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L'intersyndicale exprime sa colère: Alger quadrillée, sit-in empêché et des arrestations

par M. Aziza

Les services de sécurité n'ont laissé aucune chance aux membres de l'intersyndicale soutenus par des députés du Parti des Travailleurs, de tenir leur sit-in près de la station du métro «les fusillés» à Alger, ni partout ailleurs.

Tôt le matin, un imposant dispositif policier était déjà opérationnel quadrillant l'ensemble des points sensibles, la grande poste, la place du 1er Mai, le bureau de l'Unepf et l'ensemble des bouches de métro.

Des arrestations à la chaîne ciblant les cadres de l'intersyndicale, entre autres, le président du SNPSP, Lyes Merabet, le président du Snapest, Meziane Meriane, le porte-parole du CLA, Idir Achour, le SG du SNTE Abdelkrim Boudjenah, ainsi qu'une centaine d'enseignants, de médecins, syndicalistes et travailleurs arrivant des quatre coins du pays.

Dans l'impossibilité de tenir un rassemblement, les protestataires qui ont échappé à la police se sont tous dirigés vers le siège de l'UNPEF, encerclé par les forces de l'ordre, qui empêchaient la sortie des membres de l'intersyndicale à l'extérieur.

Sadek Dziri, président du bureau national de l'UNPEF, a expliqué lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'UNPEF, que la police a empêché, ce samedi, l'organisation du sit-in près de la station du métro « les fusillés » par tous les moyens. Et d'expliquer que des cadres de l'intersyndicale, les premiers présents à la place des fusillés, ont été arrêtés. Il a également précisé que les arrestations ont commencé dès l'aube, « des protestataires venant de la wilaya de Tlemcen ont été délogés de la Maison de jeunes de la commune de Douaouda, embraqués dans des fourgons de la police de la wilaya de Tipaza, puis transférés à la police de Blida pour qu'ils soient par la suite renvoyés dans leur wilaya », déplore Sadek Dziri en affirmant que des centaines de protestataires ont été arrêtés dans leurs voitures, dans les bus et d'autres à la gare routière. Un enseignant protestataire a pu tromper la vigilance des policiers en se faisant passer pour un maçon ; « j'ai dû ramener dans mon sac une truelle pour me rendre à Alger » déplore-t-il.

Pour exprimer leur désarroi, les membres de l'Intersyndicale répétaient en cœur, à l'intérieur de la salle de conférence « Rana Zaafanin ? », La fameuse expression du Youtubeur « Anes Tina » qui a défrayé la chronique.

Sadek Dziri a affirmé dans ce sens que si « Rani Zaafane » a dérangé les pouvoirs publics, « les enseignants, les médecins et les travailleurs algériens vous disent tous que Rana zaafanin ».

Les protestataires scandaient « rana zaafanin, parce que des cadres syndicaux ont été arrêtés par la police comme des criminels ». Et de poursuivre « rana zaafanin car des syndicalistes ont été licenciés, arrêtés, poursuivis en justice ». Et d'enchaîner « rana zaafanin parce que les droits des travailleurs acquis après une lutte acharnée sont aujourd'hui menacés ».

Imitant le youtubeur « Anes Tina », les syndicalistes regroupés au bureau de l'UNPEF à Alger s'interrogeaient à haute voix « Qui est en train de réprimer l'exercice syndical ? », « Qui est en train d'étouffer les voix des syndicalistes » et « Qui est en train d'entraver l'exercice syndical et la liberté d'expression ? » Pour dire : « c'est eux le gouvernement », en pointant du doigt le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.

Deux grands bus de l'ETUSA attendaient les protestataires juste en face la porte d'entrée du bureau de l'UNPEF avec une armada de policiers qui vérifiaient l'identité de toutes personnes voulant se rendre ou quitter le bureau. Les policiers voulaient, à priori, accompagner les protestataires jusqu'à leur demeure, pour éviter toute surprise.

Le SATEF, partie prenante de l'intersyndicale, a dénoncé, à travers un communiqué rendu public, la répression sauvage dont ont été victimes les manifestants qui sont venus exprimer pacifiquement leur mécontentement contre la loi sur la retraite, le code du travail et pour défendre le pouvoir d'achat. Le syndicat a dénoncé « la répression féroce et sauvage à l'encontre des militants et de tous les travailleurs ». Ils affirment que « des enseignants, des médecins et des Algériens de tous les secteurs ont été tabassés et embarqués pour des destinations inconnues ».

Les députés du Parti des Travailleurs, à leur tête Ramdane Taazibt, ont dénoncé les méthodes de répression utilisées contre des «médecins», «des enseignants» et des «travailleurs» en général. Pour Taazibt «je ne vois pas pourquoi on réprime des travailleurs qui veulent s'exprimer, tout simplement pour défendre le pouvoir d'achat des travailleurs». Et d'enchaîner «pourquoi procéder à l'arrestation des médecins et des enseignants qui protestent pacifiquement contre le nouveau code du travail et contre la réforme de la retraite ?».

Pour Taazibt « fermer les canaux du dialogue, empêcher des rassemblements et étouffer les voix des travailleurs sont des procédés anti-démocratiques qui ne sont ni en faveur du peuple, ni même en faveur du pouvoir ».