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14 harraga débarqués dans un port espagnol

par Moncef Wafi

  Une embarcation transportant 14 harraga algériens et localisée en mer par la Garde civile espagnole, dans une zone frontalière entre Murcie et Almeria, a été remorquée par le navire Salvamar Algenid qui a été chargé de secourir les émigrés clandestins.

Ces derniers ont été débarqués en fin de journée de ce samedi au port de Cartagena alors que tous les passagers, des hommes, sont en bonne condition, sauf l'un d'entre eux qui a besoin de soins, selon des sources de la Croix-Rouge rapportées par la presse espagnole. Cette interception rappelle que le flux des clandestins algériens, même s'il n'est plus aussi important que ces deux dernières années, ne s'est pas pour autant tari.

Le ministre espagnol de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido avait avoué être débordé par cet afflux sans précédent de harraga, 962 personnes sont arrivées par la mer depuis le 16 novembre 2017 dernier dont 562 Algériens. La moitié de ces migrants ont été interceptés non loin des côtes de Murcie où ils ont été débarqués. Selon le quotidien espagnol d'information générale ABC, 600 Algériens ont débarqué à Almeria et Murcie entre le 26 octobre et le 3 novembre derniers. Pour faire face à la situation, Madrid a décidé d'«héberger» près de 500 de ces migrants, arrivés en Espagne après l'interception de leurs embarcations, dans le centre pénitentiaire d'Archidona. Les événements liés à la mort d'un ressortissant algérien dans la prison d'Archidona et la vague des expulsions sans précédent des harraga d'Espagne ont quelque peu refroidi les ardeurs.

A ce propos, la justice algérienne avait décidé d'ouvrir une enquête sur les circonstances de la mort de Mohammed Boudarbala, un migrant de 37 ans, originaire de Hadjadj, dans la wilaya de Mostaganem, retrouvé mort dans sa cellule de la prison d'Archidona. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait déclaré que «le parquet a ouvert une enquête afin d'élucider les circonstances de la mort suspecte d'un ressortissant algérien en Espagne, conformément à l'article 588 du code de procédure pénale de 2015». Il a indiqué par ailleurs que «les autorités espagnoles ont enquêté sur les circonstances mystérieuses» de ce décès. La victime avait été interceptée en novembre dernier au large des côtes sud de l'Espagne et placée en détention dans le centre pénitentiaire de Malaga parmi les 500 migrants clandestins.

Plus de 200 morts ont été enregistrés en mer en 2017 parmi les migrants clandestins qui ont essayé de rejoindre les côtes espagnoles dont certainement des Algériens. Selon l'ONG Commission espagnole d'aide au réfugié (CEAR), des Algériens et des Marocains sont venus grossir, en 2017, le flux migratoire à travers la Méditerranée vers l'Espagne. Du 1er janvier au 20 décembre derniers, 21.468 personnes ont atteint les eaux ou les côtes espagnoles après avoir payé des passeurs, soit trois fois plus que les 6.046 de l'an dernier. Et si le nombre total de morts en Méditerranée a baissé de 4.967 en 2016 à 3.116 cette année, celui de ceux qui ont péri en cherchant à gagner l'Espagne est monté à plus de 223, selon le dernier bilan de l'agence onusienne des migrations OMI. Ces dernières années, la majorité des migrants arrivés par la mer en Espagne étaient originaires d'Afrique subsaharienne, une tendance qui a changé, cette année, puisqu'une hausse du nombre d'Algériens et de Marocains prenant la mer a été enregistrée. «Cette année, il y a eu une augmentation significative des personnes originaires d'Algérie», avait expliqué Carlos Arce de l'Association pour les droits humains en Andalousie (APDHA).