|
![]() ![]() ![]() ![]() «Galère»
est l'un des mots les plus connus actuellement par les Algériens, «absolument
intraduisible et irremplaçable dans les esprits», déclarent même certains
d'entre ces derniers. Galère partout?, et pour rien, hélas! On dirait une hydre
à sept têtes qui ne pense qu'à dévorer sa proie.
Comprendre par là cet Algérien délaissé par ses
responsables, livré à lui-même dans tous les domaines de la vie, rongé par le
fatalisme et ne cessant d'être confronté à moult handicaps, une fois résolu à
s'engager sur le terrain pour changer quelque chose dans son quotidien. Galère
à l'école parce que beaucoup d'élèves des régions enclavées du « pays profond »
n'ont ni transport scolaire ni chauffage dans les salles de cours durant les
périodes hivernales, moins encore de cantines parfois. Galère dans les rues et
les cafés, parce que la routine est toujours là, imposante, fade et cruelle pour
des milliers de jeunes désœuvrés, frustrés et jetés dans les bras du désespoir.
Galère dans les couloirs des administrations publiques, parce que tout pue
l'anarchie, la ?hogra', l'incurie, le piston et sui
generis Galère aux marchés populaires parce que l'aiguille de «la mercuriale
des prix» ne penche jamais, paraît-il, vers le bas. Galère au sein des foyers
parce que, en chute constante, le pouvoir d'achat empêche la quiétude et
l'harmonie, au sein des couples, ainsi que dans les familles. Galère face à ces
chaînes de télévision qui déversent, tout au long des journées les mêmes
relents apocalyptiques, fatalistes ! Galère! Quel merdier! Ça ressemble, aussi, au calvaire de ces médecins
résidents qui se sont vu tabasser par les forces de l'ordre parce qu'ils ont
osé dire tout simplement « non » à ce que nos hôpitaux ne deviennent des
mouroirs, à ciel ouvert. La galère tient aussi de ces élèves et de ces lycéens
qui, n'apercevant rien de positif à l'horizon, désertent prématurément les
bancs des écoles et des universités. Bref, la galère, c'est une sauce-maison,
préparée à base de déceptions et de frustrations collectives. Elle est dans
l'errance et la perdition de nos jeunes, dans les incertitudes d'un présent qui
stagne et dans l'indécision de ceux qui tiennent les manettes de la grande
machine politico-administrative. Enfin, notre galère, à nous les Algériens,
garde par devers elle, tous nos défauts, toutes nos inquiétudes, tous nos
replis narcissiques, tous nos regrets, nos secrets, nos enthousiasmes abîmés,
etc.
|
|