|
![]() ![]() ![]() ![]() C'est
un peu la panique sur les marchés clandestins des devises, avec des évolutions
brusques et sans grande direction fixe des deux principales monnaies
étrangères, l'euro et le dollar américain. Le marché parallèle des devises
accuse en effet d'importantes perturbations dans les cotations au jour le jour
ou hebdomadaires, avec une baisse notable de la valeur de l'euro et du billet
vert depuis le début du mois de juillet, affectés par une série de facteurs
exogènes au marché. Il y a d'abord l'arrestation la semaine dernière à Alger, Oran,
Annaba et Constantine de quelques gros revendeurs de devises, ce qui a donné un
premier coup de froid dans le milieu très fermé des cambistes, craignant une
opération coup-de-poing des services de sécurité pour mettre fin au marché
parallèle des devises. Ces opérations ont fait chuter en quelques jours l'euro
de 213 dinars à 200 dinars puis jusqu'à 170 dinars. Il faut relever que ce
marché n'est régi par aucune loi, et la vente est tolérée dans certains
quartiers de la capitale comme également dans les autres grandes villes du
pays, à Oran, Blida, Annaba, Constantine, Sétif, Chlef,
Relizane ou Mascara. Il est évident que l'anarchie
systémique, qui prévaut sur ce marché, en dépit des appels à une intervention
des autorités monétaires pour légaliser le change, comme cela se fait ailleurs
dans le monde, ne plaide pas pour des cours stables, encore moins une
protection du dinar, qui fasse qu'il puisse résister aux accès de fièvre de la
valeur des principales devises. L'autre facteur qui a inhibé les cambistes,
avec un léger assèchement des montants échangés ou proposés sur le marché
parallèle de la devise, résulte des saisies importantes de devises au niveau
des postes frontaliers, notamment à l'aéroport d'Alger, acheminées illégalement
vers l'étranger. Il y a également l'arrêt brusque des demandes de transfert
d'argent au niveau des banques pour des opérations de paiement de marchandises
depuis que le stratagème des surfacturations dans les importations a été éventé
et fait l'objet d'intenses enquêtes judiciaires des services de sécurité. La
baisse drastique des devises sur le marché est par ailleurs induite, selon
diverses sources, par l'absence de gros acheteurs, les opérateurs économiques,
qui transitaient par le marché parallèle pour financer une partie de leurs
importations. Dès lors, la situation est devenue très floue sur le marché des
devises avec un certain assèchement, sinon une irrégularité dans
l'approvisionnement et l'offre quotidienne, avec, en plus, un ralentissement de
la demande de devises. Un cambiste à Blida explique qu'« il n'y a aucune
direction de l'euro. Nous ne savons pas ce qui s'y passe », ajoutant que «
certains parlent d'une intervention des autorités pour faire remonter le dinar
face aux principales devises ». « C'est flou. Les cotations sont instables »,
précise-t-il, avant d'indiquer que le cours de l'euro, hier samedi, était de
200 dinars à l'achat et 200,5 dinars à la vente aux clients. « La semaine
passée, il était descendu jusqu'à 180 dinars pour un euro. Rien n'est fixe,
tout peut changer », explique encore ce cambiste. A Blida et dans le Grand
Alger, les cours oscillaient hier samedi en légère hausse, autour de 200,5 DA à
la vente et 200 dinars à l'achat, après avoir chuté une semaine auparavant à
des baisses historiques depuis 2014, soit 180 dinars, voire à 170 DA à l'achat.
En fin de semaine, le cours de l'euro était au square Port-Saïd à Alger de
205,00 DA à l'achat et 207,00 DA à la vente, de 188 DA à l'achat et 189 DA à la
vente pour un dollar, et de 240 DA et 244 DA pour une livre sterling. Par
contre, au cours officiel, celui de la Banque d'Algérie, le cours de l'euro au
15 juillet valait 134,21 à l'achat et 134,25 à la vente contre 119,06 dinars à
l'achat et 119,08 à la vente pour un dollar, et 149,20 dinars à l'achat et 149,22
dinars pour une livre sterling. Une semaine auparavant, la parité était en
hausse à 134,27 dinars pour un euro à la vente et 134,3077 DA à l'achat, contre
119,099 DA à l'achat et 119,0249 DA à la vente pour un dollar. Il est clair que
le marché des devises, officiel ou officieux, est sens dessus dessous depuis le
début du Hirak, les arrestations de patrons de
groupes économiques et industriels, et les enquêtes judiciaires en cours contre
la corruption, le blanchiment et les transferts illicites d'argent vers
l'étranger. Enfin, il y a également la baisse des réserves en devises, qui ont
reculé à 72,6 milliards de dollars US à fin avril dernier contre 79,88 mds de
dollars US à la fin de l'année 2018, soit une baisse de 7,28 mds de dollars US
en quatre mois, selon le ministre des Finances et ex-gouverneur de la Banque
d'Algérie, Mohamed Loukal.
|
|