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Tebessa: Au chevet de la zone frontalière

par Ali Chabana

  Une délégation de l'Agence nationale de l'Aménagement et l'attractivité des territoires, conduite par sa directrice Skander Souad Farida, s'est déplacée, dernièrement, dans la wilaya de Tébessa et ce, pour exposer «l'étude d'aménagement et développement de la zone frontalière et Hauts Plateaux Est ».

Dans son allocution d'ouverture de la séance, la directrice de cet organisme, relevant du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire a indiqué que l'étude en question se fixe comme objectif la sortie avec un plan de développement, en définissant les projets et les priorités et les modalités de financement, une nouvelle approche culturelle et civilisationnelle, selon une gouvernance intelligente, pour la gestion de ce vaste territoire, que sont les espaces frontaliers. Un développement économique, social et humain, d'après une méthodologie d'approche, compartimentée en plusieurs phases.

Pourquoi les zones frontalières ? L'Algérie possède 6.300 km uniquement pour ses frontières terrestres. Cela s'inscrit aussi dans l'optique de l'évolution de la notion de frontière, de frontalier à transfrontalier. Le vaste territoire national s'ouvre sur 7 pays limitrophes, mais également sur les espaces euro-méditerranéen et subsaharien. La notion de globalisation a fait que les frontières conventionnelles héritées se trouvent éclatées. Aujourd'hui, les frontières évoluent selon des facteurs économiques, idéologiques et géostratégiques. L'orateur qui a présenté l'étude, réalisée par l'Agence nationale de l'aménagement et l'attractivité des territoires, notera que les territoires frontaliers sont au centre d'un plan d'action du gouvernement et que les espaces frontaliers bénéficieront, aussi, de l'effort accru de développement, notamment la création d'emplois, afin de réduire les effets de la contrebande. L'ouverture à l'International c'est l'un des objectifs assignés à l'étude monographique, pluridisciplinaire, avec entre autres, l'appui au développement économique, à la dotation en équipements et services et à l'aménagement des points de passage frontaliers, ainsi qu'au développement intégré des zones frontalières. Autrement dit, à moyen terme, faire de l'espace maghrébin une continuité territoriale pour le développement de projets communs et complémentaires, a noté l'intervenant Ali Benseddik, citant en exemple, la wilaya de Tébessa, avec ses 10 communes frontalières, du nord vers le sud, Ouenza, El Meridj, Ain Zerga, El Kouif, El Houijbet, Elma Labiod, Oum Ali, Saf Saf Ouesra, Bir El Ater et Negrine. Cette longue façade de frontière terrestre de près de 300 km, une superficie globale de près de 4.100 km², soit environ 28% de l'ensemble du territoire de la wilaya, avec une faible densité de moins de 3 habitants/km², offre de nombreuses opportunités et potentialités naturelles pour valoriser des créneaux porteurs, en matière d'exploitation minière, en unités industrielles, en potentiel touristique et axes de communication. L'intérêt porté aux zones frontalières entre dans le nouveau régime de croissance, choisi par les pouvoirs publics. L'étude propose l'identification des espaces, des ressources naturelles et humaines, avec la collaboration des collectivités locales, en dressant des fiches techniques, concernant le nombre d'activités, le coût et le financement des investissements potentiels. A ce sujet l'APC doit disposer de ce tableau de bord, un outil de marketing du territoire. Le débat a été ouvert à l'assistance, parmi laquelle les P/APC, des directeurs de l'exécutif de la wilaya et les différents services de sécurité. Le maire de la commune d'El Meridj a soulevé la question de la pauvreté de sa circonscription, ses ressources limitées en AEP, entre autres, et a souhaité avoir plus d'informations sur la coopération avec ses voisins tunisiens, avec en premier le partage des ressources hydriques. Selon lui, l'oued traversant sa commune va se déverser de l'autre côté des frontières. La problématique sera de savoir comment concrétiser toutes propositions et principes directeurs de la méthodologie avancée et l'adapter à des réalités souvent compliquées et complexes, d'une bande frontalière longtemps soumise à des aléas de la conjoncture bien enracinée, de pratiques d'échange aléatoires. Comment convaincre toute une population de la justesse de cette politique de développement et envisager son adhésion.