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Les chantiers du futur président et le serment à l'Algérie

par Chems Eddine Chitour*

«Malheur à la nation qui brandit mille et une croyances, mais qui ignore la foi. Malheur à la nation qui se vêt d'une toge point tissée de ses mains, qui se nourrit d'un pain point pétri de ces mêmes mains, et qui se grise d'un vin point tiré de ses raisins. (...) Malheur à la nation où les sages sont rendus muets par l'âge tandis que les hommes vigoureux sont encore au berceau. Malheur à la nation divisée dont chaque parcelle revendique le nom de nation.» Gibran Khalil Gibran

Ces vers de l'immense écrivain et poète libanais résonnent à nos oreilles et nous incitent à comprendre comment les peuples sont gouvernés. On dit que le pouvoir use, comment l'appât du pouvoir fait que les peuples sont toujours dans l'attente d'une alternance apaisée. La situation actuelle que vit le pays est à un tournant qui dépasse de loin les convulsions du microcosme politicien, où, pour bon nombre d'entre eux qui font dans l'agitation, on est à se demander quelle est leur valeur ajoutée en dehors de leur capacité de nuisance et de leur poids social réel ou supposé.          

De ce fait, les Algériens développent une véritable allergie et une réaction de rejet d'autant que pour la plupart sentant le vent tourner, ils vont dans le sens du vent ou au contraire, ils se découvrent sur le tard une âme de démocrate impénitents ils changent d'alliance à la vitesse du son, contre le 5e mandat ensuite pour les élections, il faut savoir. Cette présidentielle est marquée une fois de plus par le folklore. Les candidats donnent une image négative du niveau du pays à telle enseigne qu'une caricature les a croqués en montrant une foule de clowns criant: «Moi aussi, moi aussi je veux me présenter.» A ces intellectuels autoproclamés, il manque une vertu fondamentale l'humilité et la retenue vis-à-vis de cette Algérie profonde. Il faut mesurer la puissance des dégâts dans l'imaginaire des Algériens qui se sentent trahis dans nos fondamentaux mais aussi le fait que nous devenons la risée des autres et notamment des Arabes qui attendent avec patience la chute de ma maison Algérie. Il eut fallu que dans la Constitution que soit ajoutée la nécessité d'un niveau universitaire validée, son expérience et des aptitudes physiques et psychiques délivrées par une autorité médicale assermentée

Dans mes interventions précédentes dans les journaux j'avais parlé de la Deuxième République de la nécessité de l'alternance, j'avais cité Mandela et Pepe Mujica qui ont eut l'élégance de se retirer comme un devoir envers leurs patrie. Avec gloire et reconnaissance de la part de leur peuple. J'ai même a martelé cela dans un rapport sur la Constitution où en tant que personnalité, j'avais été invité donner mon avis. En mon âme et conscience nous allons vers des jours difficiles à moins d'un sursaut trans-partis et surtout de la société civile dont ce qu'elle compte de femmes et d'hommes plus intéressés par le destin du pays que par leur parcours personnel et surtout avec l'implication nécessaire de ceux qui ont déjà donné à ce pays et qui ne peuvent pas rester indifférents au sort qui attend cette Algérie plusieurs fois millénaire qui nous tient tant au cœur Dans cette contribution je vais planter le décor de la situation actuelle et de la nécessité de changer de paradigme de fond en comble , quelque soit le futur locataire d'El Mouradia

Qu'avons-nous fait de pérenne?

Il est vrai que l'Algérie de 2019 est un grand pays riche, mais désespérément sous-développé avec toujours les mêmes interrogations. Est-on indépendant quand 80% de notre alimentation provient de l'extérieur ? L'Algérie se retrouve à la croisée des chemins avec une société gérée encore par la «aççabya». Elle n'a pas permis l'émergence de la nation au sens du désir de vivre ensemble. Nous sommes, en tant qu'intellectuels, en faute, en faillite morale car le mode de gouvernance perpétue et fait de la Glorieuse Révolution de Novembre un fonds de commerce lucratif pour les satrapes. Quelle est la priorité pour celui qui s'immole ou brave la mer? Qui s'enfuit du pays avec un diplôme qu'il peut valoriser ailleurs .Un travail, une vie décente? Un avenir ou la liberté. Nous ne voyons dans le comportement des jeunes que la dimension «destruction», essayons de voir en eux des bâtisseurs.

