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Les résidents prêts à manifester à Alger

par Moncef Wafi

  Le bras de fer entre le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) se dirige vers une impasse tant les deux parties semblent camper sur leurs positions.

Et ce ne sont pas les assurances de la tutelle, en modulant la durée du service civil, ni les promesses de mesures incitatives à l'endroit des médecins spécialistes, qui vont changer la donne puisque le communiqué du Camra, en date du 22 avril dernier, indique que «l'ensemble des résidents en sciences médicales ont décidé d'organiser une imposante manifestation pacifique nationale à Alger cette semaine». On attend de voir la réaction des pouvoirs publics alors que les manifestations publiques sont interdites dans la capitale.

Une action concertée, rappelle la source d'informations, en réponse à la stérilité des réunions qui ont regroupé ministre et représentants du Collectif «où aucune réponse concrète aux revendications soulevées n'a été apportée», peut-on encore lire sur le document en question. Ce dernier dénonce également les tentatives «de semer la discorde entre les rangs des dissidents» de la part de la tutelle à travers ces mêmes réunions en «visant à dénaturer nos propositions et d'épuiser le mouvement en l'étalant dans le temps».

Les résidents menacent de durcir leur action en soulevant l'éventualité de l'arrêt de toute activité hospitalière «gardes de nuit et de week-end» au cas où «aucune réponse concrète ne nous est toujours pas apportée». Si la poursuite de la grève, qui dure depuis le 14 novembre dernier, est actée, le mouvement risque, ainsi, de durcir car il existe «une très forte» probabilité de suspendre les gardes à partir du début mai prochain. «L'éventualité est en discussion et certaines facultés l'ont déjà entérinée et c'est aux responsables d'assumer leurs actes», avait déclaré au Quotidien d'Oran, Sofiane Bensebaa, un des délégués nationaux du Camra.

Rappelons que le ministre de la Santé avait derechef affirmé que le service civil restera obligatoire, précisant en contrepartie que son département veillera à ce qu'il se passe dans «les meilleures conditions».

Mokhtar Hasbellaoui a mis l'accent sur l'importance de maintenir le service civil pour «réduire l'écart en matière de prestations sanitaires, préventives et thérapeutiques dans les régions à faible couverture sanitaire», soulignant la volonté de l'Etat à mobiliser tous les moyens matériels, humains et techniques pour accomplir ce service dans des conditions favorables.

Des conditions rappelées, jeudi dernier, par son secrétaire général, Omar Beredjouane, qui a indiqué, entre autres mesures incitatives, la modulation du service civil qui «est désormais fixé à deux années au lieu de quatre ans», à l'exception d'Alger et Oran.

Le Camra a estimé que la problématique ne réside pas dans la révision de la durée du service civil sans réelle étude d'impact sur le terrain. «Ils ont proposé cette nouvelle mouture alors que le système de gestion a prouvé son inefficacité», dira Bensebaa avant d'affirmer que cette histoire de répartition équitable des médecins spécialistes sur toutes les régions du pays n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît.

Pour le Camra, ces mesures sont loin d'être incitatives puisque si elles sont assurées théoriquement, la réalité du terrain est loin de refléter les assurances officielles d'où la demande de l'établissement d'un contrat entre le médecin résident et la structure sanitaire d'accueil pour énumérer toutes les conditions posées ainsi que l'amélioration du décret relatif au service civil.