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Hormis la médecine: L'enseignement supérieur ouvert au privé

par Yazid Alilat

  Les universités et établissements de formation supérieure privés feront très bientôt partie de l'environnement de l'enseignement supérieur en Algérie.

Après les écoles privées de formation classique (primaire, moyen et secondaire), l'Algérie se tourne dorénavant vers l'enseignement supérieur privé. Mais, l'élargissement de l'enseignement supérieur au privé n'est pas pour autant une privatisation de l'enseignement supérieur. Dans un communiqué diffusé jeudi 22 mars, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonce que «toutes les personnes physiques de droit privé désirant créer des établissements privés de formation supérieure qu'elles peuvent se rapprocher de ses services pour retirer le cahier des charges ». Le communiqué du ministère explique que cette mesure intervient en «application des dispositions de la loi d'orientation sur l'enseignement supérieur ». Quant aux personnes de droit privé ayant déjà déposé une demande de création d'un établissement d'enseignement supérieur privé, le ministère explique qu'elles sont «invitées à se conformer aux dispositions de l'arrêté du 30 octobre 2016 (JO n 67 du 13 novembre 2016)». Cet arrêté ministériel définit en fait les conditions et règles générales de création et de fonctionnement d`un établissement privé assurant exclusivement des formations supérieures dans tous les domaines à l`exclusion des sciences médicales. Cet arrêté stipule notamment que «l`établissement privé assure, exclusivement, des formations supérieures de premier cycle (licence) et/ou de second cycle (master) dans tous les domaines de formation à l`exclusion des sciences médicales». En outre, les programmes pédagogiques des offres de formation élaborés selon le canevas du ministère de l`Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique «doivent être en conformité avec l`objet et les missions de l'établissement privé», précise l'arrêté qui relève que «leurs contenus doivent veiller à l`application et au respect, notamment, des valeurs nationales et des symboles de l`Etat tels que définis par la Constitution». Les contenus pédagogiques de ces établissements ne doivent également «en aucun cas, porter atteinte à l`unité, à la sécurité et à la défense nationale». L'article 44 de cet arrêté ministériel explique d'autre part que le contrôle administratif et pédagogique de ces établissements privés de formation supérieure est «soumis au ministre chargé de l`enseignement supérieur». Le contrôle peut-être «effectué avant, pendant ou après un cycle de formation donnée par une instance qui sera désignée par le ministre chargé de l'Enseignement supérieur».

Par ailleurs, l'article 5 de cet arrêté ministériel stipule que «la délivrance de l'autorisation de création d'un établissement privé de formation supérieure ne concerne que l'établissement privé de formation supérieure d'origine. Ses annexes et/ou filiales sont également tenues d'obtenir une autorisation de création dans les mêmes formes et les mêmes conditions». Quant à l'article 6, il explique que «l'autorisation de création d'un établissement privé de formation supérieure précise le ou les domaine(s) de formation, la ou les filière(s), la ou les spécialité(s) et le ou les diplôme(s) pour lesquels elle a été délivrée. Le ministre chargé de l'enseignement supérieur publie, au début de chaque rentrée universitaire, la liste des établissements privés autorisés pour assurer une formation supérieure et la liste des spécialités enseignées». Les modalités d'inscription (Art.31) dans un établissement privé de formation supérieure sont les mêmes que celles exigées par les universités algériennes, avoir le baccalauréat. L'avènement des établissements privés d'enseignement supérieur était en fait attendu depuis quelques années par les professionnels. «Le secteur privé dans l'enseignement supérieur existe dans tous les pays du monde, y compris en Corée du Nord, en l'occurrence l'université libre de Pyongyang», avait dans des déclarations à la presse souligné le Dr Abdelhak Lamiri, directeur de l'Institut international supérieur de management (INSIM). «Pas loin de nous, au Niger, en Mauritanie et en Tunisie et au Maroc, aussi les universités privées existent», ajoute le Dr Lamiri, qui a été en 2014 délégué par les directeurs des écoles privées de l'enseignement supérieur en Algérie pour être leur interlocuteur avec les pouvoirs publics. Selon le Dr Lamiri, le taux moyen de l'enseignement privé au niveau mondial est de 35%, et il estime que dans les dix prochaines années, ce taux sera porté à 50%, et «dans des pays comme la Corée du Sud, le taux moyen est de 75%».