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Ramadhan: Brusque surchauffe des prix

par Yazid Alilat

Les prix des principaux produits agricoles frais ont explosé à la veille du mois de ramadhan sur les marchés des fruits et légumes du pays indépendamment des régions. Dans les marchés du centre du pays, en particulier ceux de la Mitidja, le grand potager et verger de la capitale, les prix ont enregistré une hausse de 20 à 30 dinars entre les journées de dimanche à hier mardi pour certains produits fort demandés pendant le mois sacré.

C'est ainsi que la tomate fraîche, indispensable pour la traditionnelle chorba, est passée de 100 DA/kg en moyenne samedi et dimanche à 140 DA/kg lundi et 150 DA/kg hier mardi.

Même constat pour la courgette, qui est passée de 100 DA/kg dimanche à 150 DA/kg hier mardi, alors que le navet est vendu à 150 DA/kg. Beaucoup de chefs de ménage, qui ont tenté de faire des emplettes avant le rush traditionnel du 1er jour de ramadhan, se sont étonnés de cette soudaine flambée des prix des produits agricoles frais, de 10 DA à plus de 25 DA voire 30 dinars le kilogramme au détail en moins de 24 heures.

Cette soudaine hausse des prix ne semble pas avoir été anticipée par le ministère du Commerce, d'autant que le chef de ce département avait lui même effectué samedi une visite au marché de gros des Eucalyptus, au cœur de la Mitidja, où il a affirmé que «les fruits et légumes seront disponibles en quantités suffisantes et à des prix raisonnables durant le mois de ramadhan». «Les produits sont disponibles en quantités suffisantes et une hausse des prix sera injustifiée en ce mois sacré», avait-il ajouté en soulignant que «les producteurs se sont engagés à assurer la marchandise à des prix raisonnables et que les inspecteurs du ministère du Commerce veilleront au respect de cet engagement sur le terrain». En dépit de ces assurances, il est évident que la réalité du marché des fruits et légumes échappe complètement à tout contrôle et que ce sont bien les forces du marché qui définissent et imposent leur diktat sur les prix des aliments. D'autres produits agricoles frais connaissent par ailleurs des niveaux de prix astronomiques, toujours par rapport à cette affirmation du ministre du Commerce selon laquelle il y a disponibilité des produits agricoles sur le marché. Mais, à quel prix ? Les haricots blancs sont vendus à Blida à 450 DA/kg, les rouges entre 300 DA/kg et 400 DA/kg, alors que les haricots verts sont à 200 DA/kg en moyenne. Les produits de saison, comme les petits pois et les fèves sont cédés respectivement en moyenne entre 80 et 100 DA/kg et 50 à 65 DA/kg. Dans cette nouvelle folie des prix à la veille du mois sacré, il n'y a que la pomme de terre qui reste relativement à des niveaux acceptables, à 40 DA/kg en moyenne, même si des pointes à 45 DA/kg sont enregistrées sur certains marchés. La laitue et les différentes variétés de salades sont également à des marges très hautes, entre 50 DA/kg et 100 DA/kg, alors que l'aubergine et les artichauts restent dans une moyenne orientée à la hausse, à 60-70 DA/kg en moyenne pour les deux spéculations.

Les fruits de saison, qui entrent sur le marché restent rares, à l'instar des nèfles (50-100 DA/kg), ou les pêches et les abricots, avec des niveaux de prix à plus de 200 DA/kg. La pastèque a fait une rentrée très remarquée, avec des prix en constante baisse, soit actuellement à 80 DA/kg en moyenne. La nouveauté pour cette spéculation est que de plus en plus de ménages préfèrent acheter non pas ce fruit par pièce, mais par morceau, en fonction du poids, ce qui arrange autant les consommateurs que les commerçants.

Pour les viandes, la moyenne saisonnière reste de mise, et là il n'y a pas tellement de changement, les prix étant en moyenne de 1.400 à 1.600 DA/kg pour la viande ovine, de 1.200 à 1.400 DA/kg pour la viande bovine, et entre 240 à 320 DA/kg pour le poulet, alors que la dinde est à 700 DA/kg en moyenne. Le poisson, de son côté, reste haut, avec des moyennes de 400 à 600 DA/kg pour la sardine, et entre 900 DA/kg et 1.200 DA/kg pour le poisson d'élevage, dont la dorade et le loup.

Pour ne pas déroger à cette mauvaise habitude que tout le monde déplore en même temps, consommateurs, commerçants et gouvernement, les prix des produits alimentaires ont pris l'ascenseur avant le début de chaque mois de ramadhan, pour revenir ensuite, au bout de quelques jours, aux moyennes saisonnières. Au mois de mars dernier, selon les derniers chiffres de l'ONS, l'inflation en Algérie s'était établie en hausse à 4,6%, alors qu'au mois de mai 2017, elle s'était établie à 6,9%. Pour le mois de mars dernier, toujours selon l'ONS, la variation mensuelle des prix à la consommation, qui est l'indice brut des prix à la consommation en mars 2018 par rapport à février 2018, a été de 0,8%. Par catégorie de produits, les prix des biens alimentaires ont connu une hausse de 1,4% en mars 2018 comparativement à février 2018, dont les prix des produits agricoles frais qui ont enregistré une hausse de 2,9% provoquée par une hausse importante de +18,5% des prix des légumes et, à un degré moindre, ceux des viandes rouges (+0,4%) et du poisson (+1,9%).