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La convergence se dessine entre le politique et le syndical

par Kharroubi Habib

Les syndicats autonomes ont d'emblée soutenu le mouvement populaire du 22 février et adhèrent à son exigence d'un changement radical de système politique, mais sans pour autant interférer dans sa dynamique en essayant d'en apparaître les représentants et le moteur de sa contestation ainsi que le font d'autres acteurs politiques et sociétaux. Sans rompre avec cette ligne de conduite, la Confédération des syndicats autonomes (CSA) qui regroupe certains d'entre eux a toutefois décidé d'une action spécifique qui prendra la forme d'une « journée de protestation » que les adhérents des syndicats membres traduiront en marches dans chaque wilaya du pays.

Cette montée au créneau de la protestation et la revendication qu'entend faire la confédération syndicale s'impose du fait que le gouvernement Bedoui exploitant la conjoncture actuelle est en train de faire passer des projets et promulguer des lois au plan économique et social dont les syndicats et une large frange de l'opinion publique rejettent les orientations et le caractère hypothéquant pour la souveraineté nationale et l'avenir de générations de citoyens. L'entrée dans la danse de la contestation populaire des syndicats présage la survenue d'une situation dont le pouvoir aura peine à s'en dépêtrer : celle de la convergence entre contestation politique et sociale. Les initiateurs de l'action du 29 octobre ne font d'ailleurs pas mystère qu'elle est destinée à cela.

Outre en effet qu'ils lui ont fixé pour objectif d'exprimer le refus des syndicats et de leurs adhérents concernant les projets du gouvernement Bedoui auquel ils dénient toute légitimité et légalité à engager le devenir du pays, ils ont affirmé également qu'elle doit démontrer leur soutien au mouvement populaire en répercutant en direction du pouvoir les exigences qu'il réitère sans discontinuité depuis le 22 février.

Les syndicats autonomes qui se sont gardés jusque-là d'investir ouvertement le camp politique pour ne pas prêter le flanc à l'accusation par le pouvoir d'être instrumentalisés par des forces politico-partisanes mettent fin à cette réserve sous l'effet entraînant de la dynamique du mouvement populaire et de leur certitude désormais ancrée que la seule contestation sociale ne peut produire le changement radical qu'exige le peuple algérien.

Pour renforcer ce mouvement populaire, ils ont décidé de mettre à son service leur capacité de mobilisation le sachant ciblé par des manœuvres visant à mettre à mal son unité et à le faire apparaître comme l'instrument d'une minorité roulant pour des « agendas étrangers » ou en poursuite de desseins que réprouverait la majorité des Algériens. En tout état de cause et en raison de la tournure qu'a prise la crise dans le pays, les syndicats se doivent d'être partie prenante dans la confrontation qu'elle suscite.