Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Lutte antiterroriste: L'Algérie satisfaite du rapport du Département d'Etat

par R. N.

  «L'Algérie prend note avec satisfaction» du rapport du Département d'Etat des Etats-Unis d'Amérique sur l'évolution de la lutte antiterroriste, en Algérie, publié jeudi, à Washington, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «L'Algérie a poursuivi une campagne offensive pour éliminer toute activité terroriste, au niveau de ses frontières et a soutenu les efforts de police pour déjouer l'activité terroriste, dans les centres urbains», souligne le département d'Etat, dans son rapport 2016, sur le terrorisme dans le monde, publié, mercredi, à Washington. Le rapport souligne que les efforts consentis et les actions menées, dans ce cadre font, régulièrement, l'objet d'une communication publique de la part du ministère de la Défense nationale, tenant, de cette manière, la population informée.

Le Département d'Etat constate, aussi, l'absence de kidnappings contre rançon, durant l'année 2016, ainsi que «l'attachement de l'Etat algérien à la politique de non concessions aux preneurs d'otages», tout autant que la mise en conformité de la Législation nationale avec les normes internationales instituées par les résolutions 2.178 et 2.199 du Conseil de Sécurité sur les combattants terroristes étrangers et sur les sanctions contre Daech. Le rapport présenté par le coordonnateur pour la lutte antiterroriste au Département d'Etat, Justin Siberrel, relève que le gouvernement a continué à restreindre les capacités des groupes terroristes, activant près des frontières, en les empêchant d'opérer à l'instar de ?Jund al-Khilafah', qui avait prêté allégeance à Daech. Concernant ce mouvement terroriste, le Département d'Etat relève que tout en n'étant pas membre de la Coalition anti-ISIS, l'Algérie a tenu à s'associer à la lutte contre cette organisation criminelle. La coopération sécuritaire, entre l'Algérie et la Tunisie, au niveau des frontières, a permis de déjouer plusieurs attaques terroristes, rappelle, à ce propos, le Département de Rex Tillerson. Au plan de la coopération régionale et internationale en matière de lutte contre le terrorisme, le Département d'Etat juge que l'Algérie est un «membre actif» d'un ensemble d'organisations régionales et internationales, parmi lesquelles sont mentionnées l'Union africaine, l'Organisation de la Coopération islamique, la Ligue des Etats arabes, l'Organisation des Nations unies et ses différentes institutions chargées de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational ainsi que le CEMOC, AFRIPOL, et le Forum global de lutte contre le terrorisme dont elle copréside, avec le Canada, le Groupe de travail sur le Sahel.

L'instabilité en Libye, une menace pour la sécurité

Enfin, le Département d'Etat a souligné le «puissant engagement» de l'Algérie en faveur de la paix et la sécurité dans la région, notamment dans les conflits de Libye et du Mali et dans le renforcement de la coopération sécuritaire aux zones frontalières avec la Tunisie voisine. Cependant, le département d'Etat considère que «l'instabilité politique et sécuritaire dans la région» représente une menace à la sécurité des frontières. «L'instabilité persistante en Libye, les groupes terroristes opérant en Tunisie, la mise en œuvre fragile de l'Accord de paix, au Mali, ainsi que le trafic de personnes et de drogue, constituent des menaces extérieures significatives» pour l'Algérie, selon le document. La sécurisation des frontières demeure, pour l'Algérie, «une priorité absolue pour se prémunir de l'infiltration de terroristes, venant de pays voisins», précise le rapport qui met en exergue les mesures et les dispositifs de surveillance, mis en place, pour renforcer le contrôle et la sécurité, aux zones frontalières. Dans ce cadre, le gouvernement a, également, établi une base de données sur les combattants terroristes étrangers, régulièrement actualisée, et partagée avec l'ensemble des postes frontaliers et les représentations diplomatiques de l'Algérie, à l'étranger.

Assécher les financements

Sur le plan financier, le rapport loue les efforts déployés par l'Algérie, en matière de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux, et cite, en cela, le constat établi par le Groupe d'action financière (GAFI) qui a décidé, en 2016, de ne plus soumettre l'Algérie au processus de suivi de conformité, dans ce domaine. Les institutions financières sont tenues de signaler, à la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) les transactions financières suspectes, dont les fonds sont soupçonnés d'être destinés au financement du terrorisme.

Manque d'informations dans l'évaluation américaine

Par ailleurs, au titre des observations, portant sur certains domaines précis, qui ont été relevés dans le rapport du Département d'Etat, le ministère des Affaires étrangères note qu' «il convient de signaler un manque d'informations dans leur évaluation». A titre d'exemple, précise le ministère «la référence à une utilisation abusive de la détention provisoire repose sur des sources non confirmées et ne tient pas dûment compte de l'affirmation du gouvernement algérien selon laquelle la réforme du Code pénal, introduite en 2015, avait contribué à la réduction du recours à cette mesure». Il en est de même de la lutte contre le financement du terrorisme. Le rapport signale que «les arrêtés de gel et de saisie des avoirs des personnes faisant l'objet de sanctions de la part du Conseil de Sécurité n'étaient pas suivis de mise en application, alors que dans les faits, les dix-huit personnes concernées par ces mesures ne disposent pas, en Algérie, de comptes bancaires pouvant être, effectivement, gelés ou saisis». Il en est de même de l'appréciation sur «le secteur bancaire algérien, jugé sous-développé et étroitement contrôlé par l'Etat, situation qui favoriserait, selon le rapport, l'économie informelle et la circulation incontrôlée de larges sommes d'argent, approche réductrice des importants progrès faits par le pays, tant en matière de modernisation et de diversification du secteur bancaire, que dans la lutte contre l'économie informelle», souligne le ministère des Affaires étrangères.