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Tlemcen: «Plaidoyer» pour les personnes handicapées

par Khaled Boumediene

  Le siège de l'association «Dar El-Ihssane» de Tlemcen a abrité, les 21 et 22 du mois courant, deux journées de formation sur les méthodologies à suivre par les personnes handicapées afin d'exposer efficacement leurs besoins ou leurs préoccupations aux responsables d'administrations, aux leaders politiques et aux autorités locales concernées. Intitulé « le plaidoyer », cet atelier animé par le directeur d'établissement médico-social, M. Noredine Abdesselam, formateur de l'Institut méditerranéen de formation (IMF) de Marseille, a regroupé des présidents et représentants des associations et organisations représentatives des personnes handicapées de la wilaya de Tlemcen, à savoir, l'union des handicapés moteurs, l'union des déficients mentaux, des associations El Amel et Nour El Ayne pour aveugles et le challenge club des étudiants universitaires handicapés, qui bénéficient de l'appui du projet « Nahda 13 Tlemcen handicap », financé par l'ambassade de France en Algérie. Selon les explications fournies sur place par M. Nordine Abdesselam, le plaidoyer est un ensemble de techniques et de méthodes d'actions, basé sur un dialogue continu avec une gamme variée de décideurs. Il vise à apporter des changements positifs et durables à une situation qu'on estime problématique. « Le plaidoyer peut se faire de manière directe en allant discuter directement avec les leaders politiques, pour essayer de convaincre du bien-fondé des propositions des personnes handicapées, ou indirecte en attirant l'attention d'une communauté sur un problème pour amener ces mêmes décideurs à envisager une solution.

Pour être efficace, il est crucial de définir des objectifs de plaidoyer », a indiqué l'intervenant qui a précisé qu'il est nécessaire de définir un objectif global et un besoin bien défini. « Les associations de Tlemcen se sont réunies pour promouvoir l'amélioration des conditions de vie des personnes en situation de handicap qui se déclinent en plusieurs besoins comme l'accès aux droits et la reconnaissance du statut de la personne handicapée, l'éducation et la scolarité, l'accès à la formation professionnelle et l'emploi, l'accessibilité, la clarté des financements et des reversions de 1% par les établissements publics et privés, les applications de la Loi de 2002 non effective jusqu'à présent, repérer les responsables politiques spécialement dédiés aux personnes handicapées notamment ceux du ministère de la Solidarité, former des intervenants auprès du public en développant des modules de formation spécifiques en Algérie et des stages pratiques, impliquer les parents dans les processus de formation et former des encadreurs pour la formation continue», a ajouté M. Nordine Abdesselam.

Les personnes handicapées qui doivent jouer un rôle central pour s'assurer que leurs droits se traduisent en mesures concrètes qui améliorent réellement leur qualité de vie, doivent aussi connaître tous les obstacles qui se posent à elles, notamment en ce qui concerne la multitude d'intervenants (administration), le manque de coordination entre les différentes institutions (qui ont un pouvoir décisionnaire) et les finances disponibles aujourd'hui qui demeurent insuffisantes.

Selon l'orateur, les personnes handicapées doivent disposer pour cela de tous les moyens nécessaires en faisant un état des lieux sur les différentes situations vécues (accessibilité), en faisant appel aux responsables d'administrations locales (scolarité, transports, urbanisme, etc.) et le grand public, en demandant des ressources financières à la hauteur de l'objectif et en rappelant à l'ordre des administrations ou des responsables qui ne répondent pas aux exigences de la Loi et aux règlements en vigueur.

En conclusion, M. Noredine Abdesselam a souligné que des solutions existent. Elles consistent en la redéfinition de la cartographie de l'offre médico-sociale de la wilaya de Tlemcen, la proposition à la DAS de travailler ensemble sur l'existant (structures médico-sociales au regard des différentes formes de handicap repérées), la modification du rapport de force entre les associations du réseau et les autorités, la modification du statut des associations en tant que service d'utilité publique pour rendre service aux personnes en situation de handicap, la sollicitation des familles à soutenir l'effort du plaidoyer (renforcer leur position et le pouvoir dont ils disposent en s'unissant) et le renforcement des liens partenariaux entre familles et associations (structures accueillantes) pour une meilleure prise en charge et la valorisation des droits des personnes handicapées.