visage découvert, et le laisser persister dans ses pratiques malsaines conduirait à renier ce pour quoi la médiation de la République a été créée.