Quelle tragédie que des jeunes gens en arrivent à jouer leur vie à pile ou face dans des embarcations de fortune ou contribuer à l'hémorragie de la sève scientifique chaque harraga qui disparaît, chaque fuite d'une compétence sont des actes de désespoir et aussi des actes d'accusation contre notre indifférence. Qui se souvient pour la période récente du 5 octobre 1988, qui a vu la fine fleur du pays être fauchée? Il fut, de mon point de vue, le déclencheur du vent de liberté. Trente ans plus tard ou en sommes-nous? Force est de constater que nous sommes au point mort, que la régression n'a pas été féconde, que la «aççabya, le régionalisme, les passe-droits, la corruption sont devenus un sport national aussi pernicieux que celui qui a permis à des individus qui n'ont rien prouvé toute leur vie de se voir offrir des milliards de DA pour avoir tapé dans le ballon et avoir donné un peu de soporifique trompeur à une jeunesse en mal d'espérance . Donner en une fois à un joueur le gain d'un salaire d'un professeur besogneux pendant toute une vie est le plus mauvais message que l'on puisse donner contre l'école qui ne joue plus son rôle d'ascenseur social.

La gestion par la paresse intellectuelle est encore possible tant que nous pompons d'une façon frénétique une ressource qui appartient aux générations futures. Notre errance actuelle c´est aussi le gaspillage frénétique de nos ressources en hydrocarbures du fait de l´absence, là aussi, d´une stratégie et c´est enfin, la corruption, qui est là pour nous rappeler notre sous-développement. De plus, il nous paraît tragique d'annoncer urbi et orbi que l'Algérie a pour cinquante ans de réserve, notamment avec le canular du gaz de schiste. C'est un mauvais signal que les Algériens perçoivent ainsi: dormons, la rente veille sur notre gabegie avec le fameux adage «Ragda oua tmangi dima felcoungi» «Sommeil, boustifaille, et toujours en congé» voilà l'Homo algerianius du 20e siècle qui roule sur quelques neurones. C'est enfin un système éducatif en miette, et une sous-culture folklorisée dans le sens du chant et de la danse, du farniente des Mille et Une Nuits pendant que le monde développé en est au Web 3.0, que la Chine a rattrapé les Etats-Unis.

L'Algérie de 2019, c'est 43 millions d'habitants dont 90% n'ont pas connu le colonialisme. Et pourtant, le pouvoir continue à régner sur la légitimité révolutionnaire allié avec les nouveaux riches. Cela ne veut pas dire que la Glorieuse Révolution, les martyrs et les moudjahidine sont à oublier, non! Simplement, nous sommes au XXIe siècle, de nouvelles légitimités basées sur le savoir, la compétence et l'amour du pays doivent prendre la relève graduellement mettant un terme à toute la satrapie de la famille révolutionnaire dont on peut se demander à juste titre quelle est sa valeur ajoutée si ce n'est en termes de jouissance sans mérite.

Dans l'Algérie actuelle tout est à prendre, les Algériens qui font leur travail, qui méritent durement leur salaire sont de plus en plus scandalisés par le m'as-tu-vu et les fortunes qui ont jailli du néant, de toute une faune dont l'unité de mesure est le milliard. J'en veux à cette culture qui a réussi à abrutir la jeunesse en lui proposant de «se divertir» pour oublier dans la plus pure tradition de «panem et circenses» «du pain et des jeux de cirque» de l'Empire romain sur le déclin, alors qu'il faut lui proposer de s'instruire, de connaître l'histoire de son pays, de la lecture, du théâtre, l'éducation, du travail, bref, de la sueur au lieu de soporifiques coûteux et sans lendemain..

Cependant, il est faux de dire qu'en Algérie on meurt de faim ! Il faut dire que le gaspillage est un sport national car l'énergie est gratuite Que la sécurité n'existe pas ouvrons les yeux et regardons le chaos qui nous entoure. Comment se fait il que l'Algérie fonctionne ? Il faut bien convenir que les millions de fonctionnaires portent à bout de bras le pays. Les centaines de milliers d'enseignantes et d'enseignants croient enseigner et restituent ce qu'ils ont appris, les dizaines de milliers de médecins restituent les savoirs qu'ils ont eu ? Est-ce la faute à l'enseignement supérieur sinistré ? Les hôpitaux sont des mouroirs ? Ils tiennent grâce à des budgets provenant directement de la rente qui s'amenuise.

