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Tébessa: Eau potable : des projets pour combler les insuffisances

par Ali Chabana

Il fallait la tenue d'une conférence de presse pour clarifier, expliquer ou encore argumenter, prévoir et prévenir. A ce sujet, les responsables du secteur de l'hydraulique et des ressources en eau étaient tous là pour répondre aux questions et développer, chiffres à l'appui, qu'en est-il d'un créneau aussi important que complexe que celui de l'AEP, de l'assainissement.

De toute manière, aussi bien le directeur de l'hydraulique et des ressources en eau que le directeur de l'ADE et celui de l'ONA, tous étaient unanimes pour déclarer à l'unisson que l'investissement sans sécurisation, en amont et en aval, n'a pas de raison d'exister. De l'argent injecté par l'Etat pour l'amélioration du service public, en approvisionnement en eau potable ou pour le drainage et l'évacuation des eaux usées et pluviales. Les responsables respectifs étaient plutôt positifs, en dépit de toutes les insuffisances et le manque à gagner.

Des projets en cours et ceux en phase d'achèvement et de mise en service sont mis en avant dès cette année 2020. A commencer par le tableau élaboré et récapitulatif concernant la situation du service public, en préparation pour la saison estivale 2020. Certes la wilaya de Tébessa est parmi les 26 wilayas où la pluviométrie enregistrée est en deçà des normes, au vu des conditions climatiques d'une région à vocation steppique, semi-aride et aride, conséquence les nappes d'eau souterraines ont connu un recul sensible, quand on sait que 76,65% de l'eau produite provient des eaux souterraines et seulement 21,35% des eaux de surface (barrages), que la production moyenne avoisine les 126.000 m3/jour, alors que les besoins exprimés atteignent les 116.000m3/jour. Les quatre communes les plus déficitaires en AEP demeurent Bir El Ater, Chéria, Bir Mokkadem et Ain Zerga.

Le directeur de la DRE dira que les agressions et les déperditions sont responsables de la situation des perturbations plus que le déficit proprement dit et que la mise en service des stations de pompage et des raccordements des réservoirs de Bir Salem, Dokane et Ezzaouia (5000 m3 chacun), avec une distribution autonome, va amener une amélioration de la distribution pour la population du chef-lieu (255 mille habitants) et dont les besoins sont estimés à 35.000m3/jour. Des points noirs, il en existe. Chéria c'est le cas édifiant d'une localité qui dans le passé avait toujours bu de ses propres puits, or aujourd'hui elle fait appel au transfert d'Oum Khaled, sur une distance de 25 km, pour pouvoir bénéficier d'un approvisionnement de seulement d'un débit de 9 litres/seconde, sur les 49 litres/seconde produites par le forage. Au programme, la réalisation de deux stations de pompage afin de réduire le taux des déperditions enregistrées en cours de route, à cela s'ajoute l'apport de deux puits à partir de Thlygene (25-30 litres/seconde) pour une population comptant plus de 100 mille habitants. Là encore les responsables du secteur envisagent une meilleure distribution, le but sera d'atteindre les 60 litres/seconde, soit un approvisionnement d'un jour sur deux.

A long terme, on compte établir un transfert à partir du barrage Oujlet Oued Mellague, avec un transit vers la commune de Bir Mokkadem. Et puis l'autre point noir, l'agglomération de Bir El Ater et ses 120 mille âmes. Pour le moment, les habitants de la localité du sud de la wilaya de Tébessa boivent de trois forages, Dhokarra, Saf Saf et Oglet Ahmed, pour un besoin évalué à quelque 14.000m3/jour. Le problème du déficit en AEP à Bir El Ater est dû en grande partie aux 76 raccordements illicites recensés, soit l'équivalent de plus de 4.400m3/jour qui ne parviennent pas à leurs consommateurs. Certains piquages observés sont ahurissants, pratiqués sur une conduite principale, on pique de l'eau potable pour construire sa maison ou irriguer ses terres agricoles ! Sur le terrain et au cours des visites effectuées à la plupart des communes de la wilaya, les équipes mandatées par la direction des ressources en eau ont eu à scanner tous les segments inhérents à l'approvisionnement en eau potable, comme priorité et urgence. En conclusion, il est nécessaire de revoir la nomenclature de la distribution et de la gestion de l'AEP en fonction de nouveaux paramètres de rationalisation des ressources existantes, leur valorisation, selon un plan d'action, mettant en exergue les efforts consentis par l'Etat dans le secteur des ressources en eau.

Quant au directeur de l'agence locale de l'ADE, il a mis en relief le rôle plus qu'essentiel du citoyen pour la préservation de cette matière précieuse et vitale qui est l'eau, du gaspillage en premier, tout en indiquant que le volume des créances auprès de ses clientèles, particuliers et administrations publiques (830 millions de dinars), impacte lourdement la gestion de l'Algérienne des eaux (présente dans 15 communes sur les 28) et donc, la qualité du service public fourni aux usagers. De même pour son collègue de l'ONA, en évoquant la saturation de certains segments du réseau unique et pour l'évacuation des eaux usées et pour le drainage des eaux pluviales. Un réseau d'une longueur de 1.450 km qui a bénéficié de plusieurs opérations de maintenance. Enfin, d'après le directeur des de l'hydraulique et des ressources en eau, la Step en construction entrera en service dès cette année, une station d'épuration des eaux usées dont la capacité de traitement estimée à l'équivalent de 300 mille habitants, soit près de 400 mille mètres cubes par jour. L'eau traitée sera destinée à l'irrigation de quelque 3.000 hectares. En fait, les responsables des ressources en eau prennent les devants et anticipent à l'approche de la saison des chaleurs en mettant en place un programme d'urgence, à travers le renforcement prévu des volumes en eau potable, en particulier dans certaines régions rurales ou frontalières. Ce n'est pas encore le temps de parler du stress hydrique, mais toutes les éventualités et les mesures sont prévues afin d'y pallier de toute urgence.