Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Transport: L'Etat au secours d'Air Algérie en attendant l'ENTMV

par Moncef Wafi

Les dettes d'Air Algérie seront rééchelonnées, décision prise le 28 mars dernier par le Conseil des Participations de l'Etat (CPE), a indiqué, hier, le directeur commercial du pavillon national, Zouhir Houaoui. Lors d'une intervention à l'Assemblée populaire nationale (APN), il a précisé que cette décision permettrait de réaliser l'équilibre financier de la compagnie et d'entamer la mise en oeuvre de son programme de développement à moyen terme. Un plan de charge qui repose sur le renouvellement de la flotte, le renforcement des capacités de la base de maintenance, l'entrée en service du centre principal de la nouvelle aérogare d'Alger, la numérisation des opérations administratives et des modes opérationnels ainsi que de la formation des travailleurs. Le CPE a ainsi approuvé le paiement de l'indemnité du service public pour couvrir les pertes enregistrées dans le réseau des dessertes intérieures et l'exemption des taxes douanières appliquées aux équipements utilisés notamment dans la maintenance des avions et autres équipements.

L'intervention de l'Etat vise à faire face au recul des recettes de la compagnie justifiée par une indemnité financière insuffisante dans le réseau interne, à la dépréciation de la monnaie nationale et à un déséquilibre dans les conventions aériennes avec les compagnies étrangères. Rappelons que la situation financière d'Air Algérie est devenue, ces derniers mois, un sujet d'ordre public après la sortie de son P-dg, Bakhouche Alleche, qui avait adressé le 19 novembre 2017 une lettre aux employés de la compagnie. Il avait clairement signifié, à ce propos, que la situation financière de la compagnie nationale est l'une des plus difficiles qu'elle traverse de son histoire en raison d'une gestion catastrophique. Situation des plus «délicates», «des résultats opérationnels négatifs», «des coûts en constante augmentation», «une concurrence, directe et indirecte», «un sureffectif dans les fonctions non productives» et «des sujétions de service public onéreuses et un lourd endettement» ont conduit, selon Alleche «à l'affaiblissement de la compétitivité et de la profitabilité globale de la compagnie». En soulignant que «sans investissements, la compagnie ne pourra soutenir longtemps la concurrence des mégas compagnies qui opèrent sur le marché national». Pourtant, quelque temps plus tard, le ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaalane, avait tenu à tempérer les propos du P-dg en écartant l'idée d'une quelconque faillite d'Air Algérie tout en reconnaissant ces difficultés financières. Zouhir Houaoui a également indiqué qu'il a été question d'examiner la possibilité de contracter un crédit auprès des institutions financières pour le financement du nouveau plan de la compagnie. Si la situation d'Air Algérie semble se décanter, celle de son pendant naval, l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) est plus mauvaise.

Son DG, Ahcène Guerairia, a plaidé pour un rééchelonnement de la dette de l'entreprise, l'un des principaux obstacles à la réalisation de son programme de développement. Un programme qui aspire à ouvrir de nouvelles lignes maritimes pour le développement du tourisme et à réaliser des arrangements sur le car-ferry Tariq Ibn Ziyad, dont l'acquisition remonte à 23 ans pour l'orienter ultérieurement vers la navigation côtière nationale pour le transport de marchandises par voie maritime. L'entreprise envisage aussi d'effectuer des croisières en Méditerranée après l'acquisition d'un car-ferry auprès d'un groupe chinois. Intervenant, lui aussi, à l'APN, il a affirmé que «l'ENTMV aspire à un rééchelonnement de sa dette ou la prolongation des délais de remboursement». En effet, la compagnie maritime avait déjà bénéficié d'un rééchelonnement de sa dette, estimée à près de 1,7 milliard de dinars, facture de l'acquisition de trois car-ferries entre 1995 et 2005 ; par le CPE, en 2012 sur huit ans. Le DG a estimé «qu'il est normal que toute entreprise de droit algérien activant dans ce domaine stratégique jouisse de l'appui financier de l'Etat pour renforcer sa situation».