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Trump et Macron en phase sur le maintien de la présence militaire en Syrie

par Kharroubi Habib

Sur le dossier syrien, Emmanuel Macron n'aura pas besoin d'insister auprès du président américain pour le faire renoncer à l'intention exprimée par lui le 4 mars dernier d'ordonner au plus vite le retrait de ce pays des soldats US qui y sont déployés. Donald Trump n'a pas en effet attendu que son homologue français le contracte pour le dissuader d'opérer un tel retrait et a fait quelques jours après son annonce du 4 mars un rétropédalage sur la question. L'inénarrable occupant de la Maison Blanche s'est contredit non pas sous l'influence de Macron qu'il a d'ailleurs fraîchement recadré pour avoir prétendu publiquement que c'est son intervention auprès de lui qui a conduit au revirement américain, mais sous les pressions de ses conseillers qui étant quasiment tous des «faucons» ont plaidé pour le maintien en Syrie de la présence militaire américaine. Sur la Syrie au moins Macron et Donald Trump cornaqué par ses conseillers «va-t-en-guerre» sont sur la même ligne qui est qu'ils sont déterminés à provoquer la chute du régime de Bachar El Assad.

Si Paris se défend de viser un tel but en plaidant pour le non retrait des contingents militaires occidentaux en Syrie et même pour leur renforcement et tente de faire valoir que la France a ce faisant pour seule préoccupation d'empêcher la résurgence militaire et territoriale de l'autoproclamé Etat islamique, Washington ne s'embrasse pas de cette hypocrite justification sur le pourquoi de la décision américaine du maintien en Syrie des soldats US. C'est paradoxalement l'ex et éphémère secrétaire d'Etat Rex Tillerson rangé pourtant dans le camp des «modérés» que compte l'administration de Donald Trump qui a franchement défendu ce maintien en soutenant qu'une présence militaire américaine en Syrie s'impose par la nécessité d'aboutir au départ du président Bachar El Assad. En Syrie comme avant en Irak et en Libye, l'intervention militaire occidentale est une opération dont l'objectif est de détruire l'Etat légal. Dans ce cas, la supercherie des coalisés pilotés par les Etats-Unis a consisté à revêtir leur intervention militaire de l'habit d'une opération rendue inévitable par la guerre qu'ils font à l'organisation terroriste autoproclamée l'Etat islamique. Bien quelle n'a trompé personne, ces coalisés s'y sont accrochés pour faire pare-feu aux critiques que leur vaut internationalement leur engagement militaire dans le pays, qui n'a aucune base juridique le justifiant car n'ayant été ni avalisé par les Nations unies ni sollicité par les autorités légales syriennes.

L'Etat islamique ayant été défait militairement en Syrie - ce que les coalisés ont eux-mêmes claironné avec des accents triomphalistes -, Donald Trump et Macron en phase désormais sur la question du maintien d'une présence militaire occidentale dans ce pays au-delà de ce résultat dévoilent cyniquement les intentions de leur Etat respectif. Il s'agit d'empêcher le régime syrien de reconquérir la totalité du territoire national et de mettre fin à la rébellion armée que les Etats-Unis et la France ont été les plus actifs à la susciter. Si retrait finalement ils en viendront à convenir ce n'est qu'après l'avoir monnayé diplomatiquement avec l'allié russe du régime qui, ne l'oublions pas, est la principale cible pour les deux pays. Au-delà de leur haine déclarée pour le «dictateur» Bachar El Assad, les Occidentaux ne digèrent surtout pas de voir la Russie être revenue en puissance qui compte dans leur pré carré éminemment stratégique qu'est la région du Moyen-Orient. Pour contrer son retour, ils sont prêts à prolonger indéfiniment le conflit syrien et le maintien de leur présence militaire en Syrie que va probablement acter la rencontre Trump-Macron en sera la preuve irrécusable.