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Essais nucléaires français en Algérie: Faire appel aux obligations du Traité de non-prolifération

par R. N.

Le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN), signé par l'Algérie, «comporte des obligations qui peuvent être très utiles» pour la décontamination des sites des essais nucléaires français effectués à Reggane et In Ekker dans le Sahara algérien, a affirmé l'expert en nucléaire, Remki Merzak, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires. Selon cet ex-Commissaire à l'Energie atomique, cité par l'Aps, le TIAN constitue «le cadre idéal pour entamer la mise en œuvre notamment des dispositions contenues dans ses articles 6 et 7 qui sont considérées comme des obligations positives». L'article 6 du TIAN stipule que «les Etats parties -notamment ceux qui ont réalisé des essais nucléaires- s'engagent à fournir une assistance adéquate aux victimes de l'utilisation ou des essais d'armes nucléaires, remettre en état l'environnement des zones affectées par l'utilisation ou les essais d'armes nucléaires». L'article 7 prévoit également que «les Etats parties s'engagent à coopérer et fournir une assistance internationale pour soutenir la mise en œuvre du traité».

Pour l'intervenant, «en vertu de ces dispositions, et en plus d'une coopération bilatérale avec la France, dont la responsabilité de la contamination du territoire algérien doit être assumée au regard du droit international, une assistance internationale peut être demandée par notre pays auprès d'organismes compétents tels que l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui a déjà participé dans le cadre de la coopération technique à un travail d'évaluation radiologique préliminaire des sites d'essais à la fin des années 90". M. Remki rappelle également l'Accord intergouvernemental de coopération pour le développement et les utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire, d'une durée de 20 ans, signé entre l'Algérie et la France le 21 juin 2008 et qui «peut servir de cadre pour les institutions spécialisées des deux pays pour coopérer dans ce domaine». «L'Algérie et la France doivent unir leurs efforts», a-t-il ajouté, appelant à recourir à «l'expertise technique d'autres organismes internationaux compétents, pour localiser avec précision les lieux d'enfouissement des déchets nucléaires, trouver des solutions appropriées à la réhabilitation définitive des sites contaminés et mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour la protection des populations concernées, de l'environnement, des ressources hydriques, de la faune et de la flore».

Pour une élimination totale des armes nucléaires

M. Remki a rappelé que l'Algérie, qui a toujours œuvré en faveur du désarmement, de la maîtrise des armements et de la non-prolifération de tous les types d'armes de destruction massive, «a adhéré très tôt» au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en le signant le 15 octobre 1996 et en déposant son instrument de ratification le 11 juillet 2003. L'Algérie a été également parmi les premiers pays à avoir signé le TIAN, à entamer son processus de ratification, a-t-il ajouté, faisant remarquer que ce traité a été adopté sous la supervision de l'Algérie qui assumait alors la présidence de la première Commission de l'Assemblée générale de l'ONU en 2017. Pour rappel, en recevant le général d'armée, François Lecointre, chef d'état-major des Armées françaises le 8 avril dernier, le général de corps d'armée Saïd Chanegriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), a évoqué «la problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d'essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker». «Je tiens à évoquer la problématique des négociations, au sein du groupe algéro-français, au sujet des anciens sites d'essais nucléaires et des autres essais au Sahara algérien, où nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français, prévue en mai 2021, pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In Ekker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d'enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques», avait-il affirmé.

L'expert a en outre rappelé que le réacteur nucléaire Essalam, situé à Birine dans la wilaya de Djelfa, avait fait l'objet, dans les années 90, d'une campagne calomnieuse quant à la finalité du programme nucléaire pacifique de notre pays. Dans un souci de transparence, a-t-il poursuivi, et «pour lever toute équivoque quant au bien-fondé de la position de notre pays sur les questions de non-prolifération, plusieurs ambassadeurs de pays accrédités à Alger et notamment ceux des pays occidentaux ont été invités par les autorités algériennes à participer -sur le site même du réacteur- à cette cérémonie et à visiter l'installation nucléaire».