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Du beau monde qui ne fera pas forcément une présidentielle réussie

par Kharroubi Habib

Lancé, le processus électoral dont la finalité est la tenue le 12 décembre prochain du scrutin présidentiel ainsi que l'ont décidé le haut commandement de l'armée et l'homme fort du pays le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major, a apparemment atteint un point de non-retour. Ce qui pour les observateurs est révélateur de la détermination de ceux qui l'ont mis en branle à le faire aboutir sans tenir compte des oppositions qu'il soulève.

Mais pour qu'un tel rendez-vous électoral ait lieu effectivement et donne lieu à une élection présidentielle ouvrant la voie au pays à une sortie de crise, il y a deux conditions à réunir pour qu'il en soit ainsi. La première est bien évidemment que les Algériens adhèrent au processus et le démontrent en se rendant massivement aux urnes le 12 décembre. La seconde étant que la compétition électorale verra en lice des postulants à la candidature dont les statures et la crédibilité seront incitatives pour les citoyens électeurs à aller voter. Deux conditions dont la réunion semblait hautement improbable quand Gaïd Salah a irrévocablement tranché en faveur de l'organisation de l'élection présidentielle et de son agenda. Seront-elles réunies alors qu'il apparaît manifestement que les oppositions à cette élection ne donnent pas de signe de régression s'inscrivant ainsi en faux contre l'allégation réitérée par le chef de l'armée qu'il se dégagerait un large consensus populaire pour l'organisation de ce rendez-vous électoral ?

Au stade où en est le processus électoral, il est indubitable toutefois que l'incertitude qui planait concernant le casting des candidats à la candidature tel qu'espéré par Gaïd Salah et l'institution militaire s'est dissipée à leur probable grande satisfaction. Les postulants se bousculent en effet auprès de la haute autorité électorale indépendante. Et pas que du tout-venant «folklorique» comme ce fut le cas pour l'élection avortée que le pouvoir a essayé d'organiser dans le sillage de la démission du président déchu. Sauf retournement improbable, de «grosses pointures» politico-partisanes vont être partantes. Citons parmi elles les deux ex-chefs de gouvernement que sont Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, mais aussi le jeune «loup» politique qu'est Abdelaziz Belaïd, président du parti «Moustakbel», ainsi que Belgrina, chef du parti islamiste «El Bina», auxquels se joindront Abderrazak Mokri pour le compte du MSP et possiblement d'autres acteurs politique et sociétaux s'estimant avoir une notoriété parlante pour les citoyens électeurs.

Mais si ce casting fait l'affaire des décideurs qui ont lancé le processus électoral, il n'est pas sûr qu'il aura une influence sur le comportement du corps électoral. D'où l'incertitude demeure sur celui qu'il adoptera pour le scrutin du 12 décembre. Un comportement d'autant incertain que le refus du pouvoir de fait de prendre les mesures d'apaisement quasi unanimement demandées entretient l'opposition des citoyens à une élection présidentielle qui de ce fait leur apparaît être un défi fait au mouvement populaire né le 22 février et dont ils adhèrent aux revendications.