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L'ambassade US à Alger appelle ses ressortissants à la vigilance

par Ghania Oukazi

  L'ambassade américaine à Alger a lancé hier une «Securty Alert» à l'intention de ses ressortissants et ce, suite à l'assassinat du général iranien Kassem Soleimani en Irak par un drone américain.

L'assassinat vendredi dernier du général iranien Kassem Soleimani a provoqué une terrible onde de choc dans le monde entier. Les alertes des diplomates américains, accrédités dans les différentes capitales, à leurs ressortissants, soumettent le monde à un état de guerre effrayant. A l'instar de toutes les ambassades américaines accréditées à travers de nombreux pays, celle à Alger a diffusé, dans la matinée d'hier, une «Security Alert (Alerte sécurité)» sur son compte Twitter pour prévenir ses ressortissants d'éventuelles représailles contre les intérêts américains de quelque nature qu'ils soient. L'Amérique de Donald Trump justifie cette alerte par les tensions survenues au Moyen-Orient. «Il y a une tension accrue au Moyen-Orient qui peut entraîner des risques pour la sécurité des citoyens américains à l'étranger,» a affirmé l'ambassade US à Alger. Elle demande à ses ressortissants de se faire discrets, «de faire profil bas, de préparer des plans d'urgence pour partir, de rester vigilants dans les endroits fréquentés par les touristes et d'avoir des documents de voyage à jour et facilement accessibles». Les tensions au Moyen-Orient, l'Amérique de Donald Trump les a provoquées en y semant la terreur avec l'aide précieuse d'Israël. Ce tandem belliciste vient en effet, de commettre un crime crapuleux en assassinant, vendredi dernier, le général Kassem Souleiman, chef de la force El Qods, unité d'élite chargée des opérations des gardiens de la Révolution au Moyen-Orient. Rien que l'appellation El Qods peut être un indice de taille de l'implication directe d'Israël dans ce crime de guerre. Dirigées minutieusement vers la cible tant recherchée par Trump et Netanyahu, les frappes du drone américain ont atteint l'Iran dans le cœur des forces qu'il a déployées pour combattre les terroristes aux côtés des Irakiens.

Pour crime de guerre, menace de guerre...

Le général Soleimani était connu pour avoir combattu les groupes terroristes de Daech en Irak et en Syrie. «Nous allons nous venger !», a lancé le général de division Hossein Salami, commandant en chef des gardiens de la Révolution, lundi dernier à Kerman ville dont est originaire Soliemani et où il a été enterré avec son bras droit dans le combat, Hossein Pourjafari. La perte de ces deux hommes, piliers de la présence iranienne en Irak et par là au Moyen-Orient, oblige Téhéran à redéployer toutes ses troupes en Irak, en Syrie et ailleurs, au Yémen (à travers les Houthis) en prévision d'une vengeance contre les Etats-Unis qu'il clame haut et fort. D'ailleurs, le pays de Hassan Rouhani est passé hier à l'action en tirant plus de treize missiles sur deux bases américaines en Irak d'où, dit son ministre des Affaires étrangères «est parti le drone qui a frappé nos troupes et assassiné le général Soleimani». Le président américain a cherché la guerre, il l'aura sous toutes ses facettes hideuses au Moyen-Orient, en Syrie, au Yémen et autres dans le détroit d'Ormuz où ses navires risquent d'être défoncés par l'artillerie iranienne. Téhéran le lui promet. Bien que le monde occidental en particulier les Européens restent dans l'expectative face à une montée en puissance de la violence dans le monde arabe et musulman, du silence de la France de Macron et de Sarkozy avant, qui a provoqué une intervention militaire atlantiste en Libye et a alimenté les foyers de tension dans la bande sahélo-sahélienne en intervenant militairement au Mali, une voix a parlé. C'est celle de François Hollande, un de ses anciens présidents de la République qui, après l'assassinat du général iranien Soleimani, a souligné que «le président américain a mis le monde en danger par sa décision plus que malencontreuse d'éliminer le général.» La riposte iranienne ne sera pas «proportionnelle» comme l'a bêtement demandé le président américain. «Le processus d'expulsion des Etats-Unis de la région a commencé (...), nous mettrons le feu à ce qu'ils adorent, eux-mêmes savent bien de quels lieux je parle,» a affirmé le général Hossein Salami à Kerman où des millions d'Iraniens se sont rassemblés pour assister aux funérailles du général Soleimani et ses compagnons assassinés à Baghdad, le même jour, par les Américains.

Les rappels de l'Histoire

C'est le guide suprême de la Révolution, l'ayattollah Ali Khamanei qui avait, ce jour-là, prononcé en pleurs l'oraison funèbre. Le parlement iranien s'était aussi réuni en urgence mardi dernier pour voter une loi classant toutes les forces militaires américaines comme «terroristes». Bien qu'ils soient géographiquement loin de la Libye, l'Iran, l'Irak, la Syrie, le Yémen et autres l'Afghanistan ont été jetés en proie à des interventions militaires étrangères avec à leur tête celles américaines au nom d'un partage d'intérêts géostratégiques colossaux qui divise le monde en puissants et en damnés. Tous les conflits à travers le monde sont fomentés par les Etats-Unis et leur mentor attitré Israël. D'aucuns jugeront que l'idée du complot est dépassée. Mais les événements se rattrapent et l'histoire garde soigneusement des annales directrices qui sont étroitement liées et qui se rejoignent, à chaque fois, que les puissants veulent redéfinir leurs positions géostratégiques. Il est inutile de faire des études approfondies pour savoir que ce sont les pays musulmans et arabes qui sont la cible parfaite des Occidentaux qui rêvent de les reconquérir pour en faire des peuples de seconde zone, asservis à leur diktat. Arthur Balfour n'est pas mort. Le partage du monde arabe et musulman, comme l'a été la Palestine, n'a rien d'une vue de l'esprit. Il a été décortiqué dans les grands laboratoires israélo-américains (Américains adeptes du mouvement sioniste) qui en ont sorti le GMO (Grand Moyen-Orient) dont les objectifs est de décomposer les Etats riches comme l'Irak, l'Iran, la Libye et... l'Algérie, en Etats «croupions». Encerclée qu'elle est par des conflits inextricables, l'Algérie se trouve, aujourd'hui, à déployer d'importants efforts pour sécuriser ses frontières. L'histoire lui a bien retenu qu'elle a abrité en 1988 la réunion du Conseil national palestinien à la faveur de laquelle a été proclamé l'Etat palestinien. Abdelaziz Bouteflika alors ministre des Affaires étrangères sous Houari Boumediène a bien fait entrer pour la première fois, Yasser Arafat et Nelson Mandela à l'Assemblée générale des Nations unies. L'Algérie a été membre du «Front de la Fermeté» aux côtés de la Syrie, la Libye, l'Irak et le Yémen. L'Algérie a relancé ses relations avec l'Iran, en 2000, pour asseoir des consultations politiques périodiques entre Alger et Téhéran sur les grandes questions de l'heure. Au-delà du fait que l'Iran représente un fort appui pour l'Algérie au sein de l'OPEP et un soutien pour la création d'une OPEP du gaz que le monde occidental craint fortement, les deux pays restent très attachés à la préservation de la Syrie de Hafez El Assad et à l'indépendance de la Palestine.