En 1962 nous étions 8 millions d'habitants nous sommes 43 millions 57 ans après. La orée du Sud a vu sa population doubler dans le même temps et son PIB qui était dérisoire en1962 avoisiner les 1600 milliards de dollars celui de l'Algérie moins de 200 milliards de dollars Dans le classement mondial la Corée du Sud est 10e et nous 110e. En 1999 nous étions 30 millions d'habitants nous sommes toujours dépendant du pétrole à 98 % pour une population exigeante qui croit que tout lui est du sans effort. Grâce au pétrole et au gaz qui représentent 98% de nos recettes C'est une répartition de près de 800 milliards de dollars sans création de richesse. La recherche de la stabilité a stérilisé faute de mieux surtout avec ce qui se passe dehors a force de matraquage que nous avons un sauveur que nous devons reconduire sous peine de revivre les années de la décennie noire .La bombe à retardement de la démographie est un futur danger car on ne prend pas conscience qu'à ce rythme de progression et de gaspillage des ressources, il sera pratiquement impossible de planifier quoi que ce soit de cohérent.

L'Algérien et la compétition du neurone

Parmi les errements les plus criards celui de la disparition des mathématiques. Tout les ministres qui se sont succédés ne sont pas intéressés à cette discipline pourtant structurante Sait on qu'il y a à peine 2 % de candidats au bac math et math technique, les bacs lettres et sciences se partagent le reste. En Iran 25% des étudiants vont dans les disciplines technologiques ce chiffre est de 35 % en Allemagne ! Cette filière mathématique ainsi que celle mathématiques techniques sont condamnés à court terme. Le désastre ne s'arrête pas là les filières d'ingénieurs et de techniciens ont aussi disparu. C'est le plus sur moyen de condamner l'avenir d'un pays Nous avons atteint le fond : Plus d'esprit critique qui favorise la raison mais abrutissement dont on voit les preuves tout les jours. Le constat est que le curseur est totalement du côté d'un retour vers l'irrationalité dont nous pensions avoir eu raison Ce sont les politiques de l'éducation de la formation supérieure qui sont parvenues à leur limite du fait de la stérilisation de toute audace vue comme perturbatrice d'un consensus social mou

Le jeune algérien éjecté du système éducatif croit que tout est pourri, il croit ? à tort ou à raison- qu'il n'y a pas de règle si ce n'est celle du piston « Kach ma ta'raf ouahed ? « Est-ce que tu connais quelqu'un » sous entendu qui me permet de contourner de passer outre ou seulement de recouvrer mes droits moyennant une dîme ( Tchipa) Le jeune est tiraillé en tout sens, il essaie toutes les thérapies même mortifères comme la Harga, la tentation du maquis qui est l'étape ultime d'un travail au corps et à l'esprit. Il se shoote au ballon, ainsi qu'aux drogues pour certains, ces drogues qui se « démocratisent » même dans les lycées, Il n'aime pas la contrainte l'effort, il aime être dans le vent avec un ipad à l'oreille entrain de refaire le monde à longueur de journée, il fait passer en boucle le dernier clip

On l'aura compris Il n'est pas encouragé à la réflexion à la création intellectuelle Il n'y a jamais de place dans les journaux pour la science, la recherche, la prouesse des Algériens. Pas de compétition scientifique mis à part les évènements sans lendemain mis en exergue concernant la création de startup dont on sait comme pour l'Ansej des coups d'épée dans l'eau. De fait, l´Algérie est devenue un tube digestif immense, l´Algérien veut tout et tout de suite et par un mimétisme ravageur, il n´emprunte à l´Occident que ce qu´il ne produit pas, mais qu´il peut pour le moment encore acheter. Avoir 40 millions de portables ou rouler en 4x4 et consommer d´une façon débridée l´énergie n´est pas un signe de développement. Le pouvoir, confronté à cela , au lieu du parler vrai, tente de maintenir une stabilité apparente en calmant les classes supposées dangereuses par l'octroi sans aucune contrepartie de logements encourageant de ce fait une démographie débridée que le pouvoir refuse d'examiner par peur de se mettre à dos les gardiens du temple alors que les problèmes de fond attendent d'être abordés résolument.

