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Sommet de l'otan: L'empreinte de Donald Trump

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

  Le président américain Donald Trump a dicté la feuille de route aux Européens affiliés à l'Otan et exigé plus de participation financière. Au plan protocolaire, Bruxelles a fait «le mort» durant les deux jours de cette visite si étrange et particulière.

Bruxelles en état de siège durant deux jours (mercredi et jeudi), en raison de la présence du président américain Donald Trump qui assistait à un Sommet de l'Otan et visitait les sièges des institutions de l'Union européenne (UE). C'est que M. Trump fait dans l'originalité tant dans les apparences, telle celle d'une méga star du cinéma que dans l'exercice purement politique, en bousculant les habitudes diplomatiques consensuelles y compris au sein de l'appareil de défense occidental qu'est l'Otan. Les Européens ont été appelés à mettre la main à la poche et payer plus cher leur défense militaire assurée par l'Otan, a expliqué le président américain. En cela, Trump respecte son engagement électoral en proposant d'ailleurs de porter au moins à 2% la part des budgets de défense des Européens. Quant à l'implication de l'Otan dans la coalition anti Daech en Syrie et en Irak, l'Amérique précise qu'elle sera d'ordre logistique et de soutien et non pas d'une implication directe sur le front des combats. Au-delà de ces tractations financières et militaires, le président américain rappelle ouvertement qui est le patron de l'Otan, c'est-à-dire les USA. Fournissant plus de 80% des moyens militaires, notamment l'aviation de combat et la marine de guerre, les Américains détiennent la totalité des commandements militaires régionaux et centres opérationnels de l'Organisation transatlantique à travers le monde. L'exemple du «parapluie» qu'est le bouclier antimissiles américain installé récemment en Pologne et Tchéquie illustre bien la paternité des USA pour la sécurité de l'Europe.

Cela explique aussi pourquoi les 27 autres membres de l'Otan (bientôt 28 avec l'arrivée du Monténégro dans l'Alliance) n'ont opposé aucune réserve à la proposition (ordre) de Washington. A vouloir se dégager du multilatéralisme en matière de politique internationale prôné par son prédécesseur Barack Obama, Trump donne la feuille de route aux Occidentaux en matière de défense et impose davantage l'empreinte américaine à l'Otan. Les Européens ont pourtant tenté d'impressionner, sinon de montrer la force de leur unité politique en accueillant le président américain aux sièges des institutions de l'UE: Parlement, Commission et Conseil européens en une seule journée, en plus de son invitation par le souverain belge et son gouvernement. Journée marathon pour l'Américain qui au bout a déclaré en substance: «Vous avez beaucoup de centres de décision différents», autre façon de reprendre la célèbre réplique de Gorges W Bush, l'autre président américain, qui avait lancé: «l'Union européenne, c'est quel numéro de téléphone ?». C'était à la veille de la deuxième guerre américaine contre l'Irak de 2003. Cette prétention américaine sur l'Europe (et le reste du monde) a été illustrée par le protocole de la visite de Trump à Bruxelles: ville morte durant les deux jours de la visite de Trump. Cinquante voitures officielles américaines accompagnaient le président Trump; mille agents de sécurité (en plus des 3.000 agents belges), un avion gros porteur et des avions de chasse suivant «Force One», l'avion présidentiel, etc. Les Bruxellois ont été appelés à rester chez eux hormis les urgences et à «éviter leur ville».

Inhabituel pour ne pas dire «choquant» pour une ville habituée à accueillir régulièrement ce genre de rencontres internationales.

Les visites du va-t-en-guerre George W Bush et celle plus cordiale d'Obama n'ont pas mis Bruxelles dans un tel état. Un point «positif» lors de cette visite: les manifestations citoyennes anti-Trump à Bruxelles-ville et aux abords du nouveau siège de l'Otan qui ont rassemblé des milliers de manifestants sans aucun dérapage ou débordement. Bruxelles et la Belgique ont assuré l'essentiel de cette visite particulière, en scénarisant à l'américaine le protocole - spectacle avec sa vedette du jour.

Le spectacle s'est terminé jeudi soir et les Bruxellois ont poussé un grand ouf après deux journées angoissantes. Trump était en route vendredi pour le Sommet du G7 qui se tient en Italie, dans la petite ville de Taormine, en Sicile.