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Boumerdès: Faire barrage au tabac

par O. M.

  «Le tabac tue, libérez-vous de son emprise», c'est le thème choisi par la Caisse nationale des assurances sociales, pour sa campagne de lutte contre le tabagisme au profit des assurés sociaux et leurs ayants droit.

Pour le docteur Makhlouf Dridi, le directeur de l'agence de Boumerdès, «l'objectif de cette campagne est de réveiller la conscience des usagers sur ce fléau qui est l'excès de la consommation du tabac, à travers la diffusion d'affiches et de dépliants, en plus d'un travail de proximité de sensibilisation dans les centres payeurs de la CNAS et lieux publics mettant même à profit la mosquée durant ce mois sacré». Durant sa rencontre avec la presse avant-hier, le Dr Dridi, en connaisseur, s'est longuement étalé sur les risques et les complications du tabac «Ce sont des troubles cardiaques chez le sujet sain, et l'accroissement des risques d'infarctus du myocarde et des troubles du rythme cardiaque», précisant qu'à long terme, le fumeur développera de l'artériosclérose avec majoration du risque de thrombose vasculaire, par ailleurs des affections telles que les otites pharyngites, laryngites sont fréquemment retrouvées en particulier chez les enfants dont les parents fument. Les résultats d'une enquête nationale portant consommation du tabac chez les assurés sociaux présentés par Mlle Nedjari, la chargée de communication de la CNAS, révèlent que sur l'ensemble de la population sondée durant trois jours, touchant 3.600 sujets à travers plus de 900 structures de la CNAS, la prévalence du tabagisme actuel est de 27,66%, avec une prédominance masculine avec 25,8%. Et la fourchette 26-45 ans représente 52,5 % des consommateurs quotidiens. On notera que la consommation du tabac à fumer varie selon l'âge, ainsi les 26-35 ans constituent le plus consommateur, 27,6%, et une tendance à la baisse après l'âge de 35 ans. La répartition par catégorie d'assurés fait ressortir que le niveau de tabagisme est de loin le plus élevé chez les actifs avec 53,7%, et tombe à 15,8 chez les retraités. La consommation fait aussi des dégâts chez les16-25 ans, donc scolarisés pour la plupart avec 7,1%. Le rôle de l'école reste très important, les élèves des différents paliers, du primaire au secondaire, avouent fumer lors des récréations. C'est là un problème majeur dont les conséquences à venir peuvent influer lourdement sur la santé de société et sur l'équilibre des différentes caisses des assurances, entre autres celles de la CNAS. Certains reconnaissent que la prévention et la rigueur du règlement actuel dans les établissements scolaires laisse profondément à désirer n'incluant pas une sévérité dans l'application, d'où une réorientation dans les campagnes d'information.

Aujourd'hui, la position des pouvoirs publics dans la lutte contre le tabagisme est ambiguë. Se trouvant devant un véritable dilemme du fait que l'Etat applique sa politique de lutte contre la consommation excessive en diminuant les ventes de tabac pour une raison sanitaire, mais la chute de la consommation entraînera une baisse importante des recettes fiscales publiques. Il faut savoir que le marché national du tabac verse annuellement au Trésor public des dizaines de milliards de dinars au titre de recettes fiscales. Aussi bizarre que cela puisse paraître, l'industrie du tabac en Algérie représente le deuxième pourvoyeur de fiscalité après Sonatrach. Il s'agit finalement d'une position bien inconfortable. Des évaluations récentes estiment la taille du marché algérien à près de 1,8 milliard de paquets de cigarettes et 800 millions de boîtes et sachets de tabac à priser-mâcher. La possibilité de sévir ce phénomène réside donc dans les mains de l'Etat. L'Algérie aurait quelques décennies de retard sur la législation du tabac et pour cause les gens peuvent fumer dans les hôpitaux et autres lieux publics et ne sont victimes d'aucune pression judiciaire, d'autant plus que le tabac fait de plus en plus de victimes et de dégâts. Enfin relevons que le prix d'un paquet de cigarettes d'une marque mondialement connue coûte à Alger 2,06 euros, à Blida 1,85 euros, la ville la moins chère du Maghreb, au Maroc 3,02 euros et enfin 2,19 euros en Tunisie.