Les dangers qui nous guettent

A Dieu ne plaise, si on ne fait rien pour asseoir définitivement un Etat Nation, nous allons être soudanisés, voire irakisés, ou pire, somalisés. Syrianisés yemenisés Nous ne sommes pas invulnérables ! Le moment est venu, le croyons-nous encore une fois, de réconcilier les Algériennes et les Algériens avec leur Histoire de telle façon à en faire un invariant qui ne sera pas récupéré d´une façon ou d´une autre. Le moment est venu aussi, une fois encore, de faire émerger à côté encore des légitimités historiques qui sont nos repères, les nouvelles légitimités du XXIe siècle. Chacun devra être jugé à l'aune de sa valeur ajoutée, non pas en tant que remueur de foule, voire comme professionnel de la politique.

Au-delà des libertés de la démocratie, de l'alternance à graver dans le marbre lors d'une nouvelle Constituante pour une deuxième République, il faut réconcilier l'Algérie avec son histoire et enseigner que 18 siècles avant l'avènement des conquérants arabes au Maghreb, il y avait un peuple, une identité, une civilisation. Revendiquons aussi nos racines amazighes sans en faire un fonds de commerce. Nous avons trop souffert du slogan «Nous sommes arabes, arabes, arabes» de Ben Bella. Une fois l'identité plurielle assumée, enseignée et traduite d'une façon apaisée dans les attributs de souveraineté, telle que la langue, les médias, il faut se mettre au travail et propulser l'Algérie dans ce XXIe siècle de tous les dangers. Nous n'avons pas assez pris conscience qu'il faut changer de paradigme le logiciel de la révolution de novembre a perdu de sa pertinence car cette dernière a été détournée de son cours. Le FLN Canal historique qui aurait du être celui de tous les Algériens et mis comme un marqueur identitaire est devenu un produit marchand qui permet à ses exploiteurs d'marger honteusement au râtelier de la république Dans l'Algérie de 2019 il y a encore des enfants de chahid qui sont grand pères mais qui émargent il y a des enfants de moudjahid grand père qui n'ont rien prouvé par eux même mais qui ont pris en otage l'avenir des jeunes.

Révolution, projet de société et place de la religion

Pour toutes ces raisons le jeune Algérien de 2019 plane sur un autre planète, il essaie de garder la tête hors de l'eau, il ne connait rien de l'histoire de son pays si ce n'est la démonétisation de la glorieuse Révolution de novembre galvaudée élimée et qui ne l'intéresse pas. Il a l'impression que tout est truquée balloté entre l'intégrisme défendu par des associations qui ont démonétisé l'Islam maghrébin vieux de 1400 ans au profit d'un salafisme qui veut nous projeter dans le passé avec un logiciel mortifère Djouze-Layadjouze dans un siècle où à titre d'exemple, on exploite Mars et où l'identité humaine est problématisée avec les dernières expériences chinoises qui nous promettent le bébé parfait en agissant sur le génome. Au lieu d'épouser le temps et garder les fondamentaux de notre religion débarrassée des scories..

Cet Islam qui a permis aux Algériennes et aux Algériens de ne pas se dissoudre dans le code de l'indigénat qui ordonnait d'abandonner la religion est consubstantielle de notre identité et nous avons vécu sans tutelle sachant bien que le corps social est profondément musulman et tolérant. Même l'Association des Oulémas dans les derniers vingt cinq ans de l'occupation coloniale n'a fait qu'accompagner cet Islam. Elle a même demandé au pouvoir colonial que la laïcité soit appliquée en Algérie comme en France. Nous lisons : « Le principe de l'application de la loi à l'Algérie et aux colonies a été adopté, sans discussion, à la Chambre des députés le 30 juin 1905. Mais, à la demande de César Trouin, député radical-socialiste d'Oran et défenseur des intérêts des colons, les parlementaires ont pris en compte un amendement qui soumettait cette application à un décret. (...) Au fond, le sénateur ne fait que reprendre le bon vieux principe énoncé par Gambetta, selon lequel »l'anticléricalisme n'est pas un produit d'exportation». En outre, il estime que les populations »indigènes» ne sont pas mûres pour bénéficier des bienfaits de la laïcité (...) Le plus étonnant dans cette histoire, c'est que l'Association des oulémas, fondée par le cheikh Ben Badis, n'a de cesse de réclamer, pendant toute cette période, l'application de la laïcité au nom des principes républicains » (1)

Ce qui se passe dans le monde

La quatrième Révolution industrielle est à nos portes .L'innovation est au cœur de la science les quatre entreprises qu'on appelle Gafa ( Google Amazone facebook Apple ) pèsent plus de 680 milliards de dollars ( quatre fois la richesse de l'Algérie) Il y a 50 ans, le 4 février 1969, le réseau Arpanet, du département de la défense des États-Unis était inauguré, et fournira la base de notre réseau internet. L'obsolescence rapide des connaissances fait que nous sommes dans un nouveau monde qui n'est plus celui de l'internet lui-même dépassé par la conjonction des NBIC ( nanotechnologie, biologie, Intelligence artificielle et communication) ce nouveau monde devrait être la préoccupation principale de ce qui ont en charge les destinées du pays pour la mise en place d'un Système éducatif en phase avec le mouvement du monde. Deux prouesses scientifiques exceptionnelles qui montrent que malgré le désordre entropique ambiant, il est des niches scientifiques où l'imagination humaine n'a pas de limites. Ces deux évènements exceptionnels sont dans le même temps sujets à questionnement. L'un interroge l'infiniment grand, c'est le cas de la sonde In Sight qui après un voyage de huit mois soit 480 millions de km à 20000km/heure a atterri en douceur à l'heure prévue : 20h 47 minutes en direct après avoir mis en place ses rétrofusées pour diminuer sa vitesse à 8km/h. La deuxième prouesse du génie de l'homme est la recherche dans l'infini petit à savoir l'identité génomique de l'humanité .Un autre chercheur chinois vient de modifier le génome d'embryons humains donnant naissance âpre une gestation normale à deux jumeaux normaux avec en principe une immunité contre le VIH. Une première mondiale qui provoque à la fois la fascination et l'effroi et qui vient bouleverser tous les cadres éthiques et scientifiques existants » (2)

La réalité de la rente : Dormez braves gens le gaz de schiste veille sur notre gabegie !

En vingt ans l'Algérie a engrangé plus de 800 milliards de dollars qui ont servi à maintenir le peuple en apnée lui assurant la paix sociale. Certes nous avons 1.5 millions d'étudiants 9 millions d'élèves dans le système éducatif, nous avons payé un prix fort pour la paix sociale et la concorde dans un monde en pleine convulsions Mais est il normal que la diplomatie algérienne se résume à vendre la stabilité de l'Algérie et la lutte contre le terrorisme en montant à l'infini let en boucle les bons points que nous recevons des pays étrangers. Mais qu'avons-nous produit ? Rien ! Tragiquement rien ! Il ne faut pas confondre le quantitatif, la répartition de la rente pétrolière faisant apparaitre des « prouesses » avec un réel développement scientifique et technologique. Sinon comment expliquer la fuite de nos jeunes avec ou sans visa ? Convaincus qu'ils n'ont pas d'avenir dans le pays .Il est inimaginable que près de 57 ans après l'indépendance l'avenir du pays soit lié à l'errance d'un baril de pétrole dont les tenants et les aboutissants du prix nous échappent Un scoop ! Les estimations des réserves nationales de gaz et de pétrole de schiste ont été revues à la hausse, Pour le gaz de schiste, l'Algérie est classée au 3e rang mondial. Et au 7e rang mondial s'agissant du pétrole de schiste Le signal est tragique : Le courage c'est d'avoir une vision qui ne repose pas sur le court terme. Dire aux Algériens que 80% des subventions vont aux classes aisées doit être martelé. Dans ce cadre il ne faut pas donner l'illusion que tout va bien que nous avons des richesses que nous sommes riches en gaz ou qu'il faut aller vers le gaz de schiste. Il est nécessaire de changer le fusil d'épaule le plus vite serait le mieux Nous devons indexer l'avenir des générations sur 2030 car 2030 c'est demain.

Les vrais défis du pays : Elevons le débat pour sauver l'Ecole

Nous avons la lourde tâche d'éduquer et de faire en sorte que le cerveau de nos jeunes doit leur permettre par une bonne éducation d'avoir les outils conceptuels qui leur permettent d'être convaincus qu'ils sont partie prenante de la conquête de l'avenir et partant de leurs destins. C'est l'une des conditions qui permettra à nos enfants d'être plus ouverts plus tolérants et fascinés par l'avenir. D'autres part, On observe que depuis dix ans les usages des outils numériques ont nettement progressé Comment faire de l'informatique sans moyens ? Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a proposé un prototype d'»ordinateur portable à 100 dollars» En Inde c'est encore mieux ! De l'école primaire à l'université, ils y auront tous droit. Et pour seulement 1 500 roupies, voire moins. Un ordinateur portable, dernière catégorie, sorti de l'imaginaire des plus grands génies indiens. Un ordinateur à 10 dollars ? C'est le futur scolaire de l'Inde. Destiné aux élèves indiens, il coûte pour l'instant 35 dollars. Qui nous empêche d'aller vers une deuxième Révolution de Novembre 4.0 en misant sur l'intelligence ? Dans tous les domaines notamment en lançant un plan informatique pour sauver l'école et nos enfants ? 200.000 laptop c'est 10 millions de $ soit 10% d'une journée de la rente actuelle !!!! L'éducation rationnelle devrait être notre graal c'est cela le nouveau djihad alors que le monde entame la quatrième révolution celle du Web 4.0 Le terrain de la réalité c'est celui de la science des mathématiques de la physique. De même l'un des thèmes majeurs que nous devons adopter dans nos programmes est le Développement humain durable S´agissant de la stratégie énergétique, il est important de tout mettre à plat et tracer un cap qui nous permette d´aller vers la sobriété énergétique et miser sur les énergies renouvelables en n´extrayant du pétrole et du gaz que ce qui est strictement nécessaire au développement. En définitive, il nous faut retrouver cette âme de pionnier que l'on avait à l'Indépendance en mobilisant, quand il y a un cap. Imaginons que le pays ancre la démocratie dans les faits, et permette aux jeunes de s'épanouir qu'il décide de mobiliser dans le cadre du Service national, véritable matrice du nationalisme et de l'identité, des jeunes capables de faire reverdir le Sahara, de s'attaquer aux changements climatiques, d'être les chevilles ouvrières à des degrés divers d'une stratégie énergétique qui tourne le dos au tout-hydrocarbures et qui s'engage à marche forcée dans les énergies renouvelables. Qu´on se le dise! Notre meilleure banque est notre sous-sol, c´est cela le développement durable.

Moi président de la République

Sans être exhaustif, je propose cette anaphore qui donne une idée des mesures nécessaires si l'on veut conquérir le cœur des Algériens et s'imposer autrement que par les méthodes que la morale réprouve.

On se prend à imaginer ce que pourrait faire le futur président devant l'immensité de la tâche je lui laisse la parole :

*Moi candidat à la présidence de la République je demande à ce que l'armée soit gardienne de la légalité de la transparence

*Moi, président, je mettrais tous mes efforts pour faire aboutir un projet de société consensuel en combattant le régionalisme, le népotisme et les déviations basées sur l'ethnie ou la religion.

*Moi président je rétablirais les libertés individuelles et je graverai dans le marbre l'indépendance de la justice. Il n'y aura pas d'Algériens au dessus des lois à commencer par le président de la république. Servir c'est rendre compte de ce qu'on fait, c'est démissionner si le devoir et l'éthique l'exigent.

*Moi président je ferais une chasse implacable à la corruption et ceci pour ramener la confiance dans les institutions

*Moi, président, je choisis de parler vrai et d'assumer une impopularité si j'ai la conviction que c'est la bonne voie pour mon pays, quitte à démissionner.

*Moi, président, je rendrais l'espoir à cette jeunesse en lui donnant une utopie, un cap qui est la construction d'un Etat fort où seul le mérite sera pris en considération

*Moi, président, je ferais du système éducatif et de la recherche le cœur de la stratégie pour une transition multidimensionnelle je mettrai tous mes efforts pour un système éducatif performant en créant des établissements d'excellences pour les enfants doués qui seront les piliers de la perpétuation de l'Etat

*Moi, président, je n'irais inaugurer que des réalisations de création de richesse, les derrières prouesses technologiques et pas de salles de classe ou d'amphis ou de logement

*Moi, président, je réhabiliterais le service national matrice du vivre-ensemble, j'irai encourager les bâtisseurs du développement national qui feront du Sahara une seconde Californie, qui construirons de nouvelles villes au Sud,

*Moi, président de la République, je donnerais un sens au développement durable

*Moi, président de la République, je protégerais les ressources fossiles en n'extrayant du sous-sol que ce qui est nécessaire, convaincu que notre meilleure banque est notre sous-sol. Le peu d'énergie qui reste, notamment le gaz de schiste ne sera exploitée que quand la technologie sera respectueuse de l'environnement Chaque calorie exportée doit être adossée à l'acquisition d'un savoir faire ; Je mettrai en œuvre la Révolution électrique ne vendant des calories thermiques (gaz) contre des kilowattheures renouvelables par la mise ne place enfin d'une stratégie d'ensemble pour le développement durable

*Moi, président de la République, je ferais la chasse au gaspillage sous toutes ses formes, je recommanderais aux imams de faire des prêches incitant les fidèles à l'économie, je mettrais en œuvre l'apprentissage de l'écocitoyenneté au lieu de l'égo-citoyenneté actuelle

*Moi président de la République je ferais du Sahara une « seconde Californie du point de vue de l'énergie, de l'agriculture de la science ..

« Moi président de la République je mettrais tout en œuvre pour m'accrocher à des locomotives scientifiques quel qu'en soit le prix en promettant l'envoi d'un astronaute algérien sur la lune en 2030

*Moi, président de la République, je réhabiliterais l'effort, le devoir bien fait en mobilisant les médias lourds pour mettre en valeur les efforts des méritants de la Nation dans tout les domaines

*Moi, président de la République, je réhabiliterais le sport national, la performance pour l'idéal national et non pour l'argent .je favoriserai le brassage creuset du vivre ensemble

Moi, président, j'exigerais de tous les responsables de déclarer sur l'honneur leur patrimoine.

Conclusion

L'immense majorité de la jeunesse est en attente d'un sauveur qui vibre à leur fréquence qui au lieu du «quararna», convainc et ne contraint pas. Un guide avec le logiciel du XXIe siècle indexé sur les fondamentaux de l'âme algérienne du point de vue culturelle et culture Un « père » qui vibre à leur fréquence qui convainc et ne contraint pas. Le bonheur transparaîtra en chacun de nous par la satisfaction d'avoir été unis utiles, et en contribuant par un travail bien fait, par l'intelligence et la sueur, à l'avènement de l'Algérie de nos rêves. Il ne tient qu'à notre volonté de faire de nos rêves une réalité. Nous le devons, nous le pouvons. Faisons-le. Nos élites politiques sont comptables devant l'histoire.

Cette élection devrait être celle de la rupture Dans plusieurs de mes écrits (3) (4) j'avais appelé à changer de paradigme et d'aller vers une refondation de l'Etat Nation. J'avais milité pour l'alternance La génération de la Révolution passe la main quoiqu'on dise. Pourquoi ne pas précipiter le mouvement et aller vers une vision nouvelle franche ? Vers de nouvelles légitimités celle du savoir du parler vrai de la réhabilitation du travail de la non corruption et d'un appareil judiciaire intègre irréprochable qui dit le droit indépendamment de toute pression. Il n'est pas interdit d'espérer que l'Algérie s'en sorte, nous avons besoin de ministres 4x4 qui soient de tout les combats d'un président stratège qui veille sur le pays en bon père de famille . Un président irréprochable sur tout les plans , un président commis voyageur qui doit montrer que l'Algérie est là qu'elle compte , qu'elle a son mot à dire qu'elle assume sa part de responsabilité à l'échelle du monde pas seulement sur le plan sécuritaire, encore que les technologies du futur sont celles de la science et de la technologie ; mais aussi sur le plan des valeurs. Peut être alors qu'avec le parler vrai, la convergence des Algériens sur un projet de société pour les Algériennes et les Algériens, on puisse permettre aux Algériens qui ont toujours l'Algérie de retrouver cette âme de pionniers que l'on avait à l'indépendance. Il ne tient qu'à nous de permettre aux jeunes justement d'aller vers le futur avec une mentalité de vainqueur et des racines cultuelles et culturelles gravées dans le marbre. Amen

Notes

1.Xavier Ternisien https://www.lemonde.fr/idees/article/2005/12/15/lecon-d-histoire-sur-la-laicite-et-l-islam-par-xavier-ternisien_721618_3232.html

2.https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Ethique/Modification-genome-lurgence-dune-regulation-internationale-2018-11-26-1200985648?

3. Chems Eddine Chitour : http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=307411

4. Chems Eddine Chitour https://www.mondialisation.ca/eloge-de-lalternance-pour-une-algerie-fascinee-par-lavenir/5371889

*Prof. Ecole Polytechnique